CHOUANNERIE
CHOUANNERIE
L’opposition armée des milieux ruraux de l’Ouest, du Centre et d’une partie du Midi aux régimes issus de la Révolution (Convention et Directoire, Consulat et Empire, monarchie de Juillet) tire probablement son nom du sobriquet de Jean Cottereau dit Jean Chouan (mort en 1794), ancien faux saunier connu pour son aptitude à l’imitation du cri de la chouette ou chat-huant.
Les membres de l’Association bretonne créée par La Rouerie seront contenus par Canclaux jusqu’à l’écrasement des Vendéo-Angevins à Savenay. Les Mainiaux et les Bretons (dont certains se sont soumis à la Prévalaye le 20 août 1795) ne tiennent qu’une faible partie des campagnes, et les insurgés du Vivarais et du Rouergue ont été vaincus par la Convention lorsque le débarquement anglo-émigré de Quiberon rallume la chouannerie. Le Maine augmente son effort, cependant que la Bretagne, à l’exception du Finistère, offre ses structures d’accueil aux rescapés de Quiberon et aux volontaires rentrés d’émigration ou venus de différents coins de France. Hoche, par une politique d’intimidation et d’apaisement religieux, impose la soumission à l’été de 1796 sans mettre fin aux interchouannages (opérations limitées sans portée stratégique). Après le 18 fructidor, ceux-ci font place à la chouannerie des officiers. L’absence de coordination (la Bretagne est muette pendant les opérations en pays de Loire et doit suspendre son action quand la Normandie intervient) laisse place à une organisation d’ensemble esquissée par Puisaye et réalisée par Rochecotte (mort en 1797). En août 1799, les combats prématurés dans le Languedoc (échec de Rougé et Paulo devant Toulouse, évacuation de Muret) compromettent la «guerre des chefs-lieux» menée en relation avec les Vendéo-Angevins. Si Châtillon prend Nantes, Bourmont Le Mans, Mercier Saint-Brieuc, de Sol La Roche-Bernard, si les Normands de Frotté touchent les faubourgs de Versailles, les villes doivent être évacuées rapidement et les victoires extérieures de Brune et de Masséna sur la deuxième coalition amènent le sud de la Loire à se soumettre. L’assassinat de Frotté (18 févr. 1800) décapite la Normandie, l’incarcération de Bourmont annule les efforts du Maine et du pays chartrain. Après la disparition de Mercier et la signature de la paix entre la République et l’Angleterre, Cadoudal met fin à la chouannerie à volonté (actions permanentes souvent laissées à l’initiative des chefs de régions) avant de succomber à son tour dans la préparation d’un coup d’État parisien (25 juin 1804). Un instant, de Bar tentera de «rechouanner», mais son action, comme celles de d’Aché et d’Armand de Chateaubriand, s’apparentera davantage aux services secrets qu’à l’affrontement militaire. À l’exception du général de Piré et de l’adjudant-général de Scepeaux, aucun chef notable ne servira l’Empire. Les chouans, distancés en 1814 par les Bordelais du comte Lynch, parviendront en 1815, sous de Sol, à contenir mieux que les Vendéo-Angevins les troupes bonapartistes. Forts des exploits des marins de Joseph de Cadoudal et des écoliers de Vannes à la bataille d’Auray, les royaux permettront d’épargner partiellement l’occupation étrangère aux départements chouannés. Des chefs survivants, seul Bourmont s’élèvera jusqu’à une destinée nationale; maréchal de France après sa victoire d’Alger, il tentera vainement de réunir toutes les provinces de l’Ouest dans la lutte en faveur d’Henri V, duc de Bordeaux.
Dans la suite, l’esprit chouan ne se manifestera plus qu’à travers l’opposition électorale et les combats ultramontains des zouaves pontificaux. Profondément religieuse (sauf en Normandie où le loyalisme dynastique primait la piété), la chouannerie dont un paysan, Jean Chouan, un hobereau, Georges Cadoudal, et deux gentilshommes, Bourmont et Frotté, demeurent les figures de proue, présente, par son opiniâtreté, sa diversité, ses rivalités internes, un des exemples les plus remarquables de l’individualisme français.
chouannerie [ ʃwanri ] n. f.
• 1794; de chouan
♦ Hist. Insurrection des chouans.
● chouannerie nom féminin Insurrection des chouans.
chouannerie [ʃwanʀi] n. f.
ÉTYM. 1794; de chouan.
❖
♦ Histoire.
1 Insurrection des chouans.
2 Ensemble des chouans; leur mouvement.
Encyclopédie Universelle. 2012.