fétichisme [ fetiʃism ] n. m.
• 1756; de fétiche
1 ♦ Culte des fétiches; religion (animisme) qui comporte ce culte. « Le fétichisme, c'est-à-dire l'adoration d'un objet matériel, auquel on attribuait des pouvoirs surnaturels » (Renan). — En Afrique, Religion traditionnelle (animiste) dont les prêtres sont les féticheurs. ⇒ animisme.
2 ♦ (1845) Admiration exagérée et sans réserve d'une personne ou d'une chose. ⇒ vénération. « Il avait — jusqu'au fétichisme — le culte de l'énergie et de la volonté » (Martin du Gard).
3 ♦ (1901) Méd. Perversion sexuelle dans laquelle la satisfaction sexuelle est recherchée par le contact ou la vue de certains objets normalement dénués de signification érotique. Fétichisme du pied, de la chaussure.
● fétichisme nom masculin (de fétiche) Ensemble des pratiques qui placent le fétiche au centre des croyances et des pratiques religieuses. Respect scrupuleux, admiration sans réserve pour quelque chose, quelqu'un : Il pousse jusqu'au fétichisme le culte du règlement. Déviation des pulsions sexuelles d'un sujet sur un objet érotique de substitution qui peut être aussi bien une partie déterminée du corps (cheveux, seins, fesses) qu'un objet (vêtement, chaussure). ● fétichisme (expressions) nom masculin (de fétiche) Fétichisme de la marchandise, selon les marxistes, illusion qui fait apparaître la valeur d'échange des marchandises comme le résultat de leur rapport entre elles, alors qu'elle résulte d'un rapport des hommes entre eux.
fétichisme
n. m.
d1./d ETHNOL Culte des fétiches.
d2./d Attachement, admiration excessifs à l'égard de qqch ou de qqn. Avoir le fétichisme des titres universitaires.
d3./d PSYCHOPATHOL Perversion sexuelle qui confère à un objet particulier (vêtement, etc.), ou à une partie du corps du partenaire, l'exclusivité du pouvoir érotique.
⇒FÉTICHISME, subst. masc.
A.— Système religieux consistant à faire de divers objets naturels ou façonnés les signes efficaces de puissances supra-humaines et à les utiliser dans des pratiques de magie. Le fétichisme est aujourd'hui à peu près la seule Religion des peuples idolâtres de l'Afrique (LAMENNAIS, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 339). Le passage décisif du fétichisme au polythéisme (COMTE, Esprit posit., 1844, p. 171).
PARAD. Animisme, totémisme, magie et fétichisme.
B.— P. anal. Attachement ou respect exagéré pour quelqu'un ou quelque chose. (Quasi-)synon. culte. Elle a le fétichisme de l'autorité et l'horreur de toutes les indépendances (AMIEL, Journal, 1866, p. 478). Modère un peu (...) le fétichisme pour Thiers (HUGO, Corresp., 1872, p. 320). Quant à Tschaïkowsky, on ne tente même pas d'expliquer le fétichisme dont il continue à être l'objet après sa mort (BRUNEAU, Mus. Russie, 1903, p. 27) :
• Le poète a le fétichisme des mots et des sons. Il prête des vertus merveilleuses à certaines combinaisons de syllabes et tend (...) à croire à l'efficacité des formules consacrées.
FRANCE, Jard. Épicure, 1895, p. 71.
— En partic.
1. PSYCHANAL. Perversion sexuelle, généralement masculine, dans laquelle l'apparition et la satisfaction des désirs sexuels sont conditionnées par la vue ou le contact d'un objet ou d'une partie du corps. Les rapports du fétichisme avec les autres perversions (en particulier le sadomasochisme) sont fréquents. Ses rapports avec les névroses apparaissent aussi, comme le montre la description de certains objets contra-phobiques (H. EY, P. BERNARD, Ch. BRISSET, Manuel de psych., Paris, Masson et Cie, 1974, p. 386).
2. PHILOS. MARXISTE. Fétichisme de la marchandise. Processus de réification réduisant les rapports sociaux à des relations d'échanges entre des marchandises, dans le mode de production marchande. Laforgue rêvait d'une espèce de généralisation des analyses de Marx sur le fétichisme de la marchandise, d'une caractéristique universelle de la duperie (NIZAN, Conspir., 1938, p. 47).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1757 (DIDEROT, lettre au Président des Brosses, mai-juin ds Œuvres complètes, éd. 1972, t. 13, p. 1064 ds QUEM. DDL t. 7). Dér. de fétiche; suff. -isme. Fréq. abs. littér. : 104.
fétichisme [fetiʃism] n. m.
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1 Culte des fétiches; religion (animisme) qui comporte ce culte. || Selon Auguste Comte, le fétichisme est la forme originelle de la religion.
1 Le culte de certains objets terrestres et matériels appelés fétiches et que par cette raison j'appellerai fétichisme.
de Brosses, le Culte des dieux fétiches.
2 D'autres pays, en Afrique surtout, ne dépassèrent point le fétichisme, c'est-à-dire l'adoration d'un objet matériel, auquel on attribuait des pouvoirs surnaturels.
Renan, Vie de Jésus, I, Œ. compl., t. IV, p. 85.
2.1 Et le fétichisme qui adore tout objet utile ou nuisible comme un dieu, d'après les relations sociales les plus simples, est la forme la plus naïve de la prévision et de l'action réglée, fondée sur l'observation et le souvenir.
Alain, Abrégés pour les aveugles, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 820.
♦ (En Afrique). Religion traditionnelle (animiste) dont les prêtres sont les féticheurs. ⇒ Animisme.
2 Admiration exagérée et sans réserve d'une personne ou d'une chose. ⇒ Vénération. || Il pousse jusqu'au fétichisme le culte du passé.
3 Il avait — jusqu'au fétichisme — le culte de l'énergie et de la volonté (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 43.
3 (1906, in Rev. gén. des sc., no 12, p. 572). Perversion sexuelle incitant l'individu à rechercher une satisfaction sexuelle par le contact ou la vue de certains objets normalement dénués de signification érotique. || Fétichisme du pied, de la chaussure. || Chez la femme, la kleptomanie est l'équivalent du fétichisme.
4 Werther multiplie les gestes de fétichisme : il embrasse le nœud de ruban que Charlotte lui a donné pour son anniversaire, le billet qu'elle lui adresse (quitte à se mettre du sable aux lèvres), les pistolets qu'elle a touchés. De l'être aimé sort une force que rien ne peut arrêter et qui vient imprégner tout ce qu'il effleure, fût-ce du regard (…)
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 205.
Encyclopédie Universelle. 2012.