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exiler

exiler [ ɛgzile ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; exilier XIIe; de exil
1Envoyer (qqn) en exil. bannir, déporter, expatrier, expulser, proscrire. « On mit en prison un conseiller, on en exila quelques autres » (Voltaire). « J'ai été exilé de France pour avoir combattu le guet-apens de décembre [...] je suis exilé de Belgique pour avoir fait Napoléon le Petit » (Hugo).
2Par ext. Éloigner (qqn) d'un lieu et lui interdire d'y revenir. chasser, éloigner, reléguer. « Le marquis de Villeroi a eu ordre de se retirer de la cour pour sa mauvaise conduite [...] C'est à Lyon qu'il est exilé » (Mme de Sévigné).
3S'EXILERv. pron. réfl. Se condamner à un exil volontaire. émigrer, s'expatrier, fuir. S'exiler de France.
Se retirer loin, se mettre à l'écart. S'exiler à la campagne.
⊗ CONTR. Rappeler.

exiler verbe transitif Bannir quelqu'un, le condamner à l'exil : Exiler les opposants politiques. Obliger quelqu'un à vivre loin du lieu où il aime vivre : Exiler un fonctionnaire en province.exiler (synonymes) verbe transitif Bannir quelqu'un, le condamner à l'exil
Synonymes :
- bannir
- déporter
- expatrier
- expulser
- proscrire
Obliger quelqu'un à vivre loin du lieu où il aime...
Synonymes :
- chasser
- écarter
- éloigner
- renvoyer

exiler
v.
d1./d v. tr. Condamner (qqn) à l'exil. Exiler un opposant.
Fig. éloigner. Exiler en province un fonctionnaire.
d2./d v. Pron. (Réfl.) S'expatrier, partir loin de son pays.

⇒EXILER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Frapper quelqu'un d'exil, le contraindre à quitter sa patrie et à vivre à l'étranger. Exiler une personne de France. On ne se laisse pas bêtement exiler comme Caton, ni lapider comme Étienne, ni brûler vif comme Jeanne d'Arc (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 43). En proie à ses furies, elle [l'Allemagne] brûlait les bibliothèques, exilait ou torturait ses fils les plus illustres (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 134) :
1. Les lettres de cachet permettaient au pouvoir royal, et par conséquent ministériel, d'exiler, de bannir, de déporter, d'enfermer pour sa vie entière, sans jugement, un homme quel qu'il fût.
STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 222.
P. ext., vx. Éloigner quelqu'un
a) de la Cour, d'une ville. Exiler qqn dans ses terres, en province. J'ai reçu une lettre de cachet qui exile la marquise de Prie à sa terre (DUMAS père, Mlle de Belle-Isle, 1839, IV, 4, p. 80).
b) de la présence d'une personne. Mais pourquoi m'exiler à jamais, pourquoi me chasser des lieux que vous habitez? (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 157).
P. métaph. [Le compl. dir. désigne un obj.] C'était sans doute afin d'oublier ces scènes de tendresse que la femme abandonnée avait exilé ces meubles de sa pièce intime (BOURGET, Crime am., 1886, p. 296).
2. Au fig.
a) Chasser, proscrire, bannir. Exiler qqn de son cœur. La conversation banale, d'où les sujets intimes sont exilés (AMIEL, Journal, 1866, p. 329). J'ai voulu vérifier que la vie d'un homme restait un bien à partager, même si elle était exilée de partout (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-1936, p. 71). Nous avons exilé la beauté, les Grecs ont pris les armes pour elle (CAMUS, Été, 1954, p. 108) :
2. Cérisy, l'homme qui se trouvait en face d'elle, quinquagénaire élégant, chauve, l'air d'un dromadaire désabusé, la jugeait désirable [Clara]; mais il ne la désirait pas; il avait depuis longtemps exilé les passions.
ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 270.
b) Priver. Exiler qqn des traditions de sa race. Cette mélancolie sans remède d'un vouloir qui ne veut pas exile l'homme de son entreprise essentielle : se faire (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 165) :
3. La religion de la promesse dénonce sans arrêt le faux spiritualisme d'une dévotion et d'un culte qui exileraient l'homme de ses biens et de ses besoins terrestres...
Univers écon. et soc., 1960, p. 6410.
B.— Emploi pronom. réfl.
1. Quitter délibérément son pays, partir. S'exiler de France; s'exiler en Amérique. (Quasi-)synon. s'expatrier. De grandes dames s'exiloient de la ville et de la cour, et partoient pour le Canada (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 517).
En partic. [En parlant d'un éloignement temporaire] C'était de ces marins qu'on appelle là des « Islandais », qui s'exilent tous les étés, six mois durant, pour aller faire la grande pêche dangereuse dans les mers froides (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 95).
P. ext. Quitter la ville, la vie mondaine. S'exiler de Paris; s'exiler dans un coin de province. Il s'exila des salons qu'il avait fréquentés, et finit par se concentrer dans une vie taciturne et solitaire (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 428).
2. Au fig. Se retirer, se replier. S'exiler dans le silence, dans le refus. Je pousse mes verrous, je m'exile de nouveau dans le travail (ZOLA, Hérit. Rabourdin, préf., 1874, p. IX). Les athlètes, debout, désénervés s'exilaient dans le songe indifférent au monde extérieur (ARNOUX, Paris, 1939, p. 207) :
4. Il est dépaysé parce qu'il s'exile au milieu des choses; ce ne sont pas les choses qui n'ont plus de sens, c'est lui qui ne les utilise plus; ce n'est pas le monde qui recule devant lui, c'est lui qui le fuit éperdument.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 357.
Rem. On rencontre ds la docum. exilant, ante, part. prés. adj. Qui exile. Sulamites De province aux rites Exilants des soirs! (LAFORGUE, Complaintes, 1885, p. 88).
Prononc. et Orth. :[], (j')exile []. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1er quart XIIe s. eissilled « banni » (Lois de Guillaume le Conquérant, éd. John E. Matzke, 36); 1155 essilat (WACE, Vie de St Nicolas, éd. Ronsjö, 644). Soit dér. de exil dans ses différentes formes; soit issu du b. lat. exiliare « bannir » avec réfection d'apr. exil. Fréq. abs. littér. :297. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 593, b) 516; XXe s. : a) 275, b) 314.

exiler [ɛgzile] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; exilier, XIIe (anc. franç. eissiller, eseillier, XIIe); de exil ou du bas lat. exiliare, de exilium. → Exil.
1 Éloigner (qqn) de sa patrie; envoyer en exil. Bannir, déporter, expatrier, expulser, ostraciser, proscrire. || Exiler un coupable, un criminel politique. || Il a été définitivement exilé. || Exiler quelqu'un de son pays.
1 (…) voulant dérober leur vie aux cruelles persécutions qui ont accompagné les désordres de Naples, et qui en firent exiler plusieurs nobles familles.
Molière, l'Avare, V, 5.
2 À voir le climat affreux de la Moscovie, on ne croirait jamais que ce fût une peine d'en être exilé.
Montesquieu, Lettres persanes, LI.
3 Le parlement voulut remontrer; on mit en prison un conseiller, on en exila quelques autres; le parlement se tut (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, V.
4 Qu'importe ce qui m'arrive ! J'ai été exilé de France pour avoir combattu le guet-apens de décembre (…) je suis exilé de Belgique pour avoir fait Napoléon le Petit. Eh bien ! je suis banni deux fois, voilà tout. M. Bonaparte m'a traqué à Paris, il me traque à Bruxelles; le crime se défend; c'est tout simple.
Hugo, Pendant l'exil, 1852, I.
2 (1669, Molière). Éloigner (qqn) d'un lieu et lui interdire d'y revenir. Arracher (à), chasser, éloigner, reléguer (dr.). || Les malheurs qui l'ont exilé loin de chez lui. Dépayser, déraciner.
5 Et devez-vous souffrir, pour votre démêlé,
Que du logis d'un père un fils soit exilé ?
Molière, Tartuffe, IV, 1.
Spécialt. Sous l'Ancien Régime, Éloigner quelqu'un de la cour, en lui assignant une résidence forcée. || Exiler un gentilhomme dans ses terres.
6 Le marquis de Villeroi a eu ordre de se retirer de la cour pour sa mauvaise conduite (…) C'est à Lyon qu'il est exilé; cette demeure n'est pas odieuse pour lui, pourvu qu'elle ne soit pas longue.
Mme de Sévigné, Lettres, 247, 10 févr. 1672.
(1660, Corneille). Vieilli. Bannir, éloigner de quelqu'un. Écarter.Exiler quelqu'un de son cœur.
7 Exile de mes yeux cet insolent vainqueur (…)
Corneille, la Toison d'or, IV, 2.
3 Fig. Chasser, proscrire. || L'ambition (cit. 7) exile les plaisirs. Exclure.
7.1 La conversation banale, d'où les sujets intimes sont exilés.
H.-F. Amiel, Journal, in T. L. F.
——————
s'exiler v. pron. (Réfléchi).
1 (1835, Musset). Se condamner à un exil volontaire.
8 Lorsque plus tard, las de souffrir
Pour renaître ou pour en finir,
J'ai voulu m'exiler de France (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de décembre ».
2 (1690, Furetière). Se retirer loin d'un lieu, d'une personne. Disparaître, fuir, retirer (se), enterrer (s'enterrer, fam.). || Il s'est exilé loin de nous, dans un complet isolement. || Ils se sont exilés en province.
S'installer très loin de son pays. || S'exiler de France. Expatrier (s'). || Il ne veut pas s'exiler en Australie, aux États-Unis.
——————
exilé, ée p. p. adj. et n.
1 Qui est en exil. Banni, expatrié, relégué. || Dynastie exilée. || Opposant politique exilé.
9 Le frère exilé de Napoléon, s'adressant à un émigré, jadis rayé de la liste des proscrits par Napoléon lui-même (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 133.
N. (Un, une exilée). Banni, proscrit; émigré (cit. 2). || Rappeler des exilés politiques. Réfugié.Les Exilés, poèmes de Th. de Banville.
9.1 Il n'y a d'amis, d'épouses, de pères et de frères que dans la patrie. L'exilé partout est seul.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, XLI.
2 Par ext. Retiré très loin. || Solitaire, ermite exilé dans une retraite. || Exilé loin de tous, au bout du monde.
10 (…) les prêtres missionnaires exilés au bout du monde (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XII.
11 À vrai dire, je suis un solitaire exilé dans la foule.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, V, p. 89.
Fig. Caché, perdu, relégué. || Notes exilées dans un coin de journal (→ Épars, cit. 9).
CONTR. Amnistier, gracier, rappeler.

Encyclopédie Universelle. 2012.