escalade [ ɛskalad ] n. f.
• 1456; a. occitan escalada
I ♦
1 ♦ Vx Assaut d'une position au moyen d'échelles. Il « monte à l'escalade de la citadelle » (Voltaire). — Par ext. « un marquis qui tente l'escalade pour se glisser dans la chambre d'une fille » (Lesage).
2 ♦ (1707) Mod. Action de pénétrer dans une maison par les fenêtres, de passer par-dessus les murs de clôture. Escalade d'une grille, d'un portail. Dr. Vol à l'escalade, avec escalade et effraction.
3 ♦ Action de grimper sur, à... Faire l'escalade d'un arbre, d'un mur.
♢ (1816) Ascension (d'une montagne, d'une paroi...). Escalade d'un sommet vierge. ⇒ première. — Discipline de l'alpinisme qui consiste à gravir des parois abruptes. Faire de l'escalade. ⇒ grimpe, varappe. Escalade libre, où l'on utilise les prises et les appuis naturels. Escalade artificielle, en établissant des points d'appui au moyen de pitons, étriers, broches. Mur d'escalade, qui simule une paroi rocheuse, pour s'entraîner en ville.
II ♦ Fig.
1 ♦ (v. 1964; adapt. angl. escalation) Stratégie qui consiste à gravir les « échelons » de mesures militaires, diplomatiques, etc. de plus en plus graves; mise en œuvre des moyens servant cette stratégie. L'escalade américaine au Viêt-nam.
2 ♦ Par ext. Montée rapide, intensification (d'un phénomène). L'escalade des prix, de la violence (⇒ surenchère) .
⊗ CONTR. (de II, 1o) Désescalade.
● escalade nom féminin (provençal escalada, du latin scala, échelle) Action de grimper, de monter avec effort avec les pieds et les mains, ou de franchir quelque chose en grimpant : L'escalade d'un mur. Ascension d'une paroi rocheuse d'une montagne, au cours de laquelle l'alpiniste progresse en utilisant ses quatre membres. Tout moyen d'introduction dans un lieu par-dessus ou dessous la clôture et en tout cas en dehors de la voie d'accès normale. (Circonstance aggravante du vol, l'escalade de nuit, pour accéder à une propriété habitée, peut constituer un motif de légitime défense pouvant être invoqué par la victime.) ● escalade (expressions) nom féminin (provençal escalada, du latin scala, échelle) Escalade artificielle, ascension réalisée avec la fixation de points d'appui (pitons, coinceurs), par opposition à l'escalade naturelle, qui n'utilise que des prises et appuis offerts par le relief. ● escalade (synonymes) nom féminin (provençal escalada, du latin scala, échelle) Ascension d'une paroi rocheuse d'une montagne, au cours de laquelle...
Synonymes :
- varappe
● escalade
nom féminin
(de escalade, avec l'influence de l'américain escalation)
Progression, contrôlée par l'autorité politique, de l'importance des moyens militaires mis en œuvre dans un conflit par chacun des adversaires, soit à son initiative, soit pour répondre à une surenchère de la partie adverse. (Cette progression comporte aujourd'hui le risque de conduire à l'emploi de l'arme nucléaire.)
Progression rapide, intensification, aggravation d'un phénomène difficile, conflictuel, etc. : Escalade de la violence.
escalade
n. f.
d1./d Action de franchir (un mur, une clôture) en grimpant.
|| DR Action de s'introduire dans une maison ou un lieu clos en utilisant des ouvertures qui ne sont pas destinées à servir d'entrée. L'escalade est une circonstance aggravante du vol.
d2./d SPORT Ascension d'une paroi rocheuse.
d3./d Fig. Augmentation rapide comme par surenchère, aggravation. Escalade de la violence. Escalade des prix.
|| Accroissement rapide des opérations militaires dans un conflit.
⇒ESCALADE, subst. fém.
A.— Domaine concr.
1. [L'agent est une pers.]
a) [En cherchant à pénétrer dans un lieu enclos]
— Vx. Action de monter à l'assaut (d'une position) à l'aide d'échelles. Ils emportèrent la place par escalade (Ac.). Ils s'emparèrent par escalade d'une des maîtresses tours et à l'aube la ville elle-même fut prise (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 299).
— P. ext., DR., usuel. Action de pénétrer dans un lieu enclos en passant par-dessus un obstacle, de s'introduire par une ouverture élevée, non prévue à cet effet. Elle était très émue de notre escalade par la fenêtre (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 70). Le vol à main armée, avec escalade (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 153) :
• 1. ... il aperçut par sa fenêtre une femme inconnue et très belle qui lui envoyait des baisers. Il laisse là le nœud coulant, refait sa cravate, se met en campagne, et, d'escalade en effraction, parvient jusqu'à son inconnue.
ALAIN, Propos, 1907, p. 11.
♦ P. métaph. :
• 2. Pour arrêter le Président, il fallait un ordre de l'Assemblée; nous remplacions l'ordre de l'Assemblée par une voie de fait de la gauche. Escalade et effraction; escalade du pouvoir, effraction de la loi.
HUGO, Hist. crime, 1877, p. 160.
b) [En cherchant à atteindre un sommet]
— ALPINISME. Action de grimper le long de parois rocheuses en s'aidant des quatre membres et en utilisant au mieux les points d'appui. Une rude escalade; tenter une escalade. Elle n'avait jamais fait d'escalade, pas un sommet d'une valeur de référence (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 67). Nous décidons de franchir la vallée de sable, et de faire l'escalade du dôme le plus élevé afin d'observer l'horizon (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 221).
— Action de monter, de grimper le long de (pentes escarpées). J'écris ceci, assis au bord d'une route, au-dessus de Vence, au retour d'une escalade hasardeuse, fatigante parce que en dehors de tout sentier (GIDE, Journal, 1940, p. 23).
♦ P. métaph. Demain c'est à quatre membres l'escalade dans l'effort et dans l'extase (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 799).
2. [En parlant de choses] Disposition d'éléments plus ou moins superposés en forme d'échelle. Un fouillis de toits, de maisons en escalade (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 50). C'étaient deux beaux bras nus (...) tout entourés sous la peau d'une escalade de muscles (GIONO, Chant monde, 1934, p. 29). Une fille du nord, toujours en cheveux, triple chignon en escalade et les longues épingles « papillon » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 470).
B.— Au fig. Augmentation progressive, comme par paliers successifs, des moyens utilisés dans un conflit, une compétition, ou une action donnée. Risque, menace d'escalade. « La mécanique de l'escalade », c'est-à-dire l'engrenage qui oblige chacune des deux parties à renchérir sur les initiatives de l'autre (Le Figaro, 28 sept. 1966 ds GILB. 1971). Le seul moyen d'arrêter l'escalade des taux d'intérêt est de mettre un terme à l'inflation (Le Monde, 27 mars 1969, ds GILB. 1971).
Rem. Ds cet emploi, escalade a été récemment repris, pour traduire l'angl. escalation, comme terme de stratégie militaire et s'est introduit ensuite ds le domaine social (escalade commerciale; escalade des prix, de la violence, de la répression; son anton. est alors désescalade).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : /eskalad/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1456 « assaut d'une place forte au moyen d'échelles » (Chron. de la pucelle, éd. Vallet de Viriville, 241 d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 139); 2. 1707 « action de pénétrer indûment dans un lieu clos en passant par la fenêtre, le toit, en franchissant un mur, etc. » (LE SAGE, Le Diable boiteux, III, p. 38 ds ROB.); 3. 1816 terme d'alpinisme (MAINE DE BIRAN, Journal, p. 202). Empr. au prov. escalada « id. » qui, bien que n'étant attesté qu'au XVIIe s. (escalado en 1678, J. Doujat, dict. publié en annexe aux Œuvres de P. Goudelin), est prob. plus anc. (le verbe escalar « escalader » [dér. de escala, échelle] dont escalada est dér., étant attesté dep. le XIIIe s., Crois. Albig. ds BARTSCH Prov., p. 205, 3); un empr. à l'ital. scalata « id. », attesté à peine plus tôt que le prov. (1614 ds TOMM.-BELL) est moins probable; cf. FEW t. 11, p. 269b, note 14 et GEBHARDT, Das Okzitanische Lehngut im Französischen, Bern-Frankfurt, 1974, p. 128, 131, 349. Fréq. abs. littér. :186. Bbg. HOPE 1971, pp. 37-38; p. 149. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. et de Litt. 1915/16, t. 29, p. 65. — TRACC. 1907, p. 137. — VIDOS 1939, p. 45, 372.
escalade [ɛskalad] n. f.
ÉTYM. 1456; anc. prov. escalada, de escalar, de escala « échelle ».
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1 Vx. Assaut d'une position au moyen d'échelles. || Aller, monter à l'escalade (→ Citadelle, cit. 1). || Tenter une escalade. — Figuré :
1 Car c'est lui (Napoléon Ier) qui, pareil à l'antique Encelade,
Du trône universel essaya l'escalade,
Qui vingt ans entassa,
Remuant terre et cieux avec une parole,
Wagram sur Marengo, Champaubert sur Arcole,
Pélion sur Ossa !
Hugo, les Chants du crépuscule, II, I.
2 (1707). Mod. (Dr. et cour.). Action de pénétrer dans une maison par les fenêtres, de passer par-dessus les murs de clôture. || Escalade d'une grille, d'un portail. || Vol à l'escalade, avec escalade. || Cambrioleur qui pénètre par escalade dans un appartement. || Juridiquement, l'escalade aggrave le délit.
2 Est qualifié escalade, toute entrée dans les maisons, bâtiments, cours, basses-cours, édifices quelconques, jardins, parcs et enclos, exécutée par-dessus les murs, portes, toitures ou toute autre clôture.
Code pénal, art. 397.
3 — Si je ne me trompe, dit don Cléofas, j'aperçois encore un voleur qui monte par une échelle à un balcon. — Ce n'est point un voleur, répliqua le boiteux; c'est un marquis qui tente l'escalade pour se glisser dans la chambre d'une fille qui veut cesser de l'être.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, III, p. 38.
4 (…) en matière d'escalades, on peut dire ce que la Catalani disait du chant : « Il est plus facile de monter que de descendre ».
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « la Lettre volée ».
b (1816). Ascension (d'une montagne, d'une paroi…). || Faire l'escalade du mont Blanc. || Escalade d'un sommet vierge. ⇒ Première. — Sans compl. Discipline de l'alpinisme qui consiste à gravir des parois abruptes. || Faire de l'escalade. ⇒ Varappe. || Vocabulaire de l'escalade. ⇒ Coincement, escarpolette, pendule, ramonage, traversée, tyrolienne, verrou. || Escalade extérieure, le corps dans le vide. || Escalade intérieure, le corps engagé dans une fissure, un dièdre. || Escalade libre, en utilisant des points d'appui naturels. || Escalade artificielle (ou, n. f., l'artificielle), en établissant des points d'appui au moyen de pitons, étriers, broches (abrév. fam. : l'artif.). || Escalade libre de degré VI, très difficile. || Escalade par la voie la plus directe. ⇒ Directissime. || Escalade en solitaire. || Escalade d'hiver. ⇒ Hivernale.
4.1 Vue du bas, la fissure paraissait sans problème, mais, dès les premiers mètres, elle se révèle un dur morceau d'escalade, déversé vers la gauche et, par surcroît, surplombant. Serge doit la gravir en escalade artificielle, piton après piton.
René Desmaison, 342 Heures dans les Grandes Jorasses, p. 29.
♦ Spécialt. || École d'escalade : site naturel aménagé pour l'initiation aux techniques de l'alpinisme.
♦ ☑ Loc. (Vx). Monter, gravir à l'escalade, en escaladant. — Par métaphore :
5 Les arbres gravissent les parois à pic, s'accrochent partout, semblent monter à l'escalade.
Maupassant, Au soleil, Province d'Alger.
B Fig.
1 (V. 1964; adapt. de l'angl. escalation). Stratégie qui consiste à gravir les « échelons » de mesures militaires, diplomatiques, etc., de plus en plus graves; mise en œuvre des moyens servant cette stratégie. || L'escalade américaine au Viêt-nam. || « Menacés de chômage par la “force de frappe”, les militaires traditionnels ont réclamé et obtenu leur petite panoplie nucléaire en contradiction avec la doctrine de la dissuasion, puisqu'elle ne peut servir qu'à l'escalade » (Science et Vie, no 595, p. 100).
6 Au Viêt-nam, les Américains parlaient à présent d'escalade. Vers quels sommets ?
Claude Courchay, la Vie finira bien par commencer, p. 88.
2 Montée brutale. || Escalade de la violence, de la peur. ⇒ Montée. — L'escalade des prix. → La valse des étiquettes.
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CONTR. et COMP. (Du sens B., 1.) Désescalade.
DÉR. Escalader.
Encyclopédie Universelle. 2012.