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énormité

énormité [ enɔrmite ] n. f.
• v. 1220 ennormité « crime énorme »; repris mil. XIVe; lat. enormitas
1Caractère de ce qui est anormal, hors du commun et qui frappe. L'énormité d'une faute. « l'énormité de ma demande » (Loti).
Grandeur, importance considérable. L'énormité des bénéfices, des effectifs. Elle « refusait à Lousteau de l'argent, en objectant l'énormité des avances déjà faites » (Balzac).
2Action, propos jugé énorme. Un livre, un discours plein d'énormités, d'invraisemblances, d'erreurs, de tromperies... Dire des énormités.
⊗ CONTR. Insignifiance.

énormité nom féminin (bas latin enormitas, -atis) Caractère de ce qui est énorme : L'énormité d'un déficit. Caractère extravagant de quelque chose : Vous rendez-vous compte de l'énormité de vos propos ? Parole ou action extravagante : Dire des énormités.énormité (synonymes) nom féminin (bas latin enormitas, -atis) Caractère de ce qui est énorme
Synonymes :
- gigantisme
- grosseur
- vastitude
Caractère extravagant de quelque chose
Synonymes :
- extravagance
- invraisemblance

énormité
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est énorme. L'énormité d'un bâtiment.
|| Fig. L'énormité de son crime.
d2./d Fam. Parole ou action d'une extravagance ou d'une stupidité énorme. Dire des énormités.

⇒ÉNORMITÉ, subst. fém.
I.— [Au sing., avec l'art. déf., gén. suivi d'un compl. prép.] Caractère, qualité de ce qui est énorme.
A.— [Dans l'ordre quantitatif]
1. Caractère de ce qui dépasse la mesure commune, est extraordinaire par ses dimensions physiques. L'énormité de sa taille, de sa grosseur (Ac. 1835-1932). L'énormité du colosse (ZOLA, Rêve, 1888, p. 44). L'énormité mastodontesque des tanks allemands (GIDE, Journal, 1918, p. 653). L'énormité de sa tête, agrandie encore par son épais feutre d'hiver (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 844).
2. Caractère de ce qui est très considérable en nombre, en quantité. L'énormité d'une somme. Il a été effrayé pour nous de l'énormité de l'héritage! (VERNE, 500 millions, 1879, p. 32). Il avait donné libre cours à sa verve (...) faisant ressortir l'énormité des pertes subies (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 232).
B.— [Dans l'ordre qualitatif]
1. Caractère inhabituel, extraordinaire, insolite d'une chose. L'énormité imprévue de ce dénouement (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., X, p. 209). Vaincue par l'énormité de la nouvelle (BERNANOS, Crime, 1935, p. 751).
2. Qualité de ce qui est considérable par son importance, sa force, son intensité. L'énormité des conséquences, du danger, des difficultés, de la tâche. Une époque où l'énormité des ambitions, la monstruosité des appétits sont presque des conditions normales (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 134). Je me rendais compte de l'énormité de notre joie (GIONO, Triomphe vie, 1941, p. 193) :
1. Cette fois du reste le public, qui avait résisté aux modernistes de la littérature et de l'art, suit ceux de la guerre, (...) les petits esprits sont écrasés, non par la beauté, mais par l'énormité de l'action. On n'écrit plus kolossal qu'avec un k, mais au fond, ce devant quoi on s'agenouille c'est bien du colossal.
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 779.
3. Péjoratif
a) Caractère de ce qui est particulièrement grave, choquant ou révoltant du point de vue de la morale ou de la raison. L'énormité d'un crime, d'une faute. Bien qu'Orso, qui avait longtemps vécu sur le continent, sentît moins qu'un autre l'énormité de l'outrage (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 128). Marlowe, pourtant si audacieux, a hésité devant l'énormité de la vérité historique (GREEN, Journal, 1943, p. 50).
b) Caractère de ce qui est excessif, exagéré, disproportionné par rapport à la réalité ou au bon sens. Citations ne justifiant pas, me semble-t-il, l'énormité de cet éloge (BLOY, Journal, 1906, p. 316).
II.— P. méton. [Au sing. et au plur.; sans compl. prép.] Chose énorme.
A.— [Dans l'ordre physique]
1. Objet, corps, personne extraordinaire par sa grosseur, son volume. Jaluzot promène son énormité et sa barbe de banc en banc (RENARD, Journal, 1903, p. 804). Une impression d'écrasement et d'inutilité, en face des énormités cosmiques (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 252).
2. Rare. Ce qui est très considérable en quantité. Tâchez qu'il ne me fasse pas payer quelque énormité pour sa publication (LAMART., Corresp., 1830, p. 80).
B.— [Dans l'ordre moral ou intellectuel]
1. Vieilli. Acte d'une extrême gravité, particulièrement atroce, monstrueux. Commettre une énormité :
2. Courir sus à toute vie indépendante, se faire une joie de déshonorer les caractères, de violenter les mœurs particulières autant que les libertés publiques; et les oppositions généreuses qui s'élevaient contre ces énormités, seraient déclarées calomnieuses et blasphématrices!
CHATEAUBRIAND, Congrès de Vérone, t. 1, 1838, p. 194.
2. Parole, action qui sort des limites de la raison, du bon sens ou du bon goût. Dire, faire une, des énormités. Les gaucheries et les énormités qu'il disait et faisait en matière d'étiquette et de savoir-vivre (SANDEAU, Mlle de la Seiglière, 1848, p. 60). Ce mariage serait un scandale, une énormité, une sinécure, une gabegie (PAGNOL, Fanny, 1932, II, 7, p. 145).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 ennormité « crime énorme » (G. DE COINCY, Miracles de Nostre Dame, éd. V. F. Kœnig, II Mir. 22, 47) emploi isolé; 2. ca 1330 enormité « caractère de ce qui sort des règles, des bornes » (Girart de Rossillon, éd. E. B. Ham, 5675); 3. spéc. 2e moitié du XIVe s. enormité de grandeur (Oresme ds MEUNIER, p. 175). Empr. au lat. impérial enormitas « grandeur ou grosseur démesurée »; au sens de « perversité, outrage » en lat. médiév. ca 950 ds LATHAM. Fréq. abs. littér. :367. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 403, b) 738; XXe s. : a) 593, b) 463.

énormité [enɔʀmite] n. f.
ÉTYM. V. 1220, ennormité « crime énorme »; repris mil. XIVe; lat. enormitas « grandeur, ou grosseur démesurée », de enormis. → Énorme.
1 (L'énormité de…). Caractère de ce qui est énorme; taille, dimension ou intensité hors du commun, et qui frappe. Énorme (1. et 2.); grandeur, immensité; et aussi excès. || L'énormité d'une faute, d'un crime. || L'énormité de son erreur, de ses maladresses.L'énormité du travail, de l'effort fourni.
1 Il n'y a point de supplice assez grand pour l'énormité de ce crime (…)
Molière, l'Avare, V, 1.
REM. L'emploi suivant est métonymique (→ ci-dessous, 2.), mais sans aucune des connotations du 2.; il correspond à « chose énorme, immense », et est archaïque.
2 (…) ce qui paraît une énormité, mesuré à la courte échelle des vieilles idées diplomatiques, n'était au fond rien du tout, dans l'ordre actuel de la société.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 120.
(En parlant de l'expression par le discours). || L'énormité d'une affirmation.
3 Plus tard, quand je serai mieux au courant des choses japonaises, peut-être apprécierai-je moi-même l'énormité de ma demande : on dirait vraiment que j'ai parlé d'épouser le diable (…)
Loti, Mme Chrysanthème, III, p. 36.
REM. Les emplois de énormité sont plus restreints que ceux de énorme.
(Quantitatif). || L'énormité de la somme, des bénéfices, des effectifs.
3.1 Ses vœux tardifs (pour la paix) n'étant pas exaucés, il envisage l'énormité de ses forces (…)
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, II, 5, in Littré.
(Au sens 2 de énorme). || L'énormité de sa taille.Rare. Taille, corpulence énorme. || Elle est d'une énormité effrayante.
2 (Une, des énormités).REM. Cette valeur sémantique, attestée dès 1220 : « crime énorme », est en fait une métonymie du sens 1, qui semble dater du déb. du XIXe s. — Action ou propos jugé « énorme », en général en parlant d'une erreur, d'une maladresse. Bévue (cit. 3), gaffe. || Un livre, un discours plein d'énormités, d'invraisemblances, d'erreurs, de tromperies… énormes. || Commettre une énormité, un impair, une gaffe énorme. || Il nous a sorti quelques énormités, d'énormes sottises.
4 La loufoquerie de la conversation tenait parfois du fantastique et l'on doutait alors si vraiment l'hôtesse était inconsciente et dupe de certaines énormités; mais une sorte de bonhomie cordiale, dont elle ne se départait point, décourageait l'ironie.
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 279.
CONTR. (Du sens 1.) Insignifiance, petitesse.

Encyclopédie Universelle. 2012.