empiffrer (s') [ ɑ̃pifre ] v. pron. <conjug. : 1> ♦ Fam. Manger avec excès, gloutonnement. ⇒ se bourrer, se gaver, se goinfrer. Dès qu'il est à table, il s'empiffre. « Il s'empiffrait de nourriture, et repu, s'endormait sur place » (Tharaud).
empiffrer (s')
v. Pron. Fam. Manger avec excès, gloutonnement. S'empiffrer de gâteaux.
⇒EMPIFFRER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Empiffrer qqn de qqc. Faire manger quelqu'un avec excès, le bourrer de nourriture. Empiffrer un enfant de confitures, de pâtisseries (Ac. 1798-1932). Synon. gaver, gorger. En vain, rouges de confusion, (...) ses parents tentent de mettre un frein à ce torrent de jovialité intempestive et l'empiffrent de pommes de terre (COURTELINE, Boubouroche, Gourde, 1894, p. 254).
— Emploi abs. Vous empiffrez cet enfant (Ac. 1798-1878).
P. méton., vieilli. Engraisser. Trop manger et trop dormir l'ont empiffré à un tel point, qu'il n'est pas reconnaissable (Ac. 1798-1878).
— Emploi pronom. réfl. S'empiffrer de qqc. Manger gloutonnement, immodérément. Synon. se gaver. Il s'était laissé aller joyeux à vivre seul (...), s'aventurant parfois dans les prairies frontières pour s'y empiffrer de cerises (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 138).
B.— [Le compl. d'obj. désigne un aliment] Synon. ingurgiter.
— Emploi pronom. réfl. indir. S'empiffrer qqc. Des messieurs qui dans les restaurants s'empiffrent des biftecks et des « appellations contrôlées »... (TRIOLET, Prem. accroc., 1945, p. 363).
Rem. On attendrait d'abord (du moins en structure profonde) la constr. double empiffrer qqc. à qqn, qui est logiquement antérieure à s'empiffrer qqc.; cette constr. présupposée n'est cependant pas attestée. Il est donc probable que s'empiffrer qqc. est analogique de s'ingurgiter qqc. ou du vulgarisme s'envoyer qqc.
C.— Emploi pronom. abs. (des constr. pronom. A et/ou B). Je suis convié à deux dîners et à un déjeuner. Je m'empiffrerai; ça me distraira (FLAUB., Corresp., 1852, p. 413). Ça [les critiques d'autrefois] buvait, ça mangeait, ça s'empiffrait, ça citait au dessert du Sophocle, du Démosthène, ça pleurait dans son verre... (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 433).
— P. métaph. Sa collaboration [à Marchenoir] au Pilate (...) ne tiendrait pas trois jours devant le préjugé commercial de ne rien changer à l'ordinaire des gargotes intellectuelles, où le public moderne est accoutumé à s'empiffrer (BLOY, Désesp., 1886, p. 277).
Rem. Le part. passé, correspondant à l'emploi A en constr. abs., peut être employé adj. et signifie « gavé de nourriture, gras, replet ». Finalement les bourgeois et habitants de la cité du bienheureux Remi (...) empiffrés, saouls de viandes et de vin (...) tombaient endormis (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 522). Un abbé de petite taille, rond, empiffré, le teint cramoisi (ARNOUX, Rossignol napol., 1937, p. 29).
Prononc. et Orth. :[], (j')empiffre []. Ds Ac. 1694-1740 avec 1 f; ds Ac. 1762-1932 avec 2 f. Étymol. et Hist. 1648 s'empiffrer « se bourrer de nourriture » (SCARRON, Virgile travesty, II, 110a ds RICHARDSON : s'empiffrant de pain et de beurre). Dér. de pif(f)re « homme ventru » (dep. 1610, Béroalde de Verville ds HUG.); préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :54. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925] p. 436.
empiffrer [ɑ̃pifʀe] v. tr.
ÉTYM. XVIe; de em- (en-), piffre « homme ventru », vx ou dial., du rad. expressif. piff-, et suff. verbal.
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♦ Fam. et rare. Faire manger avec excès. ⇒ Bourrer, gaver, gorger. || Empiffrer un enfant de friandises.
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s'empiffrer v. pron.
♦ (1669). Cour. Manger avec excès, gloutonnement. ⇒ Dévorer. || Dès qu'il est à table, il s'empiffre. || S'empiffrer de gâteaux (→ Se flanquer une ventrée de…).
1 Il s'imaginait servir un affamé et il avait effectivement sujet de penser que j'allais m'empiffrer de ses ragoûts (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, IX, IV.
2 On posait devant lui les innombrables plats qui composent l'ordinaire d'un grand seigneur marocain; il s'empiffrait de nourriture, car il était vorace; et repu, s'endormait sur place (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, p. 81.
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Encyclopédie Universelle. 2012.