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embu

embu, ue [ ɑ̃by ] adj. et n. m.
• 1676; p. p. de emboire « imprégner; enivrer, séduire » XIIe; lat. imbibere
Peint. Devenu terne, mat, parce que le support a absorbé l'huile. Couleurs, tableaux embus.
N. m. Ton, aspect terne d'un tableau embu.

embu Participe passé de emboire. ● embu nom masculin (de emboire) Aspect mat et terne pris par la surface d'une peinture à l'huile, qui résulte de l'absorption accidentelle de l'huile par la préparation ou le support. ● embu (expressions) nom masculin (de emboire) Mettre de l'embu dans une couture, laisser plus de longueur au tissu pour permettre l'emboîtement d'une partie ronde.

I.
⇒EMBU, UE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de emboire.
II.— Emploi adj. Imbibé, imprégné d'eau, de liquide. J'ai levé vers lui des yeux embus de larmes (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 64). Il fallait suivre un long couloir mal éclairé dont les murs embus laissaient, de-ci de-là, rouler avec lenteur une larme couleur de café (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 15).
Spéc., PEINT. [En parlant d'un tableau, d'une toile] Qui est devenu mat, terne, le support ayant absorbé l'huile ou l'essence. [Le peintre] retrouvera dans un coin de l'atelier toutes ces pochades embues, et tâchera d'en composer un tableau (RICHEPIN, Pavé, 1883, p. 364).
P. métaph. Il disait dans son jargon d'atelier que M. Guizot et le P. Lacordaire avaient trouvé Tocqueville embu; qu'ils l'avaient reverni (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Boigne, 1870, p. 150).
III.— Emploi subst., PEINT. Aspect terne et mat d'un tableau ou de certaines de ses parties. Il devait ensuite se battre contre des embus terribles, car ses toiles absorbantes buvaient du coup le peu d'huile des couleurs (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 269).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1762 (absent en tant que part. de Ac. 1932).
II.
⇒EMBU, subst. masc.
COUT. (de faire boire ou incorrectement emboire une couture). ,,Mettre de l'embu dans une couture. Laisser plus de longueur au tissu pour permettre l'emboîtement d'une partie ronde`` (Lar. encyclop.). On plie en deux la poche que l'on bâtit à 2 centimètres au-dessus du passepoil du haut, sans oublier d'y laisser de la longueur (ou embu) (DREYFUS, Manuel apiéceur, ant. à 1953, p. 19).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. embuvage. ,,Raccourcissement des fils de la chaîne par l'effet du tissage`` (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.). Son utilisation [d'un carré magique] pour le tissu, qui aura pour objet de « compenser » les tensions et les relâchements, de distribuer harmonieusement ce que les praticiens appellent « l'embuvage » (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 71).
Étymol. et Hist. 1833 cout. (M. VANDAEL, Man. théorique et pratique du tailleur, 149 ds QUEM. Fichier). Part. passé subst. de [faire] emboire, dial. au sens de « froncer légèrement un morceau d'étoffe pour l'adapter à un autre [l'enflure ainsi obtenue étant comparée à celle d'objets imbibés de liquide] », dial. du Centre (JAUBERT), « prendre trop d'étoffe d'un côté en cousant; plissoter deux morceaux d'étoffe inégaux pour les égaliser », fr.-prov. (PIERREH.) v. aussi FEW t. 4, p. 568a; cf. boire, terme de couture. Fréq. abs. littér. :7. Bbg. BOYER (J.). Mini-Gloss. trilingue. Meta. 1971, t. 16, n° 4, pp. 227-228. — LECOY (F.). Notes de lexicol. fr. In : [Mél. Henry (A.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1970, t. 8, n° 1, pp. 127-128.

Encyclopédie Universelle. 2012.