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douille

douille [ duj ] n. f.
• 1227; p.-ê. du frq. °dulja
1Techn. Pièce de métal cylindrique et creuse qui sert à assembler deux pièces, à adapter un instrument à un manche. embouchoir, manchon. Douille d'une bêche.
2Pièce métallique à l'extrémité d'un fil électrique dans laquelle on fixe le culot d'une ampoule. Douille à (pas de) vis, à baïonnette.
3Cylindre de carton, de laiton, etc., qui contient l'amorce et la charge de la cartouche. étui.
4Cuis. Ustensile en forme de cône tronqué que l'on met dans une poche de toile (poche à douille) et par lequel s'écoule la préparation (pâte, crème, etc.). Douille cannelée.

douille nom féminin (francique dulja) Étui contenant la charge de poudre d'une cartouche d'arme à feu. Organe recevant le culot d'une lampe électrique et assurant sa connexion au circuit d'alimentation. (Les douilles sont à vis ou à baïonnette.) Pièce creuse, conique ou cylindrique, servant d'intermédiaire dans l'emmanchement de deux pièces de diamètres différents. Ouverture circulaire d'une baïonnette, où l'on introduit l'extrémité du canon du fusil. Partie d'un bougeoir, d'un flambeau, dans laquelle s'insère la bougie.

douille
n. f.
d1./d Partie évidée dans laquelle vient se fixer un manche, un outil.
d2./d Pièce métallique évidée, que l'on fixe au bout d'une clé de mécanicien. Clé à douille.
d3./d Partie de la cartouche qui contient la poudre.
d4./d Pièce servant à recevoir le culot d'une ampoule électrique.

I.
⇒DOUILLE1, subst. fém.
A.— Partie d'un instrument ou pièce de métal, creuse et généralement cylindrique, destinée à recevoir une tige, à assembler deux pièces, ou à servir de manche, de poignée. La douille d'une baïonnette, d'une bêche. Le faux cocher étendit alors la main au-dehors, saisit une lanterne, la retira de sa douille (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 214).
B.— [P. anal. de forme]
1. ÉLECTR. Tube cylindrique, de cuivre ou de laiton destiné à recevoir le culot d'une lampe électrique ou les broches terminant le culot d'un tube électronique et à assurer la connexion avec le circuit d'alimentation. Douille à baïonnette, à vis; douille voleuse.
2. ARM. Tube cylindrique qui contient l'amorce et la charge explosive d'une cartouche pour arme à feu. Douille de balle, d'obus, de fusée antiaérienne. [Dans les] cartouches à plomb de chasse (...) les douilles comportent un culot en laiton, dans lequel est logée l'amorce à percussion (VENNIN, CHESNEAU, Poudres et explosifs, 1914, p. 447). Une douille d'obus où jaunissait un bouquet de muguets (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 141).
3. ART CULIN. Instrument de forme conique adapté à une poche de toile forte, qui sert à former un ruban de crème dont on décore les pâtisseries. La douille (...) façonne selon le profil choisi le ruban de chantilly (...) qui jaillit par l'ouverture (Ac. Gastr. 1962).
4. ,,Tuyau soudé sur le côté d'un alambic et par lequel on peut introduire le liquide`` (DUVAL 1959).
Prononc. et Orth. :[duj]. Demi-longueur ds PASSY 1914, admise aussi par GRAMMONT Prononc. 1958, p. 14. L mouillé en dernier lieu ds LITTRÉ. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 doelle « partie creuse d'un outil dans laquelle est adapté le manche » (Florence de Rome, 4327 ds T.-L.); ca 1250 doile (Atre périlleux, éd. B. Woledge, 5671); ca 1393 douille (Ménagier, II, 258 ds T.-L.); 2. 1845 « tuyau sur le côté d'un appareil de distillation » (BESCH.); 3. 1864 « étui métallique contenant la charge explosive d'une cartouche » (LITTRÉ); 4. 1912 « tube cylindrique où l'on fixe le culot d'une lampe électrique » (ESCARD, Lampes électr., p. 321). Du germ. dulja « douille », cf. a. h. all. tulli « douille où est ajustée la pointe d'une flèche, d'un épieu » (KLUGE20), m. h. all. tülle « id. » (LEXER), all. Tülle « bec, tuyau d'écoulement d'un récipient ». Fréq. abs. littér. :29.
II.
⇒DOUILLE2, subst. fém.
Arg. Argent. Avoir de la douille fraîche.
P. ext. Paiement; d'apr. ESNAULT, [Commentaire (I.G.L.F. 1950) de l'ouvrage de J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu » (1928)] :
... et puis au moment de la douille c'était toujours le même bidon, de l'entourloupe et du nuage!... Froutt! madame disparaissait! y avait plus personnes subito... ou bien si elles banquaient un peu, elles râlaient, chialaient tellement, rabotaient si fort les petites factures minuscules...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 333.
Rem. On rencontre ds la docum. douillard, arde, subst., pop. et vx. Homme, femme riche. Synon. richard. (Attesté ds LARCHEY, Excentr. Lang. fr., 1859, RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, FRANCE 1907). Emploi adj. Les joueurs douillards (HOGIER-GRISON, Monde où l'on triche, 2e série, 1886, p. 9).
Prononc. et Orth. Cf. douille1, sauf en ce qui concerne Ac. Étymol. et Hist. 1827 (Monsieur comme il faut, p. 31 ds IGLF : Voilà les seuls mots [huile, bille, michon] qui signifient de l'argent. Douille, depuis long-temps, ne veut plus dire que cheveux). Orig. obsc., un rattachement à douille terme techn. (FEW t. 15, 2, p. 81a) ou à douillet (SAIN. Lang. par., p. 97) pouvant difficilement expliquer le mot. Douille est peut-être issu par aphérèse de guindouilles arg. « sous » (ca 1813, s. réf. ds ESN.), également d'orig. obscure. Fréq. abs. littér. :1.
DÉR. Douiller, verbe trans., arg. Payer (quelqu'un, quelque chose). Madame Vitruve et sa nièce c'est moi qui douille le ménage avec des condés ingénieux (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 46). Il sortit une poignée de talbins pour douiller l'addition (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 39). [duje]. 1re attest. 1858 (LARCH., p. 504); de douille2, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 7.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 97, 369, 542.
III.
⇒DOUILLES3, subst. fém. plur.
Pop. Les cheveux. Le rapport ordonne aussi, dit l'homme-lettres, de tailler les barbes. Et les douilles, à la tondeuse, rasoche! (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 45).
Douilles savonnées. Cheveux blancs. Se faire des douilles. Se faire des cheveux, se tourmenter (d'apr. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., 2e suppl., 1883, p. 56).
Rem. Les dict. d'arg. enregistrent douillard, subst. masc. Homme chevelu (DELVAU 1867, FRANCE 1907).
Prononc. et Orth. Cf. douille1, sauf en ce qui concerne Ac. Étymol. et Hist. 1821 « cheveu » (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, § 178 : prête-moi tes Fauchans pour lui Faire les douilles). Orig. obsc. Prob. dér. régr. de douillet arg. « cheveu » (1747, CAYLUS, Œuvres badines, X, 23, Hist. de M. Guillaume cocher ds IGLF : un qui vouloit me prendre par les douillets) substantivation de l'adj. douillet, plutôt qu'à rattacher à douille1 (FEW t. 15, 2, p. 81a) p. anal. d'aspect avec les boucles de cheveux. Fréq. abs. littér. :1. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 353. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 73; Lang. par. p. 134, 164, 507.

1. douille [duj] n. f.
ÉTYM. 1227; orig. incert.; p.-ê. d'un francique dulja, hypothèse contestée par P. Guiraud, qui propose l'étymon lat. dolium « cuve pour le transport du moût ». → Douil.
Technique et courant.
1 Pièce de métal cylindrique et creuse qui sert à assembler deux pièces, à adapter un instrument à un manche, etc. Embouchoir, manchon. || La douille d'une baïonnette, d'un fer de lance, d'une bêche.
2 Pièce métallique placée à l'extrémité d'un fil électrique, dans laquelle on fixe le culot d'une ampoule. || Fixer le culot d'une ampoule sur la douille d'une lampe. || Douille à pas de vis, douille à baïonnette.
1 (…) mon cousin Charles me fit visiter sa petite fabrique de douilles pour lampes électriques.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 62.
3 Cylindre qui contient l'amorce et la charge de la cartouche. Cartouche, étui. || Douilles en carton des fusils de chasse. || Douilles en laiton, en cuivre, des revolvers, des fusils de guerre, des canons…
2 Le vieux maraîcher ne se servait jamais de son briquet sans l'avoir d'abord manié, tourné, retourné, examiné avec soin : il l'avait fabriqué lui-même, en 15, dans la Somme, avec une douille; sa vue lui rappelait des choses (…)
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Prologue, p. 10.
4 Pâtiss. Ustensile en fer-blanc, en forme de cône tronqué, que l'on met dans une poche de tissu (poche à douille) pour garnir les gâteaux. || Douille à ouverture ronde, cannelée (d'après Ginette Mathiot, la Pâtisserie pour tous, p. 31).
HOM. Douil, 2. douille, douilles.
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2. douille [duj] n. f.
ÉTYM. Av. 1827; orig. obscure; p.-ê. abrév. de guindouilles « piécettes d'argent, sous ».
Argot, vx. Argent, monnaie.
0 Est-ce qu'on travaille tant qu'on a de la douille !
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 181.
DÉR. Douiller.
HOM. Douil, 1. douille, douilles.

Encyclopédie Universelle. 2012.