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désabusé

désabusé, ée [ dezabyze ] adj.
• mil. XVIIe; de dés- et abusé
1Vx ou littér. Détrompé.
2(1800) Mod. Qui a perdu ses illusions. Un philosophe désabusé. Attitude, expression, moue désabusée. déçu, désenchanté. « Le coup d'œil exact et désabusé du connaisseur à qui on montre un bijou faux » (Proust). Subst. Les désabusés.
⊗ CONTR. Enthousiaste, naïf.

désabusé, désabusée nom Personne désenchantée, blasée.

désabusé, ée
adj. et n. Qui n'a plus d'illusions, revenu de tout. Une personne désabusée. Prendre un air désabusé.
|| Subst. Un(e) désabusé(e).

⇒DÉSABUSÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de désabuser.
II.— Adjectif
A.— Détrompé, éclairé. Un esprit, un stoïcien désabusé; une raison désabusée. Me voici éclairé, me voici désabusé de toutes choses. Me voici vieux et plein d'expérience (SAND, Lélia, 1833, p. 235). Des esprits fermes, désabusés, guéris des préventions originelles (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 322) :
1. Benjamin Constant, arrivant de Suisse à Paris (...) était un beau grand jeune homme (...) au dedans très-avancé, très-désabusé, et qui était allé de bonne heure au fond de tout.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 1, 1863-69, p. 415.
2. ... une société s'est formée d'hommes clairvoyants, désabusés, sceptiques, qui ont voulu ériger en plein Paris une sorte de temple du mépris de la mort.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, L'Endormeuse, 1889, p. 1173.
B.— Blasé, découragé, déçu, dégoûté. Un air, un regard, un ton désabusé; des pensées désabusées. Un homme profondément désabusé qui ne croit plus à rien et qui n'a même plus envie de rien croire (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 254). La forme et le tour en sont plus souvent négatifs que positifs et désabusés qu'enthousiastes (L. FEBVRE, Combats pour hist., Entre Benda et Seignobos, 1933, p. 96).
3. Il eut l'air repu, désabusé, revenu de tout, désenchanté de la vie. Ses traits exprimèrent la plénitude d'un contentement blasé...
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 43.
SYNT. communs à A et B. Un cœur désabusé; une âme, une constatation, une critique, une imagination, une philosophie désabusée.
III.— Emploi subst. Aux moments les plus critiques et les plus décisifs, il [Chateaubriand] fait le désabusé et le rêveur (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1851-62, p. 551). Le ton de sa conversation était d'un sceptique et d'un désabusé (G. LEROUX, Myst. jaune, 1907, p. 23) :
4. Charmante Louise, que je l'aime! je la trouve cette fois d'un calme, d'un désabusé qui m'étonne, elle si illusionnée d'ordinaire.
E. DE GUÉRIN, Journal, 1839, p. 270.
Prononc. et Orth. :[dezabyze]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. :265. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 348, b) 190; XXe s. : a) 515, b) 416.

Encyclopédie Universelle. 2012.