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dénier

denier [ dənje ] n. m.
• v. 1175; lat. denarius
1Dans l'Antiquité, Monnaie romaine, d'argent, valant d'abord dix, puis seize as. Les trente deniers de Judas.
2Ancienne monnaie française, valant la deux cent quarantième partie de la livre (et le douzième d'un sou). Fam. Vx N'avoir pas un denier, pas d'argent. ⇒ sou. La commune « pourra payer ses contributions sans qu'il en coûte un denier aux habitants » (Balzac). Anciennt Intérêt d'une somme d'argent, d'un capital. Argent placé au denier 20, à intérêt du vingtième (5%).
3(denier à DieuXVe; « contribution pour des œuvres de charité » v. 1283; denier de saint Pierre v. 1190) Somme versée en tribut. (1906) DENIER DU CULTE : somme d'argent versée chaque année par les catholiques au curé de leur paroisse pour subvenir aux besoins du culte.
4(1273) Plur. (en loc.) DE SES DENIERS : avec son propre argent. Je l'ai payé de mes deniers, de mes propres deniers.
Les DENIERS PUBLICS : les revenus de l'État. — Comptabilité en deniers, qui retrace les opérations en monnaie (opposé à comptabilité matières).
5Techn. Ancienne unité de mesure du titre des fils ou des fibres (remplacée par le décitex). Le titre en deniers indique la masse en grammes de 9 000 m de fil. Bas de trente deniers.

denier nom masculin (latin denarius) Monnaie romaine d'argent valant 10 as. Monnaie française d'argent, créée à l'époque carolingienne et valant 1°12 de sous ou 1°240 de livre. Unité ancienne de titrage (masse en grammes d'une longueur de 9 000 m) des fils et des fibres textiles, remplacée par le décitex. ● denier (expressions) nom masculin (latin denarius) Allocations en deniers, celles qui sont versées en numéraire (par opposition à celles qui sont versées en nature). Denier du culte ou de l'Église, offrande des catholiques instituée en France après la séparation de l'Église et de l'État, pour l'entretien de leur clergé. Denier de saint Pierre, offrande volontaire faite au pape par les fidèles.

n. m.
d1./d ANTIQ Monnaie romaine.
d2./d (Plur.) Payer qqch de ses deniers, de son propre argent. En être de ses deniers, de sa poche.
d3./d RELIG CATHOL Denier du culte: somme recueillie auprès des fidèles pour subvenir aux frais du culte et à l'entretien du clergé.
|| Fam. Les deniers de l'état, les deniers publics: les fonds publics.

⇒DENIER, subst. masc.
A.— HISTOIRE
1. [Dans la Rome antique] Monnaie d'argent qui valait originellement dix as, et dont la valeur a varié au cours des années. Les trente deniers de Judas :
1. Quant à Monsieur
S, ce serait faire œuvre pie
Et trop d'honneur
A ce brigand de la littérature
Qui vendrait Dieu
Trente deniers...
VERLAINE, Œuvres complètes, t. 3, Invectives, 1896, p. 343.
2. [Dans l'Europe occidentale et en France jusqu'au XIXe s.] Monnaie valant un douzième du sou. Denier d'argent, de cuivre, d'or, de plomb; denier parisis, tournois. Termes en assoc. fréq. liard, livre, maille, sou, écu. Bientôt, à travers tout l'Occident, il y eut autant de deniers divers en circulation qu'il y avait de grands fiefs pourvus de la haute justice (H. PIRENNE, Hist. écon. et soc. du Moyen-Âge, Paris, P.U.F., 1969, p. 95) :
2. La compagnie des mines de Montsou était créée (...). Pour la répartition on avait divisé, d'après l'étalon de la monnaie du temps, la propriété totale en vingt-quatre sous, dont chacun se subdivisait en douze deniers.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1197.
B.— P. méton. ou litote
1. Vx ou vieilli. Somme d'argent indéterminée à la disposition d'une personne ou d'une collectivité. Au sing. Somme d'argent faisant partie d'un patrimoine privé ou collectif. Synon. Bien, capital, dot, héritage. Et, sournois, je ferais des trous à son panier Sous l'énorme tas d'or qu'il nomme son denier (HUGO, Art d'être gd-père, 1877, p. 138) :
3. ... il dotera sa fille d'un million et demi, et elle en aura trois après sa mort. Ah! c'est un joli denier, et si tu n'étais pas si bête!
SAND, Monsieur Sylvestre, 1866, p. 57.
Au plur. [Surtout employé dans des expr. avec un déterminatif ou un compl. prép. de exprimant la possession] Payer, entretenir de ses deniers; verser sur ses propres deniers. Les frais d'impression étant assez élevés, nos camarades comprendront que nous désirons les couvrir de nos propres deniers (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 116).
2. Somme versée volontairement comme obole ou contribution. Denier du culte (versé au clergé local), denier de Saint-Pierre (destiné au pape). Les visites du curé venant toucher le denier du culte et le denier de Saint-Pierre pour la propagation de la foi (BAZIN, Vipère, 1948, p. 27).
Vieilli. Denier à Dieu. Arrhes ou pourboire versé en signe d'accord dans certaines transactions :
4. Elle [la locataire] marchait avec peine, poussant devant elle un ventre de femme enceinte (...) Un ventre de fille pas mariée, qu'elle avait apporté on ne savait d'où, car elle était toute plate en donnant le denier à Dieu! Oh! Sans cela, certes, jamais on ne lui aurait loué.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 254.
Au sing. (dans des loc. négatives)
Ne pas avoir un denier. Cet homme eut assez de courage pour prendre notre tuilerie à bail sans avoir un denier vaillant (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 108). Ne pas accepter ou demander un denier. Je n'ai jamais demandé un denier à personne pour mes soins (BALZAC, Méd. camp., 1833 p. 61).
Ne pas donner un denier. Elle peut mourir dans les horreurs de la faim et de la soif (...) je ne donnerais pas un denier pour l'empêcher de souffrir (...) (BALZAC, Double fam., 1830, p. 303).
C.— Emplois techn.
1. FINANCES
a) Vx, loc. Au denier (suivi d'un nom de nombre). L'intérêt d'un prêt ou d'un placement. Placer, prêter au denier deux, au denier douze, au denier vingt. L'intendant-des-intendants, après un long salut, reprit :« prêté à Tigillas, jusqu'à la fin de la saison, deux kikar au denier trois, intérêt maritime... » (FLAUB., Salammbô, 1863, p. 142).
b) Employé au plur. Sommes inscrites au budget d'un organisme public.
Les deniers de la France, de l'État; les deniers publics :
5. Une fois la règle des deux centimes mise hors de débat, le contrôleur n'était pas prêt à transiger sur la qualité ni sur les tarifs. Ainsi qu'il aimait à le dire, « il défendait âprement les deniers de l'État ».
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1938, p. 177.
2. MÉTROLOGIE
a) Unité servant au titrage de l'argent et de certains métaux précieux.
Denier de fin, d'aloi. Quantité d'argent fin contenu dans un lingot que l'on suppose être divisé en douze parties. Argent à onze deniers. On évaluait la bonté de l'argent par deniers, et celle de l'or par carats (Ac. 1878).
b) Poids de 0,05 g utilisé dans le commerce de la soie; unité utilisée pour le titrage des fils de soie, rayonne ou nylon, le nombre de deniers correspondant au poids en grammes de neuf mille mètres de fil. Leurs gambilles longues gaînées quinze deniers (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 17).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. dener « monnaie romaine » (Passion du Christ, éd. D'Arco S. Avalle, 85); 2. ca 1100 dener « monnaie française » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 1262); 3. a) ca 1175 Li deniers saint Piere (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Vie de Saint-Thomas, éd. E. Walberg, 2666); b) ca 1283 denier Dieu « contribution qui se payait sur tous les marchés et engagements » (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvoisis, éd. Beugnot, chap. 34, § 60); 1648 denier à Dieu « arrhes versées pour un marché, une location » (SCARRON, Virgile travesti, I ds LITTRÉ); c) 1689 denier de la veuve [cf. Luc XXI, 1-4] (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, à Mme de Grignan, III, 331, éd. Gérard-Gailly ds QUEM. Fichier); d) [1906 denier du culte (Lar. d'apr. Lar. Lang. fr.)]; 1922 (Statuts synodaux de Grenoble ds NAZ, s.v. denier du culte); 4. ca 1168 plur. « argent » (CHR. DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1840); 5. a) 1256 « ancienne mesure de poids » (A. DE SIENNE, Le Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 72, 25); b) 1870 « mesure du poids des fils de soie » (Lar. 19e); 6. 1349 « taux de l'intérêt d'une somme » (G. DE MACHAUT, Jugement du roi de Navarre, éd. E. Hoepffner, 413 : pour un denier vint). Du lat. class. denarius « denier, pièce d'argent qui, à l'origine, valait dix as; poids d'une drachme attique ». Fréq. abs. littér. :437. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 191, b) 404; XXe s. : a) 586, b) 272. Bbg. BLANCHET (A.). Le denier et l'obole d'or redevances médiév. In : [Mél. Brunel (C.)]. Paris, 1955, pp. 147-151. — DAUZAT (A.). L'Attraction paron. ds le fr. pop. contemp. Archivum Romanicum. 1937, t. 21, pp. 203-204; Ling fr. 1946, p. 256. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 218, 334. — LECOY (F.). Notes de lexicogr. fr. Romania. 1948-49, t. 70, pp. 332-354. — LEW. 1960, p. 79. — QUEM. Fichier. — ROG. 1965, p. 132.

denier [dənje] n. m.
ÉTYM. V. 1175; dener, v. 1110; lat. denarius, de deni « dix par dix ». → Dénaire.
1 Ancienne monnaie romaine, d'argent, valant dix as, puis seize.Le denier de César. || Les trente deniers de Judas.
1 Et ils lui présentèrent un denier. Et il leur dit : « De qui cette image et l'inscription ? — De César », lui dirent-ils.
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, XXII, 19-20 (→ Rendre, cit. 3).
2 (…) il (Judas) vend pour trente deniers celui qui devait être la rédemption du monde entier.
Bourdaloue, Passion de J.-C., IIIe sermon.
2 Ancienne monnaie française, valant la deux cent quarantième partie de la livre. Liard, livre, sou.
3 (…) Douze sols huit deniers : le compte est juste.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 4.
4 Le denier, qui était la deux-cent-quarantième partie d'une livre d'argent de douze onces (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, XIX.
5 Pour vous résumer notre situation par des chiffres, plus significatifs que mes discours, la Commune possède aujourd'hui deux cents arpents de bois (…) Dans quinze ans d'ici, elle aura pour cent mille francs de bois à abattre, et pourra payer ses contributions sans qu'il en coûte un denier aux habitants (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 356.
Le denier tournois valait le tiers d'un liard et le douzième d'un sou. || Quart de denier. Pite. || Denier d'argent. || Denier d'or.
Fam., vx. N'avoir pas un denier : n'avoir pas d'argent. Rond, sou (il n'a pas le rond, pas le sou).
(1349). Anciennt (suivi d'un nombre). Intérêt (d'une somme d'argent, d'un capital). || Argent placé au denier 20, dont l'intérêt est égal au vingtième du capital, c'est-à-dire à 5%.
6 (…) vingt pistoles rapportent par année dix-huit livres six sols huit deniers, à ne les placer qu'au denier douze.
Molière, l'Avare, I, 4.
7 (…) les rentes, qui étaient au denier dix, tombèrent au denier vingt.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXII, VI.
3 (XVe; denier à Dieu « légère contribution pour des œuvres de charité »). Somme versée en tribut.
Hist. relig. Denier de Saint-Pierre : à Rome, tribut que l'on payait le jour de la fête de Saint-Pierre-aux-Liens.Mod. Argent recueilli par l'Église catholique parmi les fidèles, pour subvenir aux besoins du pape.
7.1 Puisqu'il ne pouvait accepter la subvention du royaume d'Italie, l'idée vraiment touchante du denier de Saint-Pierre aurait dû sauver le Saint-Siège de tout souci matériel, à la condition que ce denier fût en réalité le sou du catholique.
Zola, Rome, p. 271.
(1906). Denier du culte : somme d'argent versée chaque année par les catholiques au curé de leur paroisse pour subvenir aux besoins du culte. || Chaque évêque collecte et répartit le denier du culte de son diocèse.
Loc. (1689). Vx. Le denier de la veuve : l'aumône modeste que fait un pauvre.
Vx. Denier de confession : offrande que les pénitents versaient autrefois à leur confesseur.
(1648). Vieilli. Denier à Dieu : arrhes versées pour un marché, une location verbale. Arrhes. Vx. Gratification donnée au concierge d'un immeuble par un nouveau locataire.
4 (1273). Plur. Somme d'argent indéterminée (souvent avec un possessif). Argent. || Acheter une chose avec ses propres deniers, de ses propres deniers (→ Attributaire, cit.), avec son propre argent. || Je l'ai payé de mes deniers.Les deniers publics : les revenus de l'État. Caisse. || Malversation dans le maniement des deniers publics. Concussion, péculat.
8 Les Phocéens ouvrirent les yeux, et nommèrent des commissaires pour faire rendre compte à tous ceux qui avaient touché les deniers publics (…)
Rollin, Hist. ancienne, t. VI, p. 43, in Pougens.
5 (1870). Dans le commerce de la soie, Poids de 0,05 g; ancienne unité de mesure de la finesse du fil, de la fibre. || On classe les fils de soie d'après le nombre de deniers pour 450 mètres (nombre de grammes par 9 000 m). || Bas de trente deniers. || Le denier a été remplacé par le décitex.

Encyclopédie Universelle. 2012.