démagogie [ demagɔʒi ] n. f.
• 1791; démagogisme n. m. 1796; gr. dêmagôgia
1 ♦ Politique par laquelle on flatte, on exploite les sentiments, les réactions des masses. Agir par démagogie.
2 ♦ État politique dans lequel la multitude commande au pouvoir. Démagogie et démocratie. « La démagogie s'introduit quand, faute de commune mesure, le principe d'égalité s'abâtardit en principe d'identité » (Saint-Exupéry).
● démagogie nom féminin (grec dêmagôgia) Action de flatter les aspirations à la facilité et les passions des masses populaires pour obtenir ou conserver le pouvoir ou pour accroître sa popularité.
démagogie
n. f.
d1./d Politique, procédés d'un démagogue.
d2./d Didac. état social dans lequel le pouvoir politique est aux mains de la multitude.
⇒DÉMAGOGIE, subst. fém.
POL., gén. péj.
A.— INSTITUTIONS
1. Exercice du pouvoir par des factions populaires ou par leurs meneurs, avec les abus qui en résultent; système de gouvernement correspondant. Démagogie effrénée. Les peuples roulaient dans les alternatives d'une démagogie furieuse et d'une tyrannie atroce (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 167).
Rem. Démagogie/démocratie. La démagogie est une forme dégradée ou excessive de la démocratie. Celle-ci suppose une éducation des citoyens à la vie coll., pol., alors que la démagogie laisse libre cours aux passions populaires.
2. P. méton. Ensemble de démagogues exerçant le pouvoir ou de partisans d'un tel régime. Projets nourris par la démagogie européenne pour le printemps (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 136).
3. Rare. Opinion favorable à ce régime. Nous avions (...) disputé politique. Il me reprochait « ma démagogie ». Lui était légitimiste (HUGO, Choses vues, 1885, p. 219).
B.— Usuel
1. Recherche de la faveur du peuple pour obtenir ses suffrages et le dominer. Faire de la démagogie. Par une démagogie facile, les impôts furent à peu près supprimés (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 184).
2. P. ext. Fait de flatter une collectivité, en particulier un auditoire :
• ... j'ai (...) assisté à la séance inaugurale du congrès [des jeunes gens des Auberges de la Jeunesse]. Par comble, j'ai fait un discours. Ah! jeunes gens, si j'avais été un peu démagogue, je sais bien ce que je vous aurais dit : j'aurais célébré vos lumières. C'est une démagogie assez répandue aujourd'hui. Mais je n'ai pu mentir...
GUÉHENNO, Journal d'une « Révolution », 1938, p. 140.
Rem. Plusieurs dict. enregistrent le subst. masc. démagogisme, péj. Pratiques de démagogue dépassant en durée ou en intensité la moyenne de la démagogie. Synon. proche de démagogie. Fureurs du démagogisme (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 150).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1791 (BRISSOT, Société des amis de la Constitution, séante aux Jacobins, pp. 15-16 ds FREY, p. 106). Empr. au gr. « art de mener le peuple, en partic. « art de le conduire en le flattant pour avoir ses faveurs », dér. de (démagogue). Fréq. abs. littér. :113.
démagogie [demagɔʒi] n. f.
ÉTYM. 1791; démagogisme, n. m., 1796; grec dêmagôgia, de dêmagôgos. → Démagogue.
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1 Cour. Politique par laquelle on flatte, excite, exploite les passions de la multitude. — Par ext. Attitude démagogique en politique. || La démagogie de l'opposition, du gouvernement. || Faire preuve de démagogie. || C'est de la démagogie ! || C'est une mesure de pure démagogie.
2 Didact. État politique dans lequel la multitude commande au pouvoir. ⇒ Ochlocratie.
1 Un des moyens qui réussissent le mieux parmi les innombrables moyens heureux de l'éternelle démagogie consiste à lancer le populaire, préalablement entraîné, sur une minorité habilement circonscrite (…)
Ch. Péguy, la République,… p. 101.
2 La démocratie n'a pas d'ennemie plus redoutable que la démagogie.
Alfred Croiset, Démocraties antiques, p. 335.
3 (…) la démagogie, comme aurait dit Aristote, cette forme « pervertie » de la démocratie.
Robert Cohen, Athènes, une démocratie, XII, p. 230.
4 La démagogie s'introduit quand, faute de commune mesure, le principe d'égalité s'abâtardit en principe d'identité. Alors le soldat refuse le salut au capitaine, car le soldat, en saluant le capitaine, honorerait un individu, et non la nation.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXVI, p. 223.
Encyclopédie Universelle. 2012.