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déjouer

déjouer [ deʒwe ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; « cesser de jouer » 1119; de dé- et jouer
Faire échouer (le jeu, les manœuvres de qqn). confondre , contrecarrer (cf. Faire échec à). Déjouer un complot. Par ext. Mettre en défaut. Déjouer la surveillance de l'ennemi. tromper. Déjouer les plans d'un adversaire. « Félicité invariablement déjouait leurs astuces » (Flaubert). « Le hasard déjoua toute précaution » (Martin du Gard). ⊗ CONTR. Appuyer, seconder, soutenir.

déjouer verbe transitif Faire échouer quelque chose, l'empêcher de se réaliser ; contrecarrer : Déjouer une machination.déjouer (synonymes) verbe transitif Faire échouer quelque chose, l'empêcher de se réaliser ; contrecarrer
Synonymes :
- contrecarrer
- enrayer
- entraver
- esquiver
- juguler
- se jouer de
- tromper

déjouer
v. tr. Faire échouer (une intrigue). Déjouer un complot.

⇒DÉJOUER, verbe trans.
A.— Faire échouer un projet, une entreprise.
1. [Le compl. d'obj. direct est abstr. et désigne le projet ou l'opération destinée à servir le projet de qqn] Déjouer des calculs, un complot, une machination, une ruse. La fortune a déjoué ses desseins (DG). Sa véritable maîtresse aux décisions impossibles à prévoir, aux ruses difficiles à déjouer (PROUST, Swann, 1913, p. 153) :
1. ... il aimait l'intrigue comme un jeu, même quand le but ne l'intéressait pas, et secondait Madame d'Arbigny dans le désir qu'elle avait de s'unir à moi, quitte à déjouer ce projet si l'occasion de servir le sien se présentait.
Mme DE STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 263.
2. [Le compl. d'obj. direct est concr. et désigne l'attribut, l'instrument d'un individu destiné à le servir dans ses desseins] Déjouer les rossignols des amants et des voleurs (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 201). Le poignet de Venant (...) déjoua le pouce qui cherchait le nerf sensible (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 225).
3. Rare. [Le compl. d'obj. direct désigne une pers.] Mettre qqn en échec dans ses actes, ses paroles ou ses desseins. Jean Valjean (...) déjoua l'espion en gardant le silence (HUGO, Mis., t. 1, 1862, p. 566) :
2. — D'où savez-vous ça? — Oh! je l'ai toujours su. Je me mis à rire. « Vous mentez! vous l'avez lu dans un livre, cette nuit sans doute pendant que je dormais. Sans ça vous me l'auriez dit hier, dans le car. » Il eut l'air penaud; « c'est quand même drôle, même dans les petites choses, vous me déjouez toujours. »
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 427.
B.— P. ext. Tromper, mettre en défaut. Au chef-lieu, il se perdait, car il déjouait toute surveillance (COLETTE, Sido, 1929, p. 139).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. déjouable. Qui peut être déjoué. Ce pouvoir de mentir impunément, à volonté, à l'infini, pouvoir essentiellement déjouable, auprès de l'invincible pouvoir de vouloir (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 259).
Prononc. et Orth. :[], (je) déjoue []. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1121 se dejuër « se réjouir, se distraire » (PH. DE THAUN, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1369) — XIVe s. ([G. DE ST-ANDRÉ], Liv. du bon Jeh. ds LITTRÉ); b) 1694 « (d'un pavillon) voltiger, jouer au gré du vent » (CORNEILLE); 2. a) XIIIe s. « déconcerter, décontenancer » (N. DE MARGIVAL, Panthère d'amour, éd. A. Todd, 2328) — 1354-76 (Modus et Ratio, 139, 16 ds T.-L.); b) 1792 « faire échec à quelque chose » (MARAT, Pamphlets, Marat, l'ami du peuple, p. 306 : déjouer les menées des intrigants). Dér. de jouer; préf. dé-. Fréq. abs. littér. : 237 (déjoué : 77). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 377, b) 284; XXe s. : a) 282, b) 360. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 27-28.

déjouer [deʒwe] v. tr.
ÉTYM. 1121, se dejuër « se réjouir »; de 1. dé-, et jouer.
Faire échouer (le jeu, les manœuvres de quelqu'un). Confondre, contrebattre, contrecarrer, dépister. || Déjouer une intrigue, un complot.Par ext. || Déjouer la malveillance, les intrigues de qqn.Déjouer la surveillance des ennemis. Tromper. || Déjouer les plans, les manœuvres, les combinaisons d'un adversaire. || Déjouer les attaques d'un interlocuteur en le déconcertant.
1 Félicité invariablement déjouait leurs astuces; et ils s'en allaient pleins de considération pour elle.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », II.
2 Ce double calcul est doublement déjoué.
Ch. Péguy, la République…, p. 275.
3 Le hasard déjoua toute précaution.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 145.
4 J'étais à la fois honteux de me sentir joué et fier de sentir que je déjouais la ruse.
A. Maurois, Climats, I, IX, p. 76.
5 (…) tout leur montrer, cela vaut mieux, ils auront peut-être pitié, un peu honte de voir cela exhibé, ils détourneront les yeux, ils essaieront eux-mêmes de masquer cela, de l'oublier (…) c'est le seul moyen de déjouer ce tour cruel que lui a joué un sort facétieux (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 204.
CONTR. Appuyer, seconder, soutenir.

Encyclopédie Universelle. 2012.