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défiance

défiance [ defjɑ̃s ] n. f.
XVIe; « défi » 1170; de se défier
Sentiment d'une personne qui craint d'être trompée. crainte, doute, méfiance, suspicion. Accueillir une nouvelle avec défiance. circonspection, réserve, scepticisme. Inspirer, éveiller la défiance, mettre en défiance (cf. Mettre la puce à l'oreille). « Son attitude obséquieuse aurait suffi à me mettre en défiance » (F. Mauriac). Éprouver de la défiance pour qqn, à l'égard de qqn. Vote de défiance, de désapprobation. ⊗ CONTR. Confiance.

défiance nom féminin (de se défier) Manque de confiance, crainte d'être trompé ; méfiance : Un regard plein de défiance. Désapprobation de l'action de quelqu'un : L'assemblée émet un vote de défiance.défiance (citations) nom féminin (de se défier) Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 Je ne me défie pas de la machine que je regarde avec curiosité sur son socle ou sous sa verrière. Je me défie de la machine qui est en moi. Paroles de médecin Mercure de France Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 Je ne me défie pas de la machine que je regarde avec curiosité sur son socle ou sous sa verrière. Je me défie de la machine qui est en moi. Paroles de médecin Mercure de France François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Il est plus honteux de se défier de ses amis que d'en être trompé. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Il est plus honteux de se défier de ses amis que d'en être trompé. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Notre défiance justifie la tromperie d'autrui. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Notre défiance justifie la tromperie d'autrui. Maximes Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 Les gens les plus défiants sont souvent les plus dupes. Mémoires Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 Les gens les plus défiants sont souvent les plus dupes. Mémoires Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 L'on est plus souvent dupe par la défiance que par la confiance. Mémoires Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 L'on est plus souvent dupe par la défiance que par la confiance. Mémoires Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné Paris 1626-Grignan 1696 Rien n'est plus capable d'ôter tous les bons sentiments, que de marquer de la défiance. Correspondance, au comte de Grignan, 28 novembre 1670 Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné Paris 1626-Grignan 1696 Rien n'est plus capable d'ôter tous les bons sentiments, que de marquer de la défiance. Correspondance, au comte de Grignan, 28 novembre 1670 François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 En philosophie, il faut se défier de ce qu'on croit entendre trop aisément, aussi bien que des choses qu'on n'entend pas. Lettres philosophiques, XV défiance (synonymes) nom féminin (de se défier) Manque de confiance, crainte d'être trompé ; méfiance
Synonymes :
- méfiance
Contraires :
- assurance
- confiance
- sécurité
- tranquillité

défiance
n. f. Crainte d'être trompé, méfiance. Ses mensonges répétés inspirent la défiance.

⇒DÉFIANCE, subst. fém.
[Correspond à défier2] Sentiment de celui qui se défie.
A.— Au sing. Crainte méfiante envers quelqu'un ou quelque chose dont on n'est pas sûr ou qui semble présenter un risque, un danger. Synon. méfiance, prévention, prudence, réserve, réticence, suspicion; anton. confiance.
1. [Sans compl. désignant l'obj. de la défiance]
a) [Sans caractérisant]
) [En fonction de sujet] Faire circuler la défiance. La défiance au sujet de l'attitude de Frédéric II n'était cependant que trop fondée (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 318).
) [En fonction de compl.] Dissiper la défiance, inspirer (de) la défiance, ressentir de la défiance, être dans la défiance, être porté à la défiance. Il n'excite pas seulement la jalousie, la défiance, la crainte des sectes moins favorisées (LAMENNAIS, Avenir, 1831, p. 238). Un pauvre petit garçon, devant qui un personnage considérable ne doit éprouver aucune défiance (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 15). Francillon se penchait sur le livre avec une application pleine de défiance, comme s'il se fût proposé de déceler les mensonges de l'auteur (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 54) :
1. Elle [vertu du défaut] tient à la défiance où nous jette, avant toute analyse, une réussite trop complète : le beau, le poli, l'accompli nous sont également suspects — comme s'ils trahissaient je ne sais quelle obéissance à des règles et des formes déjà arrêtées.
PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, p. 198.
SYNT. Avoir, concevoir de la défiance; exprimer la défiance; créer, provoquer (de) la défiance; désarmer la défiance; fonder, justifier la défiance.
Locutions
De défiance. Air, attitude, esprit, mouvement de défiance; motifs de défiance. Elle jeta un regard de défiance sur Maxime (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 411).
Rem. La docum. atteste l'expr. homme de défiance, d'emploi styl., anton. de homme de confiance. Joseph le présente ainsi : « C'est mon homme de défiance » (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 67).
Vote de défiance (pol.). Vote par lequel on refuse la confiance ou vote de soutien assorti de marques de désapprobation. Les problèmes proprement administratifs ne font pas généralement l'objet de votes de confiance ou de défiance (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 172).
Avec défiance. Agir, parler, écouter (qqn) avec défiance. Ce jeune professeur qui, au cours d'un dîner, a considéré sa tranche de melon avec défiance et fini par la manger tout entière (SARTRE, Mots, 1964, p. 28).
Sans défiance. Le pauvre était sans défiance (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 63). Un élève docile, appliqué, sans défiance (SÉAILLES, E. Carrière, 1911, p. 65).
Par défiance. Je ne suis pas venu par défiance (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 233).
En défiance
Vieilli. Tout le monde vous regarde en défiance (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 156).
Mettre en défiance. Un secret instinct le mettait en défiance (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 954). Cette inaction (...) le mit en défiance (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 10). Emploi pronom. réfl. Jeanne (...) flaira une rivale et se mit tout de suite en défiance (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 97).
Tenir en défiance. Longtemps, le socialisme a tenu en défiance l'arbitrage international (JAURÈS, Guêpier marocain, 1914, p. 130).
b) [Accompagné d'un caractérisant] Défiance instinctive. Appliqué aux affirmations des documents, le doute méthodique devient la défiance méthodique (LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p. 131). Une défiance constante et jalouse qui touche à l'idée fixe (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 206).
SYNT. Défiance irraisonnée, maladive, morbide, naturelle, rationnelle; défiance compréhensible, exagérée, excessive, injuste, juste, légitime.
2. [Suivi d'un compl. exprimant l'obj. de la défiance] Défiance à l'égard de, à l'endroit de, contre, dans, envers, vis-à-vis de qqn, qqc. Défiance instinctive pour tout ce que vient agrémenter le plaisir (GIDE, Journal, 1921, p. 702). Descartes se fait donc une politique de prudence, de réserve et de retraite, et même de défiance à l'égard des hommes (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 228). Il y a chez les marxistes une défiance de toute intériorité qui s'explique aisément (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 91).
Mettre en défiance contre qqn/qqc. Je vous mettais en défiance contre certains faux ou fausses commissionnaires (VERLAINE, Corresp., t. 2, 1892, p. 203).
♦ [L'obj. de la défiance est indiqué par un adj.] Manifestations de défiance monétaire (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 30, col. 2).
En partic. Manque de confiance en soi, en ses capacités. Anton. assurance. Le parti pris de défiance à son propre égard (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 83). Ni l'assurance ni la défiance de soi ne jugent donc un homme sans autre enquête (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 556) :
2. J'écoutais trop autrui et lui donnais beaucoup plus de crédit qu'à moi-même, autant par sympathie que par défiance de moi, par incurable modestie, par crainte « d'abonder dans mon sens ».
GIDE, Journal, 1932, p. 1118.
B.— P. méton., surtout au plur. Sentiment, attitude de crainte méfiante d'une personne habituellement soupçonneuse, craintive (soit en général, soit dans un type de situation ou dans un domaine donné). Continuelles, éternelles, permanentes, perpétuelles défiances. Synon. soupçon, suspicion. Enrageant contre les sottes défiances de son mari (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 101). Son attitude passée légitimait, de la part de Jenny, toutes les défiances (MARTIN DU GARD, Thib., Été 14, 1936, p. 400). Vous vous défiez de moi. Ho! Ces défiances me font mourir (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1045) :
3. Nous verrons l'exil uni à la défaveur, entourant ceux qu'il frappe de soupçons et de défiances, les précipitant dans une atmosphère de proscription, les livrant tour à tour à la froideur du premier étranger, à l'insolence du dernier agent.
CONSTANT, Principes de pol., 1815, p. 152.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. deffiance; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Cf. dé-1. Étymol. et Hist. 1. 1170 « défi (au combat) » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4829) — XVIe s. ds HUG.; 2. 1532 « sentiment de celui qui se défie de quelqu'un ou de quelque chose » par défiance (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. 8, p. 42). Dér. du rad. de défier; suff. -ance. Fréq. abs. littér. : 1 074. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 117, b) 1 738; XXe s. : a) 1 342, b) 1 021.

défiance [defjɑ̃s] n. f.
ÉTYM. XVIe; « défi », 1170; de 2. défier (se).
Sentiment d'une personne qui se défie; méfiance jointe à la crainte. Crainte, doute, méfiance, prudence, suspicion. || Défiance injustifiée. Prévention. || Éprouver, ressentir, témoigner de la défiance pour qqn, envers qqn, à l'égard de qqn, vis-à-vis de qqn. || Accueillir une nouvelle avec défiance. Incrédulité, réserve, scepticisme. || Inspirer de la défiance. || L'ombre excite la défiance et l'inquiétude chez les chevaux. Effaroucher; ombrage (donner de l'ombrage). || Éveiller la défiance (→ Mettre la puce à l'oreille). || Il a justifié notre défiance en nous trompant, en nous trahissant.
1 La méfiance fait qu'on ne se fie pas du tout; la défiance fait qu'on ne se fie qu'avec précaution. Le défiant craint d'être trompé; le méfiant croit qu'il sera trompé.
E. Littré, Dict., art. Défiance.
2 Notre défiance justifie la tromperie d'autrui.
La Rochefoucauld, Maximes, 86.
3 L'esprit de défiance nous fait croire que tout le monde est capable de nous tromper.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la défiance.
4 L'extrême défiance n'est pas moins nuisible que son contraire. La plupart des hommes deviennent inutiles à celui qui ne veut pas risquer d'être trompé.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 101.
5 (…) il eut une pensée de prudence, ou de défiance si vous voulez.
Balzac, Mme de La Chanterie, Pl., t. VII, p. 251.
6 (…) avec cet accent de Montélimar qui éveille la défiance d'un Normand.
M. Barrès, Leurs figures, p. 81.
(Une, des défiances). Sentiment ou attitude particulière de défiance.
7 Dès que la jalousie est découverte, elle est considérée par celle qui en est l'objet comme une défiance qui autorise la tromperie.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 73.
En défiance. || Être, mettre en défiance.
8 Son attitude obséquieuse aurait suffi à me mettre en défiance, si je n'avais rien su, et à m'avertir que j'étais trahi.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XVI, p. 183.
Défiance envers, à l'égard de, vis-à-vis de soi-même : manque de confiance en soi.
9 (…) au jugement que je fais de moi-même je tâche toujours de pencher vers le côté de la défiance plutôt que vers celui de la présomption (…)
Descartes, Discours de la méthode, I.
Prov. Défiance est mère de sûreté. Méfiance, prudence.
CONTR. Confiance. — Abandon, assurance, crédulité, croyance, foi, imprudence, sécurité, tranquillité. — Présomption.

Encyclopédie Universelle. 2012.