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découdre

découdre [ dekudr ] v. tr. <conjug. : 48>
XIIe; de dé- et coudre
1Défaire (ce qui est cousu). Découdre un bouton. Pronom. Semelle qui se découd. P. p. adj. décousu.
2Vén. Déchirer le ventre de (un animal) par une blessure en long. éventrer. Cerf qui découd un chien.
(XVIe) Cour. EN DÉCOUDRE : se battre. Il est toujours prêt à en découdre, à en venir aux mains. En découdre avec qqn.
⊗ CONTR. Coudre.

découdre verbe transitif Défaire un vêtement, quelque chose qui était cousu : Découdre une robe, un bouton.découdre (difficultés) verbe transitif Conjugaison Comme coudredécoudre (synonymes) verbe transitif Défaire un vêtement, quelque chose qui était cousu
Synonymes :
- débâtir
- défaufiler
- dépiquer
découdre verbe intransitif En découdre avec quelqu'un, en venir aux mains, entrer en contestation, s'affronter. ● découdre (expressions) verbe intransitif En découdre avec quelqu'un, en venir aux mains, entrer en contestation, s'affronter.

découdre
v.
d1./d v. tr. Défaire (ce qui est cousu). Découdre un ourlet.
v. Pron. Se dit des choses dont la couture se défait. L'ourlet s'est décousu.
d2./d v. intr. En découdre: se battre.

⇒DÉCOUDRE, verbe trans.
A.— Usuel
1. Défaire ce qui est cousu ensemble en enlevant méthodiquement les fils qui attachent les différentes parties.
a) [Le compl. d'obj. désigne un élément surajouté] Découdre une broderie, des anneaux de rideaux. Elle décousait la doublure d'une robe, dont les bribes s'éparpillaient autour d'elle (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 99). Brunet l'ouvre [le couteau] et commence à découdre ses galons (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 222).
b) [Le compl. d'obj. désigne un tout fait de parties cousues] Découdre un manteau, une chaussure, un livre. La fille du sire de Pontarmé, éprise du beau Lautrec (...) meurt; et le chevalier, revenant de la croisade, fait découdre avec un couteau d'or fin son linceul de fine toile (NERVAL, Bohême gal., 1855, p. 217). J'ai fait découdre le gros volume des Mémoires du cardinal de Retz (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 5).
Emploi pronom. passif. Être spontanément décousu par usure. À l'une [des chaussures] manquait un talon, à l'autre un bout de semelle, une autre qui se décousait du bout (GIDE, Journal, 1907, p. 240). Ta veste, (...) elle se découd par là à l'entournure (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 87).
P. métaph. J'ai lu quelque part que les vieilles amitiés doivent être décousues, s'il le faut absolument, mais jamais déchirées (J. DE MAISTRE, Corresp., 1806-07, p. 287).
c) [Le compl. d'obj. désigne un repli cousu, de manière à ouvrir l'étoffe] Découdre un ourlet. Une fois dans l'appartement, on s'aperçut que les rideaux étaient trop courts. Il fallait découdre un rempli et refaire un ourlet (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 89).
2. Ouvrir en défaisant la couture d'un contenant fermé par une couture (cf. supra A 1 c). Découdre un sac, un matelas. Quant à la famille, ne décousait-elle pas les matelas, pour fouiller partout? (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 211). Les soldats décousaient les sacs et envoyaient l'étoffe aux leurs, en Allemagne (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 386).
P. anal. Ouvrir le corps d'un animal en pratiquant une incision. Je découds la peau [d'un chamois mort] tout le long des pattes de derrière du sabot à l'anus (GIONO, Eau vive, 1943, p. 104).
B.— VÉNERIE
1. [Le suj. désigne un sanglier ou un cerf] Déchirer en long le ventre d'un cheval, d'un chien, etc. par un coup de défense, d'andouiller. Synon. éventrer. J'ai vu dans le chemin passer un sanglier. (...) Un ragot; il avait des défenses À découdre dix chiens (DUMAS père, Charles VII, 1831, IV, 1, p. 284). Faraud, le mâle, allait mieux : il avait été décousu une huitaine plus tôt par un sanglier attaqué (VIALAR, Rendez-vous, 1952, p. 146).
2. P. ext.
a) [En parlant d'un animal] Blesser (le cas échéant, mortellement) quelqu'un. Mais les taureaux en profitaient quelquefois pour découdre des curieux moins agiles que les toreros (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 154).
b) [En parlant de pers.] Les hommes qui ne veulent ni découdre, ni assassiner personne (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 88).
Loc. fam. En découdre (avec qqn). Se battre, p. ext. se mesurer (avec un adversaire), se quereller. Cette grande nation [la France] (...) n'a plus rien du vieux sang de ses aïeux (...). Cela ne veut pas dire que si l'on vient à en découdre, elle ne se battra pas vigoureusement (MÉRIMÉE, Lettres Ctesse de Montijo, t. 2, 1839-70, p. 129). Le vieillard alla chercher Madame Chardon, à laquelle il dit : — Vous aurez à en découdre avec l'abbé Marron (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 645). À cette idée que les lions étaient là tout près, à deux pas, et presque sous la main, et qu'il allait falloir en découdre, brr!... un froid mortel le saisit (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 65).
Prononc. et Orth. :[], (je) découds [deku]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Cf. coudre. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1175 « défaire ce qui est cousu » (CHR. DE TROYES, Cliges, éd. A. Micha, 5860); cf. XIIIe s. [ms.] gant descosu (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, var. ms. Paris, franç. 774 et 1149, vers 1137 a); 1580 fig. un parler ... descousu (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 1, chap. 26); 2. 1678 « déchirer, éventrer par une blessure en long (en parlant du sanglier) » (LA FONT., VIII, 27). B. Intrans. fin XVIe s. « se battre » (Lett. de Henri IV, Bulletin du Comité de la langue, t. III, n° 8, p. 420 ds LITTRÉ); 1669 en decoudre (WIDERHOLD). Dér. de coudre; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :61.

découdre [dekudʀ] v. tr. [CONJUG. coudre.]
ÉTYM. 1175; de 1. dé-, et coudre.
1 Défaire (ce qui est cousu). || Découdre une doublure, un bouton, une manche. || Découdre un bâti ( Débâtir), un faufilage ( Défaufiler), une piqûre ( Dépiquer). || Découdre une bordure de dentelle. || Découdre un soulier.
1 Elle connaissait si bien les places où elle avait cousu ses louis, qu'elle les décousit avec une promptitude qui tenait de la magie.
Balzac, in P. Larousse.
1.1 Elle décousait la doublure d'une robe, dont les bribes s'éparpillaient autour d'elle (…)
Flaubert, Mme Bovary, III, II.
Absolument :
2 (…) ayant passé la plus grande partie de la nuit à coudre et à découdre, il se coucha (…)
Scarron, le Roman comique, II, IX.
Loc. (Vx). Ne pas oser découdre les lèvres : ne pas oser parler.
2 Mar. || Découdre le bordage d'un navire, le déclouer.
3 (1678). Vén. (le sujet désigne un cerf, un sanglier, etc.). Déchirer le ventre par une blessure en long. || Cerf qui découd un chien.
3 Le sanglier, rappelant les restes de sa vie,
Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 27.
Fam. (Personnes). || Il s'est fait découdre, blesser. Charcuter, couper (infra cit. 4).
4 V. intr.(XVIe). En découdre : se battre, lutter. || Voici l'ennemi, il faut en découdre. || Il est toujours prêt à en découdre, à se battre, à en venir aux mains. || En découdre avec qqn.
——————
se découdre v. pron.
Se détacher naturellement par les coutures. || Cette doublure se découd.
——————
décousu, ue p. p. adj.
1 (XIIIe). Dont la couture a été défaite. || Ourlet décousu.
4 Que ce mot tapisserie n'éveille en votre imagination aucune idée de luxe inopportun. Celle-ci était usée, élimée, passée de ton; les lés décousus faisaient cent hiatus et ne tenaient plus que par quelques fils et la force de l'habitude.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, I, 1, p. 10.
4.1 Tous les insignes distinctifs de son costume ont été décousus : non seulement ceux du col, mais aussi les galons sur les manches et sur le calot, laissant voir à l'emplacement qu'ils occupaient une petite surface de drap neuf, plus moelleuse (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 98.
Vén. Dont le ventre est ouvert. || Animal décousu.
2 (1577, in D. D. L.). Fig. Qui est sans suite, sans liaison, sans logique. Désordonné, illogique, incohérent, inconséquent, sautillant. || Travailler d'une façon décousue. || Conversation décousue (cf. À bâtons rompus; passer du coq à l'âne; n'aller que par sauts et par bonds). || Propos décousus, sans ordre, sans plan suivi. || Style décousu.
5 (…) tu as la bonté de lire jusqu'au bout mes indéchiffrables barbouillages, mes rêvasseries sans queue ni tête : si décousues et si absurdes qu'elles soient, elles t'offrent toujours de l'intérêt, parce qu'elles viennent de moi, et ce qui est moi, quand même cela est mauvais, n'est pas sans quelque prix pour toi.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VI, p. 123.
5.1 (…) mais, à peine lancé, un doute le prend, si bien qu'il préfère se limiter, par prudence, à une succession de phrases décousues, c'est-à-dire sans lien apparent, pour la plupart inachevées, et de toute façon très obscures pour son interlocuteur, où lui-même d'ailleurs s'embrouille davantage à chaque mot. L'autre ne (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 150-151.
N. m. || Le décousu d'un style, d'un discours. Désordre, incohérence.
6 (…) le décousu et l'absurdité de la rédaction indiquent quelque chose de plus que la difficulté d'exprimer sa pensée.
Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 292.
7 Leur affectation d'immoralité m'empêcha de voir le décousu de leur philosophie.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, 1, p. 119.
8 Il y a dans toute l'œuvre (de Mahler) un mélange de rigueur pédante et d'incohérence; du décousu, des arrêts brusques qui coupent le développement, des idées parasites qui l'interrompent sans raison musicale, des interruptions de vie.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 189.
CONTR. Coudre. — Bâtir, faufiler, piquer. — (Du p. p.) Cousu. — Cohérent, conséquent, lié, logique, suivi.
DÉR. (Du p. p.) Décousure.

Encyclopédie Universelle. 2012.