décanter [ dekɑ̃te ] v. <conjug. : 1>
• 1701; lat. des alchim. decanthare, de canthus « bec de cruche »
1 ♦ V. tr. Séparer par gravité (un liquide) des matières solides ou liquides en suspension, qu'on laisse déposer. ⇒ clarifier, épurer, purifier. Décanter du vin. — Pronom. L'eau polluée se décante.
♢ Fig. Décanter ses idées : se donner un temps de réflexion afin d'y voir plus clair. Pronom. Patiente, la situation va se décanter.
2 ♦ V. intr. Devenir plus clair, se clarifier. Faire décanter du bordeaux. ⇒ 1. déposer.
⊗ CONTR. Mélanger.
● décanter verbe transitif (latin des alchimistes decanthare, de canthus, bec d'une cruche) Transvaser un liquide d'un récipient dans un autre afin de le séparer de son dépôt : Décanter du vin. Clarifier quelque chose, y mettre de l'ordre : Décanter ses souvenirs. Opérer la décantation de produits non miscibles. ● décanter (synonymes) verbe transitif (latin des alchimistes decanthare, de canthus, bec d'une cruche) Clarifier quelque chose, y mettre de l'ordre
Synonymes :
- épurer
● décanter
verbe intransitif
se décanter
verbe pronominal
être décanté
verbe passif
Devenir plus limpide en laissant se déposer les impuretés : Mettre du vin à décanter.
Devenir plus clair par l'élimination de certains éléments : Peu à peu la situation se décante.
décanter
v. tr. Laisser reposer (un liquide) pour le séparer des matières solides qu'il tenait en suspension.
|| v. Pron. Cidre qui se décante.
— Fig. Se clarifier. Laisser la situation se décanter avant d'agir.
⇒DÉCANTER, verbe.
A.— Emploi trans.
1. Décanter un liquide. Le séparer des matières qu'il contient en suspension et qui se déposent au fond du récipient. Ampoule à décanter (CHARTROU, Pétroles nat. et artif., 1931, p. 140). On agita ce mélange, on le laissa reposer, puis on le décanta, et on obtint un liquide clair (VERNE, Île myst., 1874, p. 157). Le maître d'hôtel s'irritait parce qu'on avait oublié de décanter un vin (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 131).
— Absol. Procéder à la décantation :
• 1. Après avoir pilé de la substance nerveuse de mouton, dans de l'eau distillée, il avait dû décanter et filtrer. Et il venait d'obtenir une petite bouteille d'un liquide trouble, opalin, irisé de reflets bleuâtres...
ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, p. 42.
— Spéc. Décanter les argiles (cf. LA VARENDE, Cavalier seul, 1956, p. 173). V. décantage (emploi A).
2. Au fig. Clarifier, mettre de l'ordre (dans), dégager les éléments essentiels (de). Les souffrances d'amour (...) décantent nos sentiments (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 109) :
• 2. Le recul que me donnait maintenant mon voyage aux Syrtes me dotait d'une clairvoyance plus grande : le souvenir décantait à distance des impressions jusque-là sans cesse brassées et dissoutes dans ce tumulte du quotidien qui nous ramène à flot dans son agitation légère.
GRACQ, Le Riuage des Syrtes, 1951, p. 59.
♦ Emploi pronom. :
• 3. Ce débat entre matérialismes et spiritualismes bâtards ne nous échauffe plus guère. Une vérité s'en est décantée : que de toutes parts l'homme est environné, enraciné.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 73.
— P. ext., rare. Laisser se déposer. Romedios éclatait d'arôme dans la pièce tiède comme un vin chambré. Les derniers dîneurs, eux aussi, décantaient doucement un bonheur (MORAND, Ouvert la nuit, 1922, p. 55).
B.— Emploi intrans. ou pronom.
1. [En parlant d'un liquide]
a) Devenir plus limpide en laissant se déposer les impuretés. Avant de mettre le vin en bouteilles, on le laisse se décanter (DAVAU-COHEN 1972).
b) P. ext. Se déposer. Le sang se décantait, se déposait (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 46).
2. Au fig. [En parlant d'une œuvre, des idées, voire d'une pers.] Devenir meilleur, plus pur, éliminer certains éléments. Je veux aussi avoir le délai matériel pour que mon œuvre décante avant que je la relise (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1899-1926, p. 151) :
• 4. ... le progrès de l'écrivain s'affirme dans la mesure où cette œuvre née de lui, (...) de livre en livre se décante, se purifie de l'accidentel.
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 167.
Prononc. et Orth. :[], (je) décante []. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1701 (FUR.). D'apr. BL.-W1-5 empr. au lat. des alchimistes decant(h)are, composé du préf. de- et cant(h)us « bec de cruche, goulet ». Fréq. abs. littér. : 35. Bbg. ARNOULD (C.). Réflexions sur chant. Vie Lang. 1973, pp. 507-509.
décanter [dekɑ̃te] v.
ÉTYM. 1701; lat. des alchimistes decanthare, de de-, et canthus « bec de cruche ».
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I V. tr.
1 Séparer par gravité (un liquide) des matières solides ou liquides en suspension, qu'on laisse déposer. ⇒ Clarifier, épurer, purifier, transvaser. || Pour décanter un liquide, on laisse d'abord déposer les matières en suspension, puis on fait écouler le liquide. || Décanter du vin, du sirop. — Absolt. || Ne pas décanter. || Ampoule à décanter.
2 Fig. || Décanter ses idées : se donner un temps de réflexion pour comprendre plus clairement une question. ⇒ Éclaircir; clair (tirer au clair). — Absolt. || Il connaît bien le sujet mais il a besoin de décanter.
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II V. intr. Se clarifier par séparation, au repos, de ses composants liquides et solides. || Mettre du vin à décanter.
0.1 (…) le Gigondas décantait dans de hautes carafes.
R. Sabatier, les Enfants de l'été, p. 304.
♦ Par métaphore ou fig. : || « (…) que mon œuvre décante avant que je la relise » (Claudel à André Gide, in T. L. F.).
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se décanter v. pron.
♦ Devenir plus clair, plus limpide. || L'eau polluée se décante dans un décanteur. — Fig. :
1 Peu à peu ses réflexions se décantaient.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XII, p. 122.
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décanté, ée p. p. adj.
♦ Rendu plus clair, plus limpide. || Eau décantée. — Fig. :
2 Ainsi décantés, réduits à des schèmes bien nets, les événements s'enchaînaient avec une logique impressionnante.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 258.
3 Par sa discrétion même, ce langage décanté m'a semblé particulièrement convenir à la lenteur pensive et scrupuleuse d'Alexis (…)
M. Yourcenar, Alexis, Préface, p. 14.
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CONTR. Mélanger.
DÉR. Décantage, décanteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.