crieur, crieuse [ krijɶr, krijøz ] n. ♦ Marchand ambulant qui annonce en criant ce qu'il vend. « Les aboiements des crieurs de journaux » (Martin du Gard). — Anciennt Crieur public : personne chargée d'annoncer à haute voix des proclamations publiques.
● Crieur officier public qui faisait les proclamations officielles d'édits royaux.
crieur, euse
adj. et n. m.
d1./d adj. Qui pousse des cris fréquemment. Les mouettes crieuses.
d2./d n. m. Marchand ambulant qui annonce ce qu'il vend. Crieur de journaux.
⇒CRIEUR, EUSE, adj. et subst.
I.— Adj. Qui pousse des cris fréquents. Un paisible ruisseau tout bordé de courlis, De goélands au col blanc, et de mouettes crieuses Qui causaient sur le bord (M. DE GUÉRIN, Poésies, 1839, p. 99).
II.— Substantif
A.— Personne qui crie, qui manifeste ses sentiments, ses opinions (en particulier son mécontentement) par des cris. Bien des gens ne conçoivent pas comment l'on peut s'amuser sans cris, et les gens de cette noce étoient tous du parti des crieurs (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 213). Laissez crier contre les Chargnat. Ces crieurs auront deux peines : celle de se fâcher d'abord, celle de se défâcher ensuite (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 69).
B.— Personne qui annonce publiquement quelque chose (marchandises à vendre, nouvelles, etc.). Il me semble qu'il y a un attroupement dans la rue; un crieur lit une proclamation (MUSSET, Lorenzaccio, [V, 2] 1834, p. 258). Et la voix du crieur se perdait en répétant :« voici les événements sinistres qui ont ensanglanté Paris la nuit dernière » (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 261) :
• 1. ... chez Daudet, Raffaelli, en gaîté et en verve, cause à la fois d'une façon très amusante et très technique sur les cris de la rue, dont la mélopée le réjouit, l'intéresse, l'attache aux pas du crieur ou de la crieuse, et sur ces cris il se livre à des remarques physiologiques. Ainsi, il prétend que chez l'homme qui crie : « tônneaux, ... tônneaux... » le cri est un cri du ventre...
GONCOURT, Journal, 1893, p. 361.
♦ Crieur juré ou juré crieur (vx). « Ducrey » : est le crieur juré du Parnasse (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1818, p. 98).
♦ Crieur (public). Personne qui a la charge officielle d'annoncer les nouvelles. Personne qui annonce les prix dans une vente aux enchères (cf. criée, ex.). Le glapissement du crieur, qui mettait un magnifique turbot aux enchères. — Il y a marchand à trente francs (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 700).
♦ Crieur de nuit. Personne chargée dans certaines villes (principalement en Espagne et dans le Sud) d'annoncer les heures de nuit. Nul passant ce soir ne me nuit : J'ai gagné le crieur de nuit (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 252) :
• 2. Tout à coup un bruit perce l'ombre et parvient jusqu'à vous (...) vous vous réveillez en sursaut, vous vous dressez sur votre séant, vous écoutez. — Qu'est cela? — C'est le crieur de nuit qui souffle dans sa trompe et qui avertit la ville que tout est bien et qu'elle peut dormir tranquille.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 147.
Prononc. et Orth. :[], fém. [ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Av. 1195 « celui qui proclame publiquement » (AMBROISE, Guerre sainte, 9709 ds T.-L.). Dér. de crier; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. :125.
crieur, euse [kʀijœʀ, øz] n.
ÉTYM. XIIe; de crier.
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1 Rare. Personne qui crie ou se manifeste à voix forte (pour se plaindre, protester, demander…). || Faites taire ce crieur. — Rare au fém. || Une crieuse.
1 C'est bien fait de fermer la porte à ce crieur.
Racine, les Plaideurs, II, 10.
♦ Adj. (littéraire) :
1.1 Mais puisque c'est en vain, ô nos bouches, crieuses d'infini, dont la voix, comme un oiseau de feu, emporte au ciel l'amour des foules furieuses, ah ! puisque Dieu sans doute existe, mais si peu !
Germain Nouveau, Premiers poèmes, Pl., p. 376.
2 Cour. Personne qui annonce en criant (une chose qu'elle propose, qu'elle vend). ⇒ Aboyeur. || Des crieurs de journaux. || Les crieurs apportaient les journaux à domicile. || « (Le) retard du crieur qui apporte le Temps » (Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 885).
2 Les aboiements des crieurs de journaux, dominant le sourd bruissement de la foule (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 243.
♦ (1723, in D. D. L.). Spécialt (vx ou anciennt). Celui qui est chargé des annonces, dans une vente à la criée.
3 Le crieur, le bossu, allumé, battant l'air de ses bras maigres, tendait les mâchoires en avant. À la fin, il monta sur un escabeau, fouetté par les chapelets de chiffres qu'il lançait à toute volée, la bouche tordue, les cheveux en coup de vent, n'arrachant plus à son gosier séché qu'un sifflement inintelligible.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 156.
♦ Anciennt. || Crieur public : personne qui était chargée d'annoncer à haute voix, des proclamations publiques. || Juré crieur. || Crieur de nuit : personne qui parcourait la cité en annonçant les heures de nuit.
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CONTR. (De l'adj.) Silencieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.