courtier, ière [ kurtje, jɛr ] n.
• 1538; corretier 1241; de l'a. fr. corre « courir »
1 ♦ Dr. comm. Personne dont la profession est de servir d'intermédiaire entre deux parties contractantes dans des transactions commerciales, financières (⇒ broker), immobilières. ⇒ 2. agent, commissionnaire, placier, représentant, V.R.P. Courtier d'assurances.
♢ Personne qui vend en prenant contact avec la clientèle (⇒ courtage). Courtier en vins.
♢ Vx Courtiers en valeurs mobilières : intermédiaires qui jouaient le rôle d'agents de change pour les valeurs non admises à la cote officielle. ⇒ coulissier.
2 ♦ Fig. et vx Intermédiaire, entremetteur. « les courtiers de galanterie » (Lesage).
● courtier, courtière nom (ancien provençal corratier, de l'ancien français corre, courir) Personne qui sert d'intermédiaire dans des opérations commerciales ou autres, qui ne traite pas pour son client mais se contente de le rapprocher de son cocontractant. ● courtier, courtière (expressions) nom (ancien provençal corratier, de l'ancien français corre, courir) Courtier assermenté, intermédiaire habilité à opérer sur certaines Bourses de commerce. Courtier de banque, intermédiaire qui contribue au fonctionnement du marché monétaire et met en relations prêteurs et emprunteurs. Courtier en devises, intermédiaire dont le rôle est de rapprocher les offreurs et demandeurs de devises. Courtier d'assurances maritimes, officier ministériel chargé de rédiger les polices d'assurances maritimes. Courtier de fret, courtier chargé du courtage des transports par terre et par mer. Courtier interprète et conducteur de navire ou courtier maritime, officier ministériel chargé du courtage des affrètements, qui constate le cours du fret et qui détient le monopole de la traduction des actes et contrats maritimes devant les tribunaux. Courtier de marchandises, courtier assermenté qui s'occupe du courtage des marchandises. (La profession est libre depuis 1866.)
courtier, ère
n. Personne qui met un objet ou un produit à la disposition de la clientèle. Courtier d'assurances, de change, d'affrètement.
⇒COURTIER, IÈRE, subst.
A.— DR. COMM. Personne dont la profession consiste à mettre en relation vendeurs et acheteurs (commerçants ou particuliers), moyennant un courtage, pour des opérations de Bourse ou de commerce. Courtier de marchandises, courtier en vins. Tournées de courtier d'assurances (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 271). Les courtiers reconnus par le Code de Commerce ont seuls le droit de faire le courtage des marchandises, des assurances maritimes et autres (Art. 78 et 79 du Code de Commerce) (BOYARD, Bourse et spéculations, 1853, p. 155). La courtière de terrains du bois de Boulogne (...) s'entremettant dans tous les marchés (GONCOURT, Journal, 1864, p. 91) :
• 1. La clientèle ne venant plus à eux, ils s'efforçaient d'aller à elle, par l'intermédiaire des courtiers. Il y avait alors, sur la place de Paris, un courtier, en rapport avec tous les grands tailleurs, qui sauvait les petites maisons de draps et de flanelles, lorsqu'il voulait bien les représenter.
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 599.
SYNT. a) Courtier + adj. Courtier libre, marron, clandestin; courtier assermenté, inscrit (courtier de marchandises dépendant du tribunal de commerce); courtier privilégié (officier ministériel qui jouit d'un monopole); courtier d'assurances maritimes, courtier maritime. b) Courtier + compl. Courtier d'annonces, d'assurances, de change, de commerce, de publicité; courtier en bijouterie, en grains, en immeubles, en librairie, en valeurs mobilières.
— P. anal., vieilli. Courtier, ière, de mariage. Celui, celle dont la profession consiste à mettre en relation des personnes désirant se marier, afin de favoriser leur mariage :
• 2. ADOLPHE.
Je ne peux donc agir que par ambassadeur,
Et j'ai compté sur toi...
PAUL.
Pour ton entremetteur?
Merci. Je ne suis pas courtier de mariage.
É. AUGIER, Paul Forestier, 1868, VI, p. 60.
B.— P. ext. Personne qui joue le rôle d'intermédiaire dans une affaire. Synon. agent, entremetteur. Courtier électoral; courtier de galanterie; courtier de chair humaine (synon. négrier). Ils [les hommes] travaillent pour le génie de l'espèce sans le savoir, ils sont tout à la fois ses instruments, ses courtiers et ses dupes (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 44). Ne pouvait-il pas devenir le courtier qui ferait manœuvrer discrètement les syndicats en agissant sur leurs chefs? (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 304).
1. HIST. Honnête courtier. ,,Expression employée par Bismarck pour caractériser le rôle que voulait jouer l'Allemagne au congrès de Berlin, après la guerre russo-turque (1878)`` (Lar. encyclop.). Ce que l'Allemagne voulait, c'était éviter un conflit. Son rôle serait, entre des intérêts contraires, celui de « l'honnête courtier » (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 296).
2. P. ext. Tout rôle diplomatique analogue. Le 29 juin, Eden m'entretint seul à seul de l'affaire de la reconnaissance, me soumettant, en honnête courtier, une formule proposée par le gouvernement de Washington (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 6). M. Churchill se tenait lui-même comme le courtier désigné entre les prétentions du président Roosevelt et les refus du général de Gaulle (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956 p. 214).
Rem. Au fig., les groupes constitués avec le mot courtier demandent la préposition de (courtier de chair humaine, de mariage, de galanterie) (d'apr. B. COUTURE, Emploi de en et de dans les locutions de spécialisation ds Meta, déc. 1972, vol. 17, n° 4).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. depuis 1790. Étymol. et Hist. [Ca 1220 courretier d'apr. FEW t. 2, p. 1568 b] 1241 corretier (Ban de tréf., bibl. Metz ds GDF. Compl.); 1225-50 curratier, corratier ([J. Erart, artésien] ds BARTSCH, III, X, 21, 58) — 1634 (CORNEILLE, Veuve, 1049 ds MARTY Corneille); mil. XIIIe s. coletier (G. DE METZ, Ym. du monde, B.N. 2021, f° 86d ds GDF. Compl.); 1538 courtier (EST., s.v. emissarius). Prob. dér. avec suff. -ier élargi en -(et)ier du verbe a. fr. corre, v. courir (le courtier servant d'intermédiaire entre l'acheteur et le vendeur); le suff. -atier (-at + -ier, cf. puisatier) est surtout fréquent en occitan (a. prov. corratier ds RAYN.; v. THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, pp. 233-234) tandis que le type fr. corratier est surtout relevé en pic. (v. T.-L.). Fréq. abs. littér. :210. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 413, b) 325; XXe s. : a) 310, b) 178.
courtier, ière [kuʀtje, jɛʀ] n.
ÉTYM. 1538; corretier, 1241; curratier, corratier, v. 1235; probablt de l'anc. franç. corre (→ Courre, courir).
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♦ Personne qui s'entremet pour faciliter la conclusion d'une affaire. ⇒ Agent, broker, intermédiaire.
1 Dr. comm. Commerçant qui fait profession de s'entremettre pour ses clients dans les transactions commerciales, immobilières, etc. || Le rôle des courtiers cesse à partir du moment où les parties ont contracté entre elles. || Rémunération de courtier. ⇒ Commission, courtage.
1 À la différence du commissionnaire, le courtier se borne à chercher une contrepartie pour son client et à faciliter la conclusion des opérations, sans y prendre part (à moins que son client ne lui ait donné mandat de contracter en son nom). Toute personne peut exercer la profession de courtier, sauf dans les cas où la loi a institué un monopole.
Julliot de la Morandière, Précis de droit commercial, no 790.
2 Cette courtière était une maquignonne d'affaires, qui prêtait et empruntait sur gages (…)
♦ Cour. Personne qui fait profession de vendre en prenant contact avec la clientèle. ⇒ Courtage. — Courtiers libres. ⇒ Agent, commissionnaire, placier, représentant. || Courtiers de marchandises. || Courtier en vins. || Courtier en librairie. || Courtier en immeubles. || Courtier de publicité. || Un réseau de courtiers. || Vente par courtiers. ⇒ Courtage.
3 Un pauvre journal d'opinion, qui tire péniblement à trente, trente-cinq mille et qui doit je ne sais combien à l'imprimeur, au fabricant de papier, aux courtiers de publicité.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 118.
4 (…) aujourd'hui la profession de courtier et celle de commissionnaire, bien que distinctes en théorie, sont généralement exercées par les mêmes individus. Rien ne s'oppose à ce qu'un courtier fasse des opérations commerciales pour son propre compte; mais il lui est interdit de se charger d'une entremise dans une affaire où il aurait un intérêt personnel, sans prévenir son client, sous peine d'amende et de dommages-intérêts (Loi de 1866, art. 7).
Julliot de la Morandière, Précis de droit commercial, no 791 (→ ci-dessus, cit. 1).
4.1 Elle fit mille choses pour nous maintenir à flot. Elle fut courtière de bijoux, acheta et revendit des fourrures et des antiquités (…)
R. Gary, la Promesse de l'aube, p. 129.
♦ Loc. (dr.). || Courtiers inscrits ou assermentés : courtiers de marchandises inscrits sur une liste dressée par le tribunal de commerce.
♦ Courtiers privilégiés, officiers publics jouissant d'un monopole : courtiers d'assurances maritimes et courtiers maritimes (courtiers interprètes et conducteurs de navires). || Chambre syndicale des courtiers maritimes. || Courtier marron ou clandestin, qui exerce irrégulièrement le courtage.
♦ Vx. || Courtiers en valeurs mobilières : intermédiaires, qui jouaient le rôle d'agents de change pour la négociation des valeurs non admises au bulletin officiel de la cote. ⇒ Bourse, coulissier.
➪ tableau Noms de métiers.
2 Fig., vx. Intermédiaire. ⇒ Agent. || Courtier électoral. || Courtier de chair humaine. ⇒ Négrier. — ☑ Loc. (vx). Courtier de mariages. ☑ Courtier de galanterie. ⇒ Entremetteur, proxénète.
5 C'est une chose merveilleuse que la facilité avec laquelle il se forme une liaison entre les courtiers de galanterie et les femmes qui ont besoin d'eux.
A. R. Lesage, Gil Blas, VIII, 10.
6 (…) ces intermédiaires encore nécessaires aux hommes, ces courtiers que sont les peintres et les poètes.
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 157.
♦ Spécialt. Intermédiaire politique. || « Honnête courtier » (expression utilisée par Bismarck pour qualifier le rôle de l'Allemagne au congrès de Berlin).
7 M. Churchill se tenait lui-même comme le courtier désigné entre les prétentions du président Roosevelt et les refus du général de Gaulle.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 214, in T. L. F.
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DÉR. Courtage.
Encyclopédie Universelle. 2012.