consistance [ kɔ̃sistɑ̃s ] n. f.
1 ♦ État d'un corps relativement à sa solidité, à la cohésion de ses parties. ⇒ dureté, fermeté, solidité. La consistance de la boue, de la cire, d'un mélange. Consistance dure, élastique, gélatineuse, pâteuse. « la consistance râpeuse et dure de l'argile sèche » (Jaloux). — Absolt État d'un liquide qui devient pâteux, s'épaissit, se coagule. Prendre consistance. ⇒ corps, épaisseur.
2 ♦ Fig. État de ce qui est solide et cohérent. ⇒ fermeté, force, solidité, stabilité. Un bruit sans consistance. ⇒ crédit, fondement. Caractère, esprit sans consistance, sans fermeté, irrésolu. « les tremblants symptômes d'un amour sans consistance » (Supervielle). Argumentation sans consistance.
⊗ CONTR. Inconsistance.
● consistance nom féminin (de consister) État d'un corps du point de vue de la texture, de la malléabilité, de la fluidité : Consistance pâteuse. État d'un corps liquide ou pâteux qui s'épaissit ou s'est épaissi, qui prend ou a pris une certaine solidité : La farine donnera plus de consistance à la sauce. Cohérence, solidité, poids de quelque chose : Son raisonnement a une certaine consistance. ● consistance (expressions) nom féminin (de consister) Sans consistance, qui manque de caractère, de fermeté ; qui est sans fondement, sans réalité. ● consistance nom féminin (anglais consistency) Propriété d'une théorie non contradictoire, c'est-à-dire dans laquelle il n'existe pas de formule qui soit théorème en même temps que sa négation. Répétition d'un même type de réponse dans le comportement d'un individu ou d'un sous-groupe ; dans un sondage, maintien d'une même opinion par un sujet interrogé.
consistance
n. f.
d1./d Degré de liaison, de rapprochement des molécules d'un corps, qui lui donne sa dureté ou sa mollesse, sa rigidité ou son élasticité. La consistance molle de l'argile humide.
d2./d Absol. état d'une matière fluide qui prend une certaine solidité. Une pâte sans consistance.
— Par ext., fig. Stabilité, solidité, permanence. Un esprit sans consistance.
⇒CONSISTANCE, subst. fém.
A.— Techn. État de ce qui est composé d'un certain nombre d'éléments qui lui donnent son importance relative.
1. DR., vieilli. Ensemble des éléments qui composent une succession, un domaine et ses dépendances, la nature et l'étendue d'une terre. Synon. état, contenance. Héritage en consistance de...; donner un état de la consistance d'une terre; la consistance des effets et des dettes d'une succession (cf. consister).
2. ZOOL., BOT. Âge, état où les végétaux ou les animaux ont atteint leur point de développement maximum, cessent de croître sans décliner encore.
3. SYLVIC. Consistance d'un peuplement, d'une coupe. Nombre d'arbres, généralement à l'hectare, caractérisant une plantation.
B.— [S'applique à un corps]
1. [S'applique à un solide] État d'un corps solide dont les parties constituent un tout envisagé du point de vue de son homogénéité, de sa cohérence, de sa compacité, de sa résistance. Synon. dureté, fermeté, solidité. La consistance de la matière, du sol, d'un terrain; une consistance butyreuse, cartilagineuse, fibreuse, friable, gélatineuse, métallique, molle, plus ou moins ferme :
• 1. À quelque distance de la mer les sables ont une couleur grisâtre, sans cesse battus par les vagues, ils sont parfaitement unis, d'une consistance très solide et offrent au voyageur un chemin très commode...
CENDRARS, L'Or, 1925, p. 73.
— En partic.
a) TRAV. PUBL. État de fermeté, de compacité d'un béton avant le début de sa prise. Béton à consistance ferme, plastique.
b) PHYS. Degré de résistance à la déformation ou à la séparation qu'offrent les corps en fonction de la plus ou moins grande liaison de leurs molécules.
2. [S'applique à un liquide ou à une suspension] Plus ou moins grand degré de viscosité, de résistance à l'écoulement d'un liquide qui s'épaissit, qui devient moins fluide, plus pâteux. Synon. épaisseur, viscosité. La consistance d'un sirop, d'une bouillie, d'une huile; une consistance sirupeuse, visqueuse; faire évaporer jusqu'à consistance d'extrait :
• 2. Le lait maigre a une consistance moindre que celle du lait pur...
A.-F. POURIAU, La Laiterie, 1895, p. 438.
— TECHNOL. Consistance des huiles de graissage, des goudrons.
3. [Dans les emplois 1 et 2; consistance (non qualifié)] Épaisseur, solidité relativement grande. Prendre, avoir de la consistance.
— Rare, au plur. Volumes, épaisseurs. Il y a chez Degas un sentiment (...) vif des volumes, des consistances, des plans (C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 92).
4. P. ext. Aspect, nature, matière (quant à la solidité, à l'épaisseur...). Un tissu de consistance rêche; la consistance d'un coloris (en peint.), du teint. La consistance lumineuse des émaux (BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 134) :
• 3. À la belle saison, le terrain semé de trous avait le relief et la consistance d'une éponge sèche et la faucheuse mécanique s'y cassait les dents.
AYMÉ, La Vouivre, 1943, p. 7.
COLETTE, Paysages et portraits, 1954, p. 170.
C.— P. métaph. ou au fig.
1. État de ce qui est ferme, fixe ou cohérent. Synon. résistance, stabilité, solidité. La consistance d'une certitude religieuse, d'une passion, des alliances; une consistance dogmatique, morale, politique; un projet manquant de consistance; fantôme, illusion, rêve sans consistance :
• 5. Sa vie [à Françoise] avait perdu toute consistance, c'était une substance molle dans laquelle on croyait s'enliser à chaque pas...
S. DE BEAUVOIR, L'Invitée, 1943, p. 401.
• 6. — Ça te la coupe, hein, lui dit Thérèse. Pas du toc tout ce bordel. Admire la consistance de la chose.
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 11.
2. [Sans qualification, ou avec la marque de la négation]
a) [Pers.] Vieilli. Solidité caractérielle, morale; crédit, importance sociale. Homme, noceur sans consistance. Elle sentait en lui un manque de fond et de consistance (G. SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 2, 1858, p. 239).
b) Caractère de ce qui, étant cohérent et stable, a du crédit, de la considération, du poids. Bruit, nouvelle, propos sans consistance; donner de la consistance à un mensonge; bruit, rumeur qui prend (de la) consistance :
• 7. Il a été prouvé que l'allégation portée contre je ne sais quel médecin de la Salpêtrière, qui aurait souri ou plaisanté d'une pauvre femme ayant au cou une médaille bénite, n'avait aucune consistance et s'évanouissait à l'examen.
SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 3, 1869, p. 300.
Rem. Cet empl. abs. était plus fréq. au XIXe s. et s'appliquait à des réalités soc., écon., pol. Mon commerce prenait de la consistance (F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 2, 1828-29, p. 33). Synon. importance, stabilité.
c) Domaine de la critique. [Pensées, œuvres] Cohérence, solidité de construction. Ce second acte n'a pas grande consistance (A. DAUDET, Pages inédites de critique dramatique, 1897, p. 285) :
• 8. L'étonnant est de ressentir parfois l'impression de justesse et de consistance dans les constructions humaines — faite de l'agglomération d'objets apparemment irréductibles — comme si celui qui les a disposées leur eût connu de secrètes affinités.
VALÉRY, Variété I, 1924, p. 257.
3. Emplois spéc.
a) LOG. Consistance d'un système d'axiomes. Caractère de ce système lorsque ses termes ne sont pas contradictoires. Synon. cohérence, non-contradiction.
b) PSYCHOL. SOC. Constance, cohérence dans l'opinion ou le comportement d'un sujet interrogé dans un sondage ou soumis à un test. Degré de consistance dans les réponses à un sondage, à un questionnaire. Contradiction relative entre les réponses fournies par un sujet donné (dans ce cas on préconise parfois l'emploi du terme cohérence). Coefficient de consistance. On utilise également consistance pour parler de la validité d'un test.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1370-82 synon. de matière (ORESME, Ciel et Monde, éd. Menut, 41 c, p. 186); b) 1690 « état d'un solide considéré du point de vue de la cohésion de ses éléments » (FUR.); 2. 1580 fig. « immobilité, stabilité » (MONTAIGNE, III, IX, éd. Thibaudet, p. 1111); 1671 fig. (POMEY : les choses du monde n'ont point de consistance); av. 1741 homme sans consistance (ST SIMON, XI, 224 ds DG). Malgré le hiatus chronol., dér. de consister; suff. -ance. Fréq. abs. littér. :595. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 300, b) 357; XXe s. : a) 353, b) 1 016. Bbg. GOHIN 1903, p. 342.
consistance [kɔ̃sistɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1370, « matière »; de consister.
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1 (1690). État d'un corps relativement à sa solidité, à la cohésion de ses parties. || La consistance de la boue, de la cire, d'un mélange. || Consistance dure, élastique, huileuse, gélatineuse, molle, pâteuse, pulpeuse, subéreuse, visqueuse. || Épaissir la consistance d'une sauce, d'une bouillie. — Absolt. État d'un liquide qui devient pâteux, s'épaissit, se coagule. || Prendre consistance. || Donner de la consistance à. — Fermeté, solidité. || Ce terrain manque de consistance.
1 Ces terres vaseuses, comme celles qui n'ont pas acquis toute leur consistance (…)
G. T. Raynal, Hist. philosophique, XVI, 6.
2 (…) la consistance râpeuse et dure de l'argile sèche.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, I, p. 3.
3 Cependant cela existait. Peut-être (…) une substance, celle d'un être, car c'en était un, indécis. Il hésitait à prendre consistance, soit qu'il eût des liens avec l'ombre, qui le retinssent aux confins de l'invisible, soit qu'il fût impuissant à entrer dans ce monde où la matière avait pris forme avec une implacable exactitude.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, II, p. 59.
2 (1580). Abstrait. État de ce qui est ferme, solide. ⇒ Fermeté, force, solidité, stabilité. || Un bruit sans consistance. ⇒ Crédit, fondement. || Caractère, esprit sans consistance, sans fermeté, irrésolu. || Cet établissement, cette affaire a pris de la consistance. || Un homme sans consistance, sans crédit, sans considération.
4 C'est durant ce précieux intervalle que mon éducation, mêlée et sans suite, ayant pris de la consistance, m'a fait ce que je n'ai plus cessé d'être à travers les orages qui m'attendaient.
Rousseau, les Confessions, V.
5 Mais ce ne sont là que les tremblants symptômes d'un amour sans consistance.
Supervielle, Shéhérazade, II, 8.
3 Dr. Ce en quoi consiste une succession, un domaine. || La consistance d'une succession. || Héritage en consistance de…
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II
1 Log., math. Non-contradiction. || La consistance des axiomes.
2 Didact. Cohérence dans un système donné. || La consistance des réponses dans un test psychologique.
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Encyclopédie Universelle. 2012.