consigne [ kɔ̃siɲ ] n. f.
1 ♦ (1740) Instruction stricte donnée à un militaire, un gardien, sur ce qu'il doit faire. ⇒ ordre. Donner, transmettre la consigne à qqn. C'est la consigne. ⇒ règlement. Observer, respecter la consigne. Ne connaître que la consigne. « Le capitaine commandant la garnison passa les consignes à son successeur » (Mac Orlan). — Loc. fam. Manger la consigne : oublier d'exécuter ce qui est demandé. Brûler la consigne : ne pas s'y conformer. — Par ext. Toute instruction. « Il faut savoir voir sans voir. Pas de scandale, c'est la consigne » (Aragon).
2 ♦ (1803) Défense de sortir par punition. Soldats en consigne. ⇒ consigner. Donner quatre heures de consigne à un élève. ⇒ retenue; fam. colle.
3 ♦ (1848) Service chargé de la garde des bagages déposés provisoirement (dans une gare, un aéroport, etc.); lieu où les bagages sont déposés. Mettre sa valise à la consigne. ⇒ consigner. Retirer son bagage de la consigne. ⇒ déconsigner. Bulletin de consigne. Consigne automatique : armoire métallique qui s'ouvre par l'insertion d'une pièce et donne une clé ou un code.
4 ♦ Somme remboursable versée à celui qui consigne un emballage. Dix francs de consigne.
● consigne nom féminin (de consigner) Dans une gare, un aéroport, service qui s'occupe des bagages déposés en attente ; local où sont remisés ces bagages. Synonyme de consignation ; valeur du dépôt consigné : Il y a cinquante centimes de consigne sur la bouteille. Instruction formelle donnée à un militaire, fixant sa mission dans diverses éventualités du combat ou du service de garnison. Instruction formelle donnée à quelqu'un, qui est chargé de l'exécuter : J'ai la consigne de ne rien dire. Punition qui sanctionne une faute légère et qui prive l'homme du rang des sorties et autorisations d'absence auxquelles il pouvait prétendre. Punition consistant à retenir un élève dans l'établissement un jour de sortie ; retenue, colle. Mesure de sécurité maintenant, pour des raisons diverses, la troupe dans ses casernements. Valeur prescrite à une grandeur dans un dispositif de commande. ● consigne (expressions) nom féminin (de consigner) Consigne automatique, consigne constituée par des casiers métalliques dont la fermeture n'est possible qu'après insertion, dans une fente, de pièces de monnaie. ● consigne (synonymes) nom féminin (de consigner) Valeur prescrite à une grandeur dans un dispositif de commande.
Synonymes :
- valeur de consigne
consigne
n. f.
d1./d Ordre sous forme d'instruction donné à une sentinelle, un surveillant, un gardien, etc. Donner, passer la consigne. La consigne est de...
|| Par ext. Instruction.
d2./d Punition infligée à un soldat, à un élève, consistant en une privation de sortie. Quatre jours de consigne.
d3./d Endroit où l'on met les bagages en dépôt dans une gare, un aéroport. Consigne automatique: placard métallique muni d'une clé qu'on obtient après paiement en pièces de monnaie introduites dans cet appareil.
d4./d Fait de consigner; somme rendue en échange d'un emballage, d'une bouteille. Cinq francs de consigne.
I.
⇒CONSIGNE1, subst. fém.
[Correspond à consigner1]
A.— TRANSP. usuel. Service chargé de garder les bagages et colis déposés provisoirement dans une gare, un aérodrome, etc.; lieu où ces bagages sont déposés. Consigne à l'arrivée, au départ (dans une gare); mettre sa valise à la consigne, en consigne; retirer de la consigne; bulletin de consigne. Consigne automatique. Compartiments que l'on peut fermer à clé en disposant de celle-ci, après avoir déposé une pièce de monnaie, un jeton (d'apr. GILB. 1971) :
• 1. ... valise pleine d'objets utiles adroitement expédiée en secret à la consigne sous un faux nom vraisemblable...
VERLAINE, Œuvres complètes, t. 4, Louise Leclercq, 1886, p. 115.
— P. métaph.
• 2. Si j'avais des raisons de me prendre au sérieux, je noterais que l'année de ma naissance vit la mort de Victor Hugo. Dans cette nuit du 31 mai 1885 où Paris veillait le bagage mis à la consigne sous l'Arc de Triomphe...
MAURIAC, Écrits intimes, Du côté de chez Proust, 1947, p. 113.
— Arg. milit. Avoir une femme en/à la consigne. Avoir l'habitude de sortir avec la même femme ou, de consommer avec la même fille (L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 163).
B.— Action de consigner un emballage; somme remboursable versée pour cet emballage (cf. consigner1 A 2, consignation1 A 2). Verser 10 F. pour la consigne des bouteilles; 5 F. de consigne; rembourser la consigne.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. A. Av. 1522 consine [« ce qui est consigné par écrit, témoignage »] (ROBERTET, Triomphes de Pétrarque ds GDF. Compl.), attest. isolée. B. 1. 1622 « agent chargé de surveiller le mouvement de personnes ou de marchandises » (Sources droit, IV, 11 ds QUEM. Fichier); 2. 1740 « instruction donnée à une sentinelle » (Ac.); 3. 1803 « punition militaire; défense de sortir » (BOISTE). C. 1866 « endroit de la gare où l'on dépose les bagages » (Lar. 19e). Déverbal de consigner; contrairement à la chronol. des ex., B 1 est issu de B 2.
II.
⇒CONSIGNE2, subst. fém.
[Correspond partiellement à consigner2]
A.— Emploi gén. Instruction écrite ou verbale donnée à un militaire, un gardien et, par extension, à toute personne, sur ce qu'il doit faire et empêcher de faire. Cahier des consignes. Synon. instruction, ordre.
— Souvent péj. (à cause de l'aspect négatif, répressif ou restrictif de l'instruction) :
• 1. Ou bien, humble héros, martyr de la consigne
Au fond d'une tranchée obscure ou d'un talus
Rouler le crâne ouvert par quelque éclat d'obus
VERLAINE, Premiers vers, 1855-66, p. 8.
• 2. Dès qu'elle [la femme] pense, qu'elle rêve, qu'elle dort, qu'elle désire, qu'elle respire sans consigne, elle trahit l'idéal masculin.
S. DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, t. 2, 1949, p. 276.
SYNT. Consigne administrative, générale, militaire, officielle, particulière, universelle; consigne d'enregistrer qqc.; consigne d'enregistrement, de sécurité, de silence, de travail; la consigne défend de, oblige à, est de; donner à qqn la consigne de faire qqc.; connaître, exécuter, observer, recevoir, respecter, suivre, transmettre la (une) consigne; forcer, violer la consigne; désobéir, manquer à la consigne :
• 3. Je vous ai donné un de mes pistolets; si l'on force de nouveau la consigne, tirez en l'air, je viendrai...
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 65.
• 4. Je crus qu'Aimé lui avait [au chasseur de l'hôtel], selon son expression, « passé la consigne » d'avoir des égards pour moi.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 772.
— DR. MILIT. Violation de consigne. Infraction prévue par le Code de Justice militaire de 1965.
— Locutions
♦ Vieillie. Être homme de consigne. Obéir strictement aux instructions. Attesté chez Maupassant ds Lar. Lang. fr.
♦ Fam. Manger la consigne. Ne plus se souvenir d'un ordre, d'une recommandation. Être à cheval sur la consigne. Être très strict, appliquer les instructions dans un sens plutôt restrictif :
• 5. Il estime et craint sa femme; c'est un rude gendarme, celle-là, et à cheval sur la consigne (il n'arrive guère à carotter sur la paye de la semaine).
D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 48.
— Emplois spéc.
♦ PSYCHOL. Consigne d'un test. ,,Règle d'application devant assurer la stricte constance des conditions dans lesquelles les sujets exécutent leur tâche`` (PIÉRON 1973).
♦ CYBERNÉTIQUE. Valeur idéale conférée à une grandeur et représentée par un étalon auquel se référera, comme à un ordre, l'organe assurant la marche d'une machine (d'apr. Lar. encyclop.).
B.— Défense de sortir intimée à quelqu'un en guise de punition; peine consistant à ne pas pouvoir franchir certaines limites indiquées. Punir un militaire de deux jours de consigne, un élève de quatre heures de consigne. Dans ce dernier cas, synon. colle (fam.), retenue.
— P. méton.
1. MAR. MILIT. Poste sur un bâtiment de guerre, à bord d'un vaisseau ou d'une frégate, où se tient de façon permanente le caporal de garde (d'apr. BACH.-DEZ. 1882).
2. Argot
♦ MAR. Consigne noroua, noroît. ,,S'emploie en parlant des « consignés jusqu'à nouvel ordre » (N.O., mention des registres de punition, étant lu Nord-Ouest, noroît, pron. norwa). « Noroua est de toute la marine, de toutes les populations maritimes »`` [Commentaire Du Rififi chez les hommes (A. Le Breton) lors du dépouillement I.G.L.F., 1955].
♦ Langue de soldats. Consigne à gros grains. Prison (L. MERLIN, La Langue verte du troupier, 1996, p. 27).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. Voir consigne1.
STAT. — Consigne1 et 2. Fréq. abs. littér. :549. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 363, b) 500; XXe s. : a) 777, b) 1 289.
BBG. — QUEM. 2e s. t. 3 1972.
consigne [kɔ̃siɲ] n. f.
ÉTYM. Fin XVe, rare av. 1740 (sens 1); « agent chargé de surveiller le mouvement des personnes et des marchandises », 1622; de consigner.
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1 Instruction stricte donnée à un militaire, un gardien, sur ce qu'il doit faire. ⇒ Ordre. || Donner, transmettre la consigne à qqn. || Passage des consignes. || C'est la consigne. ⇒ Règlement. || Observer, respecter la consigne. || Changer, lever la consigne. || Forcer, violer la consigne, manquer à la consigne. — ☑ Loc. fam. Manger la consigne : oublier d'exécuter un ordre. ☑ Être à cheval sur la consigne : être très strict dans l'application des instructions. — Consignes strictes, sévères. || Les consignes de la sentinelle, du chef de poste, du guetteur, celles qu'ils ont reçues. || Ne connaître que la consigne (→ Baderne, cit.). ☑ La consigne, c'est la consigne : on ne transige pas avec les ordres reçus.
1 (…) les factionnaires ont une consigne secrète qui concerne lui seul (…)
Loti, Aziyadé, XIX, p. 30.
2 Le capitaine commandant la garnison passa les consignes à son successeur.
P. Mac Orlan, la Bandera, X, p. 115.
♦ Par ext. Instruction. Spécialt, en psychol. (consigne d'un test), en informatique.
3 Il avait donné, dès le début de cette retraite, des consignes impératives : « Si l'on appelle au téléphone, je suis absent. »
G. Duhamel, le Voyage de Patrice Périot, V, p. 90.
2 a (1803; correspond au sens 3 de consigner). Défense de sortir, enjointe par punition (dans quelques constructions). || Soldats en consigne (⇒ Consigner). — Donner quatre heures de consigne à un élève, un écolier, un lycéen. ⇒ Colle (fam.), retenue.
3 (1866). Service chargé de la garde des bagages déposés provisoirement (dans une gare, etc.); lieu où les bagages sont déposés. || Mettre sa valise à la consigne. || Retirer de la consigne. || Bulletin de consigne. — Consigne automatique : armoire métallique munie d'un système mécanique d'ouverture, commandé par un monnayeur. || La consigne d'un aérodrome, d'une gare routière, etc.
4 (…) il revint payer sa chambre, et partit déposer son sac à la consigne de la gare de l'Est.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 283.
4 Fait de consigner (un emballage). ⇒ Consignation. — Somme remboursable versée à celui qui consigne un emballage. || Un franc de consigne. || Verser un franc pour la consigne d'une bouteille. || Rembourser la consigne.
Encyclopédie Universelle. 2012.