cocarde [ kɔkard ] n. f.
• 1530; a. fr. coquart, coquard « sot, vaniteux », de coq
1 ♦ Insigne (souvent rond) que l'on portait sur la coiffure.
2 ♦ Insigne aux couleurs nationales. Cocarde tricolore. Voiture officielle à cocarde.
3 ♦ Ornement en ruban, nœud décoratif.
● cocarde nom féminin (moyen français cocard, sot, de coq) Insigne circulaire, le plus souvent aux couleurs nationales, ordinairement plissé et porté à la coiffure par les militaires ou par certains corps de fonctionnaires. Enseigne aux couleurs nationales, reproduite sur un véhicule, sous les ailes et sur le fuselage des avions militaires, etc. Dans certaines courses de vachettes, rosace qu'il s'agit de placer ou de retirer de la tête ou du cou de l'animal. Ornement rond placé de chaque côté du frontal d'une bride. Partie plane, en tôle, d'un signal ferroviaire mécanique, dont la forme et la couleur donnent aux agents de conduite les indications utiles. Rosace de ruban, de perles ou de plumes, qu'on posait en garniture sur les chapeaux et vêtements féminins.
cocarde
n. f. Insigne circulaire aux couleurs nationales.
⇒COCARDE, subst. fém.
A.— Insigne d'étoffe ou de métal, généralement rond, de couleurs variées indiquant un grade, l'appartenance à une nation, à une armée ou à un parti.
1. Vx. Insigne que portaient à la coiffure certains hauts fonctionnaires et les militaires de nations ou d'armées différentes consistant soit en un morceau d'étoffe plissé en rond, soit en une plaque de métal circulaire, soit en un nœud de ruban. Prendre la cocarde. Partir à l'armée :
• 1. Soldat libre, au léger bagage,
J'ai mis ma pipe à mon chapeau,
Car la malice où je m'engage
N'a ni cocarde ni drapeau.
BOUILHET, Dernières chansons, Soldat libre, 1869, p. 51.
2. [En France, sous la Révolution] Insigne identique porté par les partisans de la Révolution puis par la population entière en signe de ralliement. Cocarde verte, tricolore; cocarde nationale, patriotique; chapeau à cocarde. Un tricorne à cocarde tricolore (BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 288) :
• 2. Comme lui, [Camille Desmoulins] je piquais à mon chapeau la feuille d'un arbre, cocarde improvisée, symbole innocent et pur qui, deux jours après, devait passer par le sang et ne plus déteindre.
GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 52.
• 3. Louis XVI vint à l'Hôtel de Ville le 17 : (...); il mit à son chapeau une énorme cocarde tricolore; on le déclara, sur place, honnête homme, père des Français, roi d'un peuple libre...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 219.
♦ Cocarde blanche. Emblème des royalistes. Les assistants accueillirent cette lecture par des cris mille fois répétés de « vive Louis XVIII! vive le roi! vive Louis XVIII! » et prirent tous la cocarde blanche (MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 218).
3. P. méton. Parti, régime dont la cocarde est le symbole. Vos conspirations, vos chartes bourgeoises et vos changements de cocarde (G. SAND, Le Compagnon du Tour de France, 1840, p. 262). J'avais contribué à étouffer les conspirations, à réunir les opinions sous la même cocarde (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 302).
B.— P. anal. Partie d'un ornement.
1. Vieux
a) Nœud de ruban ou morceau d'étoffe de forme ronde ornant le chapeau des femmes. Une cocarde de rubans (HUGO, Le Rhin, 1842, p. 384). Son petit bonnet rond avec une cocarde de dentelle au milieu (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 218).
— Ornement de tissu placé sur le dessus d'une chaussure. Des bas de soie et des souliers à larges cocardes (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 356).
— En cocarde. En forme de cocarde. De larges rubans de soie noire ajustés en cocarde sur le front (HUGO, Le Rhin, 1842 p. 366).
b) Ornement circulaire dont on paraît la tête des chevaux lors de certaines fêtes ou cérémonies :
• 4. Le mariage eut donc lieu à midi (...) Il fallut subir la curiosité de la foule, les cocardes multicolores des chevaux et des cochers (...) bref tout l'appareil à la fois éclatant et vulgaire d'une noce.
O. FEUILLET, Un Mariage dans le monde, 1875, p. 89.
2. Emplois techn.
a) CH. DE FER Partie métallique d'un signal fixe (cf. Ch. BRICKA, Cours de ch. de fer, t. 1, 1894, p. 432).
Rem. Attesté Lar. encyclop.
b) TAUROM. Rosace que l'« écarteur » tente de placer sur la tête ou le cou d'une vache (courses landaises), ou d'enlever du front ou du garrot d'un taureau (courses provençales). J'allai voir de jeunes paysans, verts de frousse, planter des cocardes dans le cuir de vaches efflanquées (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 253).
3. Argot.
a) Très fam. [P. anal. de forme ou de couleur] Coup, contusion. Synon. cocard. Ma joue est ignoble, avec sa cocarde noire et boursouflée qu'entoure un cercle rose et tuméfié (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 306).
b) [P. réf. à l'endroit où se fixe habituellement la cocarde] Tête. Quand le soleil tapera sur les cocardes (H. FRANCE, Dict.-journal, 1907)
— P. métaph. [En parlant d'un vin] Taper sur la cocarde. Tourner la tête, enivrer. D'où cocarde, « cuite ». Avoir sa cocarde. Être ivre. Une cocarde de temps à autre, prise à la seule fin de voir la vie en rose! (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 580).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740 et 1762, s.v. coquarde; Ac. 1798, s.v. coquarde renvoie à cocarde; ds Ac. 1835-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1468 coiffee a la coquarde « qui porte une coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans, ressemblant à une crête de coq redressée » (Speculum des pecheurs, ap. Ler. de Lincy, Femmes celebres de l'anc. France, p. 518 ds GDF. Compl.); 1532 bonnet à la coquarde (Chroniques gargantuines, p. 40 ds HUG.); 1552 bonnet à la cocarde (RABELAIS, Le Quart Livre, ch. 30, éd. Marty-Laveaux, II, p. 375); 2. 1732 coquarde « nœud de ruban que portent les soldats de couleur différente selon leur corps » (Trév.); 1789 « insigne d'un parti politique » (Moniteur, t. 2, p. 339 : Il est également défendu d'arborer et de porter des cocardes qui marquent le parti auquel on s'est associé); 1789 la cocarde nationale (ibid., p. 530); 3. 1835 « ornement dont on garnit les chapeaux de femme » (Ac.); 4. arg. a) 1858 « tête » (LARCH., p. 458); b) 1861 avoir sa cocarde « être ivre » (LARCH., p. 194). Dér. du m. fr. cocard, -arde, adj. « sot, fat », 1re moitié XIVe s. ds T.-L., dér. de coq, avec suff. -ard; cf. avec 4 b avoir son aigrette, son panache, son pompon d'apr. SAIN Lang. par., p. 271. Fréq. abs. littér. :223. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 398, b) 476; XXe s. : a) 353, b) 140.
DÉR. Cocardisme, subst. masc., péj. Amour outré de la patrie. Synon. chauvinisme, nationalisme. C'était plutôt l'homme [qui l'attirait], mis à part son cocardisme et sa bigoterie [de Coppée] (LÉAUTAUD, Journal littér., 2, 1907-09, p. 205). — 1re attest. 1907-09 id.; de cocarde, suff. -isme.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 271.
cocarde [kɔkaʀd] n. f.
ÉTYM. 1530; de l'anc. franç. coquart, coquard, de coq « sot, vaniteux ».
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1 Anciennt. Insigne de forme et de couleur variables que l'on portait sur la coiffure. ⇒ Emblème. || Cocarde militaire. || Cocarde tricolore, noire, rouge.
♦ (1789). Hist. || Cocarde tricolore; (1790) cocarde nationale : insigne des partisans de la Révolution, puis emblème des républicains. || Cocarde blanche, insigne des royalistes légitimistes.
♦ ☑ Loc. Vx. Prendre la cocarde : se faire soldat.
♦ Par ext. Vx. Nation, parti (dont la cocarde est l'emblème).
2 Insigne aux couleurs nationales. || Cocarde tricolore.
0 (…) il s'était (…) orné de tricolore, portant à son « chapeau rond » une énorme cocarde « de six pouces carrés » (…)
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXVII, p. 403.
3 (1835). Vx. Ornement en ruban, plumet, pompon garnissant les chapeaux de femme. || Un chapeau avec une cocarde de rubans.
4 Dans certaines courses de taureaux ou de vaches (landaises), Rosace qu'il faut placer sur la tête de l'animal (Landes) ou arracher de son front (Provence).
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II (1858). Fam. et vx. ⇒ Tête. ☑ Loc. Taper sur la cocarde, en parlant de l'effet enivrant d'un vin. — ☑ (1861). Vx. Avoir sa cocarde : être ivre (→ Se cocarder).
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DÉR. Cocardeau, cocarder (se), cocardier.
Encyclopédie Universelle. 2012.