charcuter [ ʃarkyte ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ (1690) Fam. Opérer (qqn) maladroitement. Se faire charcuter par un mauvais chirurgien. — Fig. Charcuter un texte, le défigurer par des suppressions. — Pronom. Un des malades « a tenté de s'opérer lui-même et s'est abominablement charcuté » (A. Gide).
● charcuter verbe transitif Découper une viande maladroitement : Charcuter une volaille. Familier. Opérer quelqu'un plus ou moins adroitement, en parlant d'un chirurgien. Familier. Remanier profondément en découpant, en recollant, etc. ● charcuter (synonymes) verbe transitif Découper une viande maladroitement
Synonymes :
- déchiqueter
- hacher
charcuter
v. tr. Fam., péjor. Opérer maladroitement (un patient).
⇒CHARCUTER, verbe.
A.— Domaine alim., vx. Découper grossièrement de la chair crue ou de la viande cuite. Tandis que vous pratiquiez encore le cannibalisme en suçant la moelle des os de vos ennemis charcutés (R. QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 176).
Rem. Attesté ds les dict. gén. des XIXe et XXe s., mais Ac. 1798 signale déjà que cet emploi est inusité.
B.— P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Tailler malhabilement, inconsidérément, ou froidement dans les chairs vives de quelqu'un.
1. [Le suj. désigne un chirurgien] :
• 1. ... on fait toujours bien de ne pas appeler un médecin quand on est malade. (...). Les médecins n'ouvrent avec leurs lancettes les panaris mûrs qu'aux gens du peuple. — Les riches ne les feraient plus venir et ils perdraient leur pratique, s'ils ne les guérissaient pas sans les charcuter.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 44.
• 2. M. Lepic perd patience. Le canif déchire, scie au hasard, et Madame Lepic, après avoir murmuré : « Boucher! boucher! » se trouve mal, heureusement. M. Lepic en profite. Blanc, affolé, il charcute, fouit la chair, et le doigt n'est plus qu'une plaie sanglante d'où l'hameçon tombe.
RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 245.
— À la forme pronom. Se charcuter. Se blesser maladroitement, cruellement :
• 3. Et sur ce champ de bataille
Où l'on brise, arrache, taille,
...
On voit un amas bleuâtre
D'écorchés d'amphithéâtre
Se charcuter en hurlant.
...
J. RICHEPIN, Les Blasphèmes, 1884, p. 157.
C.— P. métaph. [L'obj. désigne une chose] Mettre en pièces, saccager quelque chose :
• 4. Enfin, le débutant entama, ayant raté une ou deux entrées, la mélodie et la déchiquete, la tremble, la charcute misérablement.
A. ARNOUX, Rêverie d'un policier amateur, 1945, p. 194.
Prononc. et Orth. :[], (je) charcute []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du XVIe s. « hacher maladroitement de la viande », ici emploi spéc., usuel au XVIIe s. : « tailler (qqn) à coups d'épée » (J. DE GAUFRETEAU, Chronique Bordeloise, éd. J. Delpit, Bordeaux, 1877, t. 1, p. 169 : plusieurs [Huguenots] furent mis à mort et charcutés en pleine rue); 2. 1690 « opérer (qqn), traiter (qqc.) maladroitement » (FUR.). Dér. du rad. de charcutier; dés. -er. Fréq. abs. littér. :18. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 90.
charcuter [ʃaʀkyte] v. tr.
ÉTYM. Fin XVIe; du rad. de charcutier, et -er.
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2 (1690). Pratiquer maladroitement une opération chirurgicale sur (qqn, une partie du corps). || On lui a charcuté une heure le bras pour en extraire la balle (Littré). || Le mauvais chirurgien qui l'a charcuté. ⇒ Taillader.
♦ Par métaphore. Saccager, abîmer. || Ils ont charcuté mon texte avant de le publier.
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se charcuter v. pron.
ÉTYM. (XIXe).
♦ Se taillader. || Se charcuter avec un rasoir ébréché. || Se charcuter le doigt.
0 Un des malades de ce matin, tout jeune encore, a tenté de s'opérer lui-même et s'est abominablement charcuté, lardant de coups de couteau cette poche affreuse, qu'il croyait pleine de pus et espérait pouvoir vider.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 724.
Encyclopédie Universelle. 2012.