chaman [ ʃaman ] n. m. VAR. shaman
• 1699; probablt du toungouze saman « moine »
♦ Ethnol. Prêtre-sorcier, à la fois devin et thérapeute, dans les civilisations d'Asie centrale et septentrionale, et par ext. dans d'autres civilisations. « l'expérience intime du shaman » (Lévi-Strauss).
● chaman nom masculin (toungouse chaman, moine, par l'intermédiaire du russe chaman) Prêtre magicien, qui pratique la transe, la divination, les soins médicaux, en relation avec une force supranaturelle, avec laquelle il entre en contact au travers d'un voyage mystique. (Le chaman est spécifique des religions traditionnelles des ethnies de l'Asie septentrionale ; mais on trouve des chamans dans d'autres sociétés, par exemple en Amérique du Nord ; on a employé le terme de « chaman » pour désigner certains sorciers de l'Afrique traditionnelle.)
chaman
n. m. Prêtre, sorcier, guérisseur dans le chamanisme.
ETHNOL. Prêtre de certaines peuplades de l'Asie centrale et septentrionale, spécialiste d'une technique donnée de l'extase, exerçant des fonctions de devin et de guérisseur.
— P. ext. Prêtre-sorcier qu'on rencontre dans les sociétés primitives des autres continents. Chamans chinois, sibériens. Les voyages mystiques des shamans (Jeux et sp., 1968, p. 178).
— P. appos. Les ancêtres chamans, les vieux maîtres chamans (Encyclop. univ. 1972).
Prononc. et Orth. :[]. ROB. Suppl. 1970 propose pour la graph. chaman également la prononc. [] ou [kaman]. Pour la prononc. de l'initiale avec [k] cf. aussi ds LAND. 1834. Chaman ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e et Lar. Lang. fr., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, QUILLET 1965 et ROB. Suppl. 1970; chaman ou chamane ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. ROB. Suppl. 1970 donne, à côté de chaman, la forme shaman [] qu'on rencontre également ds Ac. Compl. 1842 sous la forme shamane. Étymol. et Hist. 1699 schaman (A. BRAND, Relation du voyage de Mr Evert Isbrand..., Amsterdam, p. 71 : S'il arrive que cinq ou six Tungules habitent l'un auprés de l'autre [...] ils entretiennent tous ensemble un Schaman, ce qui parmi-eux signifie un Prêtre, ou un Magicien); cf. 1724 (LA CROZE, Histoire du christianisme, p. 493 ds DALG. t. 2, p. 423, s.v. xâmane : Les Prêtres des Samojedes s'appellent Schamans... Ceux des Tungusiens et d'autres Nations de Tartarie portent le même nom); 1791 chaman (VOLNEY, Les Ruines, p. 324). Empr., prob. par l'intermédiaire du russe chaman « prêtre, médecin, magicien », au toungouse « moine » (v. VASMER t. 2, p. 370; NED, s.v. shaman); un rapport entre le mot toungouse et le pâli , « ascète » a. indien çramanas « ascète bouddhiste » établi par Vasmer est mis en doute par DALG. t. 2, s.v. xâmane et par l'Encyclop. univ., s.v. chaminisme. Fréq. abs. littér. :7.
DÉR. 1. Chamanique, shamanique, adj. Qui est relatif aux chamans. Phénomènes du type chamanique (Philos., Relig., 1957, p. 5405). Thérapeutique shamanique (Traité de sociol., 1968, p. 397). — 1re attest. 1957 (Philos., Relig., p. 5405); de chaman, suff. -ique. 2. Chamaniser, verbe intrans. Exercer une activité de chaman. Le don de chamaniser (Encyclop. univ. 1972). — 1re attest. 1972 id.; de chaman, suff. -iser. 3. Chamanisme, shamanisme, subst. masc. Ensemble de croyances, de pratiques magiques et religieuses (expériences extatiques, etc.) rencontrées chez les chamans et, p. ext., dans les sociétés primitives des continents autres que l'Asie (cf. Philos., Relig., 1957, p. 4216). Les Indiens de l'est et des prairies démocratisèrent le shamanisme en faisant de la recherche de la vision une institution généralisée (R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, pp. 339-340). — []. LAND. 1834 transcrit l'initiale : [ka-]. Cf. chaman. — 1re attest. 1801 (FISCHER, [J.-E., Recherches historiques sur les principales nations établies en Sibérie, ouvrage traduit du russe par M. Stollenwerck..., Paris] ds Lar. Lang. fr.); cf. 1804 (B. CONSTANT, Journaux intimes, p. 115); de chaman, suff. -isme. — Fréq. abs. littér. : 1.
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♦ Ethnologie.
1 Prêtre-sorcier, à la fois devin et thérapeute dans les civilisations d'Asie centrale et septentrionale. ⇒ Chamanisme.
1 On appelle chamans les prêtres ou devins des peuplades de Sibérie.
Dupré de Saint-Maure, Anthologie russe, p. 10 (1823).
2 Prêtre-sorcier et devin (dans d'autres civilisations). — REM. La graphie adoptée par les spécialistes est shaman.
2 Ces trois éléments (l'expérience de shaman, celle du malade, celle du public) de ce qu'on pourrait appeler le complexe Shamanistique sont indissociables. Mais on voit qu'ils s'organisent autour de deux pôles, formés, l'un par l'expérience intime du shaman, l'autre par le consensus collectif. Il n'y a pas de raison de douter, en effet, que les sorciers (…) ne croient en leur mission.
Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Magie et religion, p. 197.
REM. Le texte concerne les Indiens de la côte nord-ouest du Pacifique.
3 (…) le shaman (dit Lévi-Strauss) ne touche pas au corps de la malade (une parturiente) et ne lui administre pas de remède; mais en même temps il met explicitement en cause l'état pathologique et son siège; nous dirions volontiers que le chant constitue une manipulation psychologique de l'organe malade (…) Le shaman fournit un langage dans lequel peuvent s'exprimer symboliquement des états autrement informulables.
Guy Palmade, la Psychothérapie, p. 86.
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DÉR. Chamanique, chamanisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.