carder [ karde ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Peigner, démêler (les fibres textiles). Carder de la laine, du coton. ⇒ cardé; cardage. — Carder un matelas.
2 ♦ Loc. fam. Carder le poil à qqn, le battre.
● carder verbe transitif Démêler avec des cardes.
carder
v. tr. Peigner à l'aide d'une carde (les fibres textiles) pour les démêler et les nettoyer. Carder le coton, la laine.
— Pp. adj. Laine cardée.
⇒CARDER, verbe.
A.— TEXT. [L'obj. désigne une matière text. non encore tissée]
1. Travailler les fibres textiles afin de les démêler à l'aide de cardes (naturelles ou industrielles). Carder de la laine, etc.
— P. métaph. :
• 1. Le génie moderne, essentiellement abêtissant, n'a rien ouvré de plus mortel que cet engrenage [la Revue des Deux-Mondes] ... qui tente l'esprit... et qui, l'ayant saisi, ... le triture, le divise, le mélange, le carde, et enfin le réduit à n'être plus qu'une étoupe, sur laquelle toutes les mauvaises dominations peuvent dormir leur insolent sommeil.
L. VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, p. 291.
2. P. méton. Carder un matelas. Carder la laine, le crin contenu dans un matelas de manière à lui redonner son épaisseur primitive :
• 2. ... au pied des maisons inégales et noircies, des êtres sombres cardaient des matelas sur des constructions de rouille, ...
ARAGON, Les Beaux Quartiers, 1936, p. 334.
— Populaire
a) Carder ses matelas. S'étendre souvent sur ses matelas (et ainsi en carder souvent la laine) en menant une vie de débauche. Madame Gaudron cardait drôlement ses matelas : elle se trouvait encore enceinte, ce qui finissait par n'être guère propre, à son âge (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 427).
b) Au fig. Se carder le poil. Se crêper le chignon, se battre. Nos arrière-petits-neveux seront aussi enragés à se carder le poil et se manger le nez (R. ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, p. 23).
B.— P. ext. Nettoyer un tissu de ses poils trop gros ou trop courts avant de le livrer au commerce. Carder du drap.
Prononc. et Orth. :[], (je) carde []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. karder (Bans municip. de Saint-Omer ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 294 : et a karder les .II. lisires); 1394 part. passé adjectivé laine cardée (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 2, p. 256); 1680 subst. fém. cardée (RICH. : Cardée. Morceau de laine cardée qu'on lève de dessus les deux cardes Ce qu'on carde de laine à la fois avec les deux cardes); 1899 part. passé substantivé (Nouv. Lar. ill. : Cardé [...] fils de laine qui subissent le louvetage); 1921 « tissu en laine cardée » Thomas, s.v. cardé; 2. a) p. métaph. 1783-84 (B. DE ST-P., Et, II, 63 ds GOHIN : les vents alizés cardent les nuages comme si c'étaient des flocons de soie); av. 1848 part. passé substantivé (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, p. 410); b) 1899 pop. (Nouv. Lar. ill. : Carder quelqu'un. Le griffer. Carder le poil [...] se prendre aux cheveux). Dér. de carde1; dés. -er. Fréq. abs. littér. :22.
DÉR. 1. Cardage, subst. masc. Action de carder, résultat de cette opération. Le cardage des laines (Ac. 1798-1932, Lar. 19e, Lar. encyclop., ROB.). On m'a parlé de votre nouveau système de cardage pour les laines (ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 257). — []. Ds Ac. 1878 et 1932. — 1res attest. 1404 gardage (Tut des enfants Hotart le Roy, A. Tournai ds GDF. Compl.), attest. isolée, 1765 cardage (Encyclop. t. 9, p. 184a); du rad. de carder, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 1. 2. Carderie, subst. fém. Endroit, atelier ou usine, où s'effectuent les opérations de cardage. Un couloir à odeur de tannerie, embrumé par les poussières d'une carderie de matelas (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 251). — [] — 1res attest. 1397 « action de carder » (Ord., VIII, 142 ds GDF. Compl.), attest. isolée, 1827 « atelier où l'on carde » (STENDHAL, Armance, p. 141); du rad. de carder, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 1. 3. Cardeur, euse, subst. Ouvrier, ouvrière dont la tâche est de carder. Ma mère était cardeuse de matelas et, à cette époque-là, on défaisait la laine à la main (FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 188). Machine servant au cardage (cf. VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 311). — [], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932 — (en tant que subst. masc. seulement ds Ac. 1694 et 1718). — 1res attest. 1337 cardeur « ouvrier » (Reg. criminel de Saint-Martin des Champs, 499, Tanon ds R. Hist. litt. fr. t. 6, p. 294), 1876 cardeuse « machine » (Journ. offic., 24 févr., p. 1371, 3e col. ds LITTRÉ Suppl.); du rad. de carder, suff. -eur2 et -euse. — Fréq. abs. littér. : 23.
BBG. — GOHIN 1903, p. 377.
carder [kaʀde] v. tr.
ÉTYM. XIIIe, karder; de carde.
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1 Peigner, démêler (les fibres textiles). || Carder de la laine, du coton, du drap.
♦ Par métonymie. || Carder un matelas, en carder la laine, le crin, pour redonner au matelas son épaisseur primitive.
2 a ☑ Loc. fam. Carder le poil à qqn, le battre, le griffer.
b Par métaphore (littéraire) :
0 Dans cette vivante mâture (de l'arbre), le travail du bois, surchargé de membres et cardant le vent, s'entendait comme une vibration sourde que traversait parfois un long gémissement.
M. Tournier, Vendredi…, p. 203.
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cardé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1394).
♦ En parlant de la laine (opposé à peigné). Dont les fibres courtes, démêlées grossièrement, ne sont pas rectilignes et donnent au fil un aspect plus grossier que dans la laine peignée.
♦ N. m. (1899). Comm. Tissu de laine cardée. || Le cardé est moins apprécié que le peigné.
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DÉR. Cardage, carderie, cardeur. — V. Carde, cardère.
Encyclopédie Universelle. 2012.