camelot [ kamlo ] n. m.
• 1821; probablt de camelotier → camelote
1 ♦ Marchand ambulant qui vend des marchandises à bas prix. Boniment de camelot.
2 ♦ (1917) Camelot du roi : partisan du roi vendant des journaux monarchistes. — REM. Une camelot est un féminin possible.
● camelot nom masculin (arabe ḥamlat, peluche de laine) Autrefois étoffe grossière faite successivement de poil de chameau, de chèvre, puis de laine. ● camelot nom masculin (de cameloter, peut-être avec influence de camelot 1) Marchand qui vend dans la rue des objets de pacotille. Au Canada, personne qui distribue les journaux à domicile. ● camelot (expressions) nom masculin (de cameloter, peut-être avec influence de camelot 1) Camelot du roi, vendeur du journal royaliste l'Action française et militant du mouvement de l'Action française. ● camelot (synonymes) nom masculin (de cameloter, peut-être avec influence de camelot 1) Marchand qui vend dans la rue des objets de pacotille.
Synonymes :
camelot
n. m.
d1./d Marchand forain, vendeur de menus objets sur la voie publique.
d2./d (Québec) Personne (en général un jeune garçon, une jeune fille) qui distribue des journaux à domicile.
I.
⇒CAMELOT1, subst. masc.
Grosse étoffe faite originellement de poils de chameau, puis de poils de chèvre seuls ou mêlés de laine, ou encore de laine quelquefois tissée sur une chaîne de soie. Un petit homme propret, affublé d'un habit en camelot blanc, faisait l'important (G. DE NERVAL, Les Illuminés, 1852, p. 272). Tourville doit être vêtu de camelot, déjà réglementaire pour l'été (J. DE LA VARENDE, Le Maréchal de Tourville et son temps, 1943, p. 119).
— Proverbe, vx. Il est comme le camelot, il a pris son pli. Il est incorrigible.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. du XIXe siècle.
Prononc. et Orth. :[kamlo]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1168 camelos (V. DE BEAUVILLÉ, Recueil de doc. inéd. concernant la Picardie, Paris, 1860-82, t. 4, p. 4); chamelot (GOSSUIN DE METZ, L'Image du Monde, ms. Montp., f° 105 v° ds GDF. Compl.) — 1589 (M. BAULANT, Lettres de négociants marseillais : Les Frères Hermite [1570-1612] ds Z. rom. Philol., t. 83, p. 55). Empr. à l'ar. , plur. de « peluche de laine », avec substitution du suff. -ot à la finale ar. -; les formes en cha- sont prob. dues à un rapprochement avec chameau, le camelot étant fabriqué avec le poil de cet animal (FEW t. 19, pp. 64-65, s.v. ); Höfler ds Z. rom. Philol., t. 83, pp. 54-58, remarquant l'orig. mérid. et spéc. ital. des textes fr. attestant des formes en cha-, y voit, prob. à tort, des empr. à l'ital. (lat. médiév. zambalotus 1255, Venise ds DEI, s.v. ciambellòtto). L'hyp. d'un étymon gr., croisement de « peau de mouton » (de « mouton, chèvre ») et de « chameau » (Rönsch ds Z. rom. Philol., t. 1, p. 418; repris par EWFS2) fait difficulté du point de vue géogr., l'étoffe même ayant été fabriquée en Orient et introduite en Occident en même temps que le mot. Bbg. GEORGE (K.E.M.). L'Emploi anal. de qq. noms d'étoffes ds le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, t. 1, p. 269. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 212. — HÖFLER (M.). Zum französischen Wortschatz orientalischen Ursprungs. Z. rom. Philol. 1967, t. 83, n° 1/2, p. 54. — RIGAUD (A.). La Vraie Cour des Miracles. Vie Lang. 1969, p. 92. Fréq. abs. littér. :9.
II.
⇒CAMELOT2, subst. masc.
A.— Personne qui vend dans la rue.
1. Usuel. Marchand ambulant qui vend, dans la rue, dans un lieu public ou dans une foire, parfois avec force boniments, des objets de peu de valeur. Boniment de camelot, éventaire de camelot. Les camelots vendaient des « montres » à dix francs, des « parfums » qui étaient de l'eau rosie (MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 831).
— P. métaph. :
• 1. Ils [les historiens] étaient non moins que Michelet de valeureux faussaires, mais ils n'avaient ni son empan, ni ses visions; c'étaient les petits merciers de l'histoire, des camelots, des notulateurs qui pointillaient sans donner un ensemble, ...
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 33.
— P. anal., rare :
• 2. ... je suis allé, ce matin, au marché de Pontoise. Un camelot, d'ailleurs très entouré, y vendait la bonne aventure.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 30.
— Arg. Voleur de rue. Le soir, le camelot ouvre les portières, ramasse les bouts de cigares, mendie des contremarques, donne du feu, fait le mouchoir et la montre s'il a de la chance (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 65).
2. En partic., vieilli. Crieur de journaux dans la rue. La criée des camelots :
• 3. Le soir, des bandes d'hommes farouches et déguenillés parcouraient les rues en hurlant : « Mort à Colomban! » Des patriotes arrachaient aux camelots des paquets entiers du factum, qu'ils brûlaient sur les places publiques, ...
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 272.
— Camelot du roi. Vendeur bénévole de journaux royalistes :
• 4. L'A. F. a commencé à être populaire parmi les jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans, d'abord vendeurs volontaires du journal (d'où la dénomination de Camelots du Roi), puis organisés...
L. DAUDET, Vers le roi, 1920, p. 106.
♦ P. ext. Militant royaliste :
• 5. À la faculté, il [Rosenthal] fût bien entré dans les rangs des camelots du roi, si un certain sentiment de l'honneur ne lui avait conseillé, tout compte fait, de rejeter une organisation politique inspirée par les pamphlets de Drumont...
NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 113.
B.— COMM., mod. ,,Professionnel chargé de présenter au public un ou plusieurs articles en vue de la vente`` (Mét. 1955).
— Rare. Femme-camelot. Une femme-camelot, quoi! à notre manière, pour magasins sédentaires et patentés (A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 187).
Prononc. et Orth. :[kamlo]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1821 « marchand ambulant » (ANSIAUME, Arg. en usage au Bagne de Brest, f° 7 r°, § 109 : Camelot. Marchand); 2. a) 1888 « vendeur de journaux » (J. RICHEPIN, Césarine, p. 105 : les camelots criaient cela [dans Paris, avril 1871, — le Pilori des mouchards, le Cri du peuple, —] sans fureur); b) 1917 camelot du roi (BARRÈS, Les Diverses familles spirituelles de la France, p. 166). Prob. dér. régr. de cameloter (camelote), peut-être avec infl. de camelot1. Fréq. abs. littér. :82.
DÉR. Cameloter, verbe intrans. Cf. camelote, dér.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 292. — GEORGE (K.E.M.). L'Emploi anal. de qq. noms d'étoffes ds le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, t. 1, p. 270. — RIGAUD (A.). La Vraie Cour des Miracles. Vie Lang. 1969, p. 92. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 240, 522. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 348, 364; t. 2 1972 [1925], p. 403; t. 3 1972 [1930], pp. 58-59.
1. camelot [kamlo] n. m.
ÉTYM. 1589; camelos, 1168; arabe hamlǎt, plur. de hǎmlǎh « peluche de laine ».
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♦ Anciennt. Grosse étoffe qui était réputée faite en poil de chameau. — Étoffe de laine, parfois mêlée de poils de chèvre ou de soie formant la chaîne. ⇒ 2. Camelin.
0 On met celui qui est vêtu de soie au-dessus de celui qui n'est vêtu que de camelot.
➪ tableau Noms et types de tissus.
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DÉR. 2. Camelin, cameloter.
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2. camelot [kamlo] n. m.
ÉTYM. 1821; probablt dér. régressif de camelotier, avec p.-ê. infl. de 1. camelot.
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1 Marchand ambulant qui vend des articles de pacotille, des marchandises à bas prix. ⇒ Cameloteur, camelotier; charlatan, étalagiste. || Les boniments d'un camelot.
1 Des camelots, mués en changeurs, circulaient, une boîte sur le ventre.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 140.
1.1 Un terrain vague, cependant, s'ouvre à gauche, où des camelots, sous une lampe à acétylène portée par un pieu, débitent de menues utilités en matière plastique.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 64.
2 (1888). Vieilli. Vendeur de journaux, de chansons; distributeur de prospectus. || La criée des camelots.
2 Des camelots traversaient le carrefour en criant des éditions spéciales.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 186.
3 Oh ! être n'importe quoi ! être ce camelot misérable et bossu qui vend ses journaux le soir.
A. Artaud, Scenari, in Œ. compl., t. III, p. 12.
➪ tableau Noms de métiers.
♦ ☑ Loc. (1917). Hist. Camelot du roi : jeune militant royaliste, vendant bénévolement des journaux, tels l'Action française. — Par ext. Militant royaliste.
4 Dans la montée d'ensemble du fascisme européen, l'émeute parisienne du 6 février 1934 ne fut, malgré sa trentaine de morts, qu'un épisode mineur, et son avortement immédiat donna la juste mesure des possibilités révolutionnaires de la « droite » française dans l'histoire du moment. Les « camelots du roi » et les anciens combattants « croix de feu » qui la menèrent ont toujours cru qu'ils avaient été à deux doigts de réussir.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 229-230.
REM. Le mot n'a pas de forme féminine. On trouve femme-camelot (A. Arnoux). Elle est camelot.
Encyclopédie Universelle. 2012.