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brûlé

1. brûlé, ée [ bryle ] n.
XVIIe; du p. p. de brûler
1 N. m. Odeur, goût d'une chose qui brûle. L'âcre odeur du brûlé. Fig. Ça sent le brûlé : l'affaire tourne mal. ⇒ roussi.
Chose brûlée. Gratter le brûlé au fond de la casserole.
2Personne atteinte de brûlures. Les grands brûlés.
brûlé 2. brûlé, ée [ bryle ] adj.
• de brûler
1Qui a brûlé. Couleur de pain brûlé. Une pinède brûlée. Loc. Politique de la terre brûlée.
Crème brûlée, passée sous le gril afin de caraméliser le dessus.
2Loc. fig. Une tête brûlée, un cerveau brûlé : un individu exalté, épris d'aventures et de risques.
3(1830) Dont l'activité clandestine est désormais connue de l'adversaire. Notre agent, notre réseau d'espionnage est brûlé, démasqué.
Qui a perdu tout crédit. « toujours sans le sou, brûlé chez tous les usuriers » (Lemaitre).

brûlé nom masculin Ce qui est brûlé : Potage qui sent le brûlé.brûlé (expressions) nom masculin Sentir le brûlé, prendre mauvaise tournure, sentir le roussi. ● brûlé, brûlée nom Personne qui souffre de brûlures : Un grand brûlé.

brûlé, ée
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui a brûlé. Du riz brûlé.
d2./d Fig. Une tête, une cervelle brûlée: un esprit exalté, téméraire.
d3./d Fig., Fam. Démasqué, découvert. Un agent secret brûlé.
rII./r n. m.
d1./d Ce qui a brûlé. Sentir le brûlé. Avoir goût de brûlé.
|| Fig., Fam. ça sent le brûlé: l'affaire est suspecte ou la situation dangereuse.
d2./d (Québec) Syn. de brûlis (sens 2).

⇒BRÛLÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de brûler.
II.— Adjectif
A.— 1. À quoi on a mis le feu; consumé, détruit, réduit par le feu :
1. Depuis lors, je bois deux ou trois fois du punch, du rhum brûlé, de l'eau-de-vie brûlée avec Mme Cossonier et Rosa...
STENDHAL, Journal, t. 2, 1805-08, p. 189.
2. ... plus de traces de sang ni de voitures brûlées, ni de lampes renversées, mais du verre et des fragments de ferraille.
LARBAUD, Journal, 1934, p. 282.
En partic., TECHN. MILIT. Terre brûlée. Tactique qui consiste à se retirer devant l'avance ennemie en détruisant récoltes et villages.
P. anal.
♦ Endommagé par le feu ou par l'action d'un agent corrosif, de l'alcool, etc. :
3. De sa voix brûlée, le percepteur répondit qu'on lui offrait de rester à Grosbourg comme (...) comme (...) — Maître de chapelle? souffla Mérivet.
A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 52.
4. Mais il ne restait au fond du cerveau brûlé de la vieille alcoolique plus rien d'humain ni de pitoyable.
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 103.
PÊCHE. Morue brûlée. Morue qu'une trop grande quantité de sel, au moment de la salaison, a corrodée.
♦ Qui a été soumis à une trop forte cuisson ou à l'action trop violente du soleil :
5. Toute cette côte était pleine de sources, ce qui explique une fraîcheur de végétation extraordinaire dans nos pays brûlés.
P. ARÈNE, Jean des Figues, 1870, p. 45.
6. Mais Satin, bonne fille, écoutait sans ennui ces éternelles histoires d'attentes à la fenêtre, de querelles pour un ragoût brûlé, de raccommodements au lit après des heures de bouderie muette.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1298.
2. P. méton. Dont la couleur rappelle celle de la terre ou du pain brûlé :
7. Ces larges teintes étalées, d'un ton brûlé, s'assombrissaient et s'enfonçaient dans du noir-roux en allant vers le quai.
E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 3.
8. Marcelline, en robe de dentelle pain brûlé, ressemblait à une brioche mousseline...
L. DE VILMORIN, La Lettre dans un taxi, 1958, p. 75.
B.— Au fig.
1. Une tête, un cerveau brûlé(e). Exalté, qui recherche le risque :
9. C'est à moi [pensait Sansfin] (...) à faire entendre à tous ces imbéciles du parti que M. le vicomte de Saxilée est un cerveau brûlé, capable de tout gâter.
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 121.
2. Découvert, démasqué, suspect :
10. Ganuge, d'abord, se crut « brûlé »; mais réfléchissant bien vite, qu'en somme il n'y avait, dans ce que Suzanne savait, rien d'absolument précis, il répondit avec assurance...
GYP, Un Raté, 1891, p. 222.
Spéc., JEUX. Carte brûlée. Mise de côté parce qu'elle a été vue.
III.— Substantif
A.— [Le subst. désigne un inanimé]
1. Au masc. Le brûlé. Ce qui est brûlé. Ne pas aimer manger du brûlé.
P. méton. Odeur désagréable de ce qui est brûlé :
11. Mais il faut que j'aille remuer mes lentilles. Et Justine courut à la cuisine d'où s'échappait une âcre odeur de brûlé.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 311.
Au fig., fam. Cela sent le brûlé. L'affaire tourne mal.
Rem. En fr. de Suisse romande on dit avec le même sens, au propre et au fig. : ça sent le brûlon, goût de brûlon, odeur de brûlon. Le Valais (...) qui souffle le brûlon de mélèze (M. CHAPPAZ, Portrait des Valaisans, Lausanne, 1965, p. 53).
2. Au fém., fam. Une brûlée. Sévère correction :
12. À côté de moi, un petit bonhomme (...) Il faut bien qu'il ait été vraiment un bon garçon, pour que je ne lui aie pas gardé rancune de deux ou trois brûlées que mon père m'administra, parce qu'on avait entendu de notre côté un bruit comique...
J. VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, p. 109.
B.— Personne atteinte de brûlures. Crier comme un brûlé. Pousser de grands cris :
13. ... J'avais dit, s'écria-t-il [le gardien du Père-Lachaise], d'arroser les fleurs depuis la rue Masséna (...) si les parents s'avisent de venir aujourd'hui qu'il fait beau (...) ils crieront comme des brûlés.
BALZAC, Ferragus, 1833, p. 141.
Celui qui subit le supplice du bûcher. P. métaph. :
14. Dès que la religion des martyrs a été la plus forte, elle a eu ses auto-da-fé (...) Les pauvres brûlés sont toujours les mêmes, les âmes passionnées et poétiques.
STENDHAL, Promenades dans Rome, t. 1, 1929, p. 131.
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 123. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 536, b) 3 691; XXe s. : a) 3 866, b) 2 561.
BBG. — EYRAUD (D.). Vive la lang. Vie Lang. 1969, p. 201. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 62, 174, 407. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 145. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 70.

brûlé, ée [bʀyle] n.
ÉTYM. XVIIe; du p. p. de brûler.
1 N. m. Odeur, goût d'une chose qui brûle ou a brûlé. || Odeur, goût de brûlé. || Ça sent le brûlé.Ça sent le brûlé, se dit quand on pressent quelque danger. Roussi.Didact. || Le brûlé, considéré comme composante olfactive. Empyreumatique.Particules brûlées, aliment brûlé. || Détacher le brûlé au fond d'une poêle. Brûlon (régional).
2 N. Personne qui a subi des brûlures. || Transport à l'hôpital des grands brûlés. || Une brûlée. || Service des brûlés, et, ellipt., les brûlés. || Elle est infirmière aux brûlés.
Personne suppliciée par le feu.
3 N. f. (Fam.). || Une brûlée : une correction (→ Bruit, cit. 9.1).

Encyclopédie Universelle. 2012.