brandir [ brɑ̃dir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1080; du frq. °brand « tison, épée »
♦ Agiter en tenant en l'air de façon menaçante (une arme). « Elle avait l'air de brandir une petite lance » (Maurois). — Brandir l'étendard de la révolte.
♢ Agiter en élevant pour attirer l'attention. « le type brandissait des journaux » (Sartre).
● brandir verbe transitif (ancien français brand, épée, d'origine gallo-romane) Lever dans la main une arme, un objet d'un geste menaçant : Brandir une hache. Agiter un objet en l'air pour attirer l'attention. Présenter quelque chose comme une arme : Brandir sa démission.
brandir
v. tr.
d1./d Agiter en l'air; élever pour mieux frapper ou lancer. Brandir un coupe-coupe.
|| Par ext. Agiter, maintenir en l'air pour faire voir. Il brandissait une pancarte.
d2./d Fig. Présenter comme une menace. Brandir le Code à tout instant.
I.
⇒BRANDIR1, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne le plus souvent une chose concr.]
1. Lever, tenir en l'air et parfois agiter à bout de bras :
• 1. C'est une salle ténébreuse d'où s'exhale une odeur de terre. Elle est garnie d'idoles, qui, des trois côtés de la pièce disposées sur deux files, brandissent des épées, des luths, des roses et des branches de corail : ...
CLAUDEL, Connaissance de l'Est, 1907, p. 31.
— P. métaph. :
• 2. ... une sainte victoire de Samothrace approche, sur sa galère en marbre, que brandit la plus claire vague.
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1892, p. 159.
2. En partic.
a) [Avec l'idée de défi, de menace; l'obj. désigne une arme] Brandir une arme; brandir une épée, un sabre, une hache, un bâton (Ac. 1835-1932) :
• 3. On vit soudain apparaître
Les centaures au beau crin;
Tout couronnés de verdure,
Ils brandissaient une dure
Pique faite de sapin.
MORÉAS, Iphigénie, 1900, IV, 1, p. 119.
— P. métaph. :
• 4. L'enfant revient; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards;
T. GAUTIER, Premières poésies, 1872, p. 225.
— [L'obj. désigne la main, le poing, le bras, etc.] :
• 5. Les petits enfants eux-mêmes — détail panique! — hurlent à la mort et brandissent leurs faibles bras contre la poitrine saccagée de l'agneau divin.
BLOY, Journal, 1892, p. 19.
b) [Avec l'idée de faire voir un objet, d'attirer l'attention sur lui] Brandir un fanion, un drapeau :
• 6. ... Barbentane arriva, très agité, brandissant les feuilles du soir : « Tu as lu les journaux? Non? Même pas ce matin? »
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 212.
— P. métaph. :
• 7. Au nord les usines arborent
Leur souffle en guise de drapeau,
Et se servent des cheminées,
Pour brandir parallèlement
Les héroïques fumées noires.
ROMAINS, La Vie unanime, Sans moi, je suis, 1908, p. 177.
c) Emploi pronom., p. métaph. :
• 8. À l'immense éclat du Sanctus, il [Marchenoir] se redressait, il se brandissait lui-même jusqu'aux cieux dans l'ivresse rédemptrice de cette louange œcuménique.
BLOY, Le Désespéré, 1886, p. 305.
B.— Au fig. [L'obj. désigne une chose abstr. (proposition, objection, opinion, doctrine, etc.)] Présenter avec force et insistance :
• 9. ... si tu m'as brandi tel acte en exemple, c'est pour y loger ta réprobation et la transporter en autrui.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 948.
— Spéc. [L'obj. désigne une menace, un danger, un événement désagréable] :
• 10. Quelle vengeance soulèvera donc les montagnes et fera sortir de leur lit les rangs de la mer?
Que ne puis-je brandir
Une malédiction efficace sur ce peuple comme je leur lance
Ceci!
CLAUDEL, Tête d'Or, 1re version, 1890, 2e part., p. 101.
• 11. ... elle [Madame Héronde] nous a rendu comme ça, des « petits bavoirs » en broderie qu'on attendait comme édredons... C'était alors des drames pépères... La cliente en bouffait sa morve, et brandissait les tribunaux!
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 154.
• 12. ... le 5 décembre, le conseil exécutif ajourna sa décision; puis le procès du roi, comme on l'a vu, finit par inciter des Girondins à brandir la menace du péril extérieur.
G. LEFEBVRE, La Révolution fr., 1963, p. 301.
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. a) Brandisseur, subst. masc. (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 13). Celui qui brandit un objet. b) Brandissage, dans le syntagme brandissage de qqc. pour signifier « action, geste de brandir quelque chose ». Synon. brandissement. Agitation d'éventails, brandissage et usage du lorgnon (VERLAINE, Confessions, 1895, p. 80).
PRONONC. :[], (je) brandis [].
ÉTYMOL. ET HIST. — Ca 1100 « agiter (une arme) d'une manière menaçante » (Roland, éd. J. Bédier, 722), qualifié de ,,vieux`` de Ac. 1694 à Ac. 1798; 1829 p. ext. « agiter qqc. (p. ex. pour attirer l'attention) » (BÉRANGER, Chansons, p. 70).
Dér. de l'a. fr. brand « épée »; dés. -ir. Les corresp. rom. sont empr. à l'a. fr. ou à l'a. prov. brandir (XIIe s. dans RAYN.) ce qui confirme l'orig. gallo-romane de cette famille de mots dans la Romania, v. brand « épée ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :497. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 203, b) 825; XXe s. : a) 1 271, b) 731.
II.
⇒BRANDIR2, verbe trans.
CHARPENT. Assembler deux pièces de bois au moyen d'une cheville qui les traverse.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
Prononc. :[], (je) brandis []. Étymol. et Hist. 1690 charpent. (FUR.). Peut-être p. ext. de brandir1 en raison de l'anal. de forme entre une épée et une grande cheville, celle-ci étant assujettie en frappant.
BBG. — GOHIN 1903, p. 311.
brandir [bʀɑ̃diʀ] v. tr.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; p.-ê. de l'anc. franç. brand, brant « tison » — le verbe a eu en moy. franç. le sens de « scintiller » —, d'où « lame d'épée » (à cause de l'éclat), du francique brand, même sens (→ 2. Bran, brandon), ou, d'après Guiraud, d'un gallo-roman brancitare « agiter, secouer », du bas lat. branca « patte ». → Branche.
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1 Agiter en tenant en l'air, d'une manière menaçante. || Brandir un poignard, un bâton.
1 Elle avait l'air de brandir une petite lance d'amazone, elle était très belle.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXX, p. 205.
♦ Par métaphore. || Brandir l'étendard de la révolte.
2 Agiter (qqch.) en élevant, pour attirer l'attention.
2 (…) le type brandissait des journaux en murmurant : « Paris-soir, dernière. Il m'en reste deux, achetez-les. »
Sartre, les Chemins de la liberté, t. II, Le sursis, p. 9.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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DÉR. Brandiller, brandissement, brandisseur. — V. Branler.
Encyclopédie Universelle. 2012.