BOULIMIE
BOULIMIE
Se manifestant par la consommation excessive, incessante et gloutonne d’aliments, la boulimie relève d’un mécanisme non pas organique mais psychique, contrairement à ce qui caractérise la polyphagie.
Dans la polyphagie, la consommation accrue d’aliments est due à une augmentation physiologique de l’appétit, déterminée par une dette énergétique ou une déperdition calorique anormalement importante: travail musculaire intense et prolongé, convalescence des maladies fébriles, certaines parasitoses, thyréotoxicose, diabète sucré... La polyphagie est étroitement dépendante du déséquilibre énergétique et cesse habituellement avec celui-ci.
Dans la boulimie, la consommation d’aliments succède à une sensation de manque que le sujet ressent avec plus ou moins d’anxiété et traduit comme étant de nature alimentaire. La sensation de manque qui aiguise anormalement la faim du boulimique provient généralement d’un besoin affectif non satisfait. Ce besoin, que l’ingestion d’aliments ne saurait précisément satisfaire, conduit à une suralimentation entraînant progressivement une obésité qui évolue selon ses propres lois physiologiques.
boulimie [ bulimi ] n. f.
• 1594; bolisme 1372; du gr. boulimia « faim (limos) de bœuf (bous) »
1 ♦ Besoin irrépressible de manger accompagnant certains troubles physiques ou mentaux.
2 ♦ Désir intense. ⇒ appétit. « le souvenir de ses boulimies charnelles » (Huysmans).
⊗ CONTR. Anorexie.
● boulimie nom féminin (grec boulimia, de bous, bœuf, et limos, faim) Trouble du comportement alimentaire caractérisé par un besoin incontrôlable d'absorber de la nourriture en grande quantité chez un sujet qui, habituellement, n'est pas un « gros mangeur ». Désir ardent et répétitif d'obtenir ou de faire quelque chose ; fringale, frénésie : Être saisi d'une boulimie de lecture.
boulimie
n. f. Augmentation pathologique de l'appétit accompagnant certains troubles psychiques.
⇒BOULIMIE, subst. fém.
A.— PATHOL., PSYCHOL. Sensation continuelle de faim intense, se rencontrant le plus souvent dans les affections du système nerveux et les carences affectives, et entraînant la consommation d'une grande quantité de nourriture. Synon. techn. hyperoxie, hyperphagie, sitiomanie. Anton. anorexie, satiété :
• 1. J'ai su plus tard que la pauvre femme était sujette à une maladie assez rare que le vulgaire appelle faim canine, et que nous autres savants nous baptisons du nom de boulimie. Lorsque la faim la prenait, elle aurait donné sa fortune pour un plat de lentilles.
ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, p. 64.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe s. à partir de Ac. 1798.
— P. ext., fam. Grand appétit, sans cause pathologique particulière. Une boulimie enfantine (DRUON, Les Grandes familles, 1948, p. 252).
B.— Au fig. Désir immense et impérieux de quelque chose. Synon. appétit. Boulimie charnelle, intellectuelle; boulimie de puissance, de terres :
• 2. Que détenons-nous encore qui soit à la mesure de cette grande faim? Cette grande faim, au centre de l'Europe, cette boulimie qu'il nous faut nourrir et que nous avons jusqu'ici nourrie avec la chair et avec le sang des autres...
MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 225.
Rem. Sens attesté dans les dict. gén. à partir de ROB.
Prononc. :[bulimi].
Étymol. ET HIST. — [1372 bolisme « appétit insatiable » (CORBICHON, Propriét. des choses, Richel. 22533, f° 119c dans GDF.) — B. DE GORD., Pratiq., V, 4, ibid.]; 1594 boulimie (Sar. Men. dans GDF. Compl.).
Empr. au gr. littéralement « faim » () « de bœuf » (); cf. l'expr. fr. faim de loup.
STAT. — Fréq. abs. littér. :16.
BBG. — FEUGÈRE (F.). En marge de l'exposition Charles V. dans le vocab. de Du Guesclin. Déf. Lang. fr. 1968, n° 45, p. 26; FEUGÈRE (F.). La Première Renaissance et notre vocab. d'Oresme à Christine de Pisan. Déf. Lang. fr. 1970, n° 51, p. 14. — Intermédiaire (L') des linguistes curieux. Vie Lang. 1956, p. 177. — PAMART (P.). Attention! route glissante ou les Promenades étymol. Vie Lang. 1968, p. 293.
boulimie [bulimi] n. f.
ÉTYM. 1594; bolisme, 1372; grec boulimia « faim (limos) de bœuf (bous) ».
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♦ Didact., littér. ou style soutenu.
1 Faim insatiable, exagération pathologique de l'appétit entraînant l'ingestion de grandes quantités d'aliments, qui accompagne certains troubles physiques ou mentaux. ⇒ Hyperphagie. || La boulimie est un symptôme de la présence du ténia. || Boulimie névrotique. ⇒ Sitiomanie. || Boulimie des chevaux. ⇒ Faim-calle. || Boulimie des chiens. ⇒ Cynorexie.
2 Faim extrême, sensation de faim intense.
1 (…) une faim de chasseur, la plus féroce des faims, égale en âpreté à celle que les Grégeois nomment boulimie (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, III.
1.1 Tu as ce type latin qui tend, dès l'âge adulte, à se développer en largeur. Tu as surtout cette voracité, cette horrible boulimie du pauvre qui trouve tout d'un coup table mise.
M. Aymé, Travelingue, p. 139.
3 Fig. Désir intense. ⇒ Appétit, avidité. || Boulimie intellectuelle, de lecture. || Elle a une véritable boulimie de voyages.
2 (…) le souvenir de ses boulimies charnelles (…)
Huysmans, En route, p. 6.
3 Et, en effet, comme ils n'assimilent pas ce qui dans l'art est vraiment nourricier, ils ont tout le temps besoin de joies artistiques, en proie à une boulimie qui ne les rassasie jamais.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 892.
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CONTR. Anorexie, satiété.
DÉR. Boulimique.
Encyclopédie Universelle. 2012.