bestial, iale, iaux [ bɛstjal, jo ] adj.
• 1190; lat. bestialis, de bestia
♦ Qui tient de la bête, qui assimile l'homme à la bête. ⇒ 2. animal, brutal, sauvage. Air, instinct bestial. Amour bestial. — Adv. BESTIALEMENT .
⊗ CONTR. Délicat, raffiné.
● bestialement adverbe De façon bestiale.
⇒BESTIALEMENT, adv.
D'une manière bestiale, à la manière d'une vraie bête. Vivre bestialement (Ac. 1798-1932, Lar. 19e, Lar. encyclop.) :
• 1. — Qu'y a-t-il! — balbutia Auguste... Il était ivre, bestialement ivre; — il ne pouvait plus ni se tenir, ni parler, ni voir.
BAUDELAIRE, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, traduit de E. Poe, 1858, p. 9.
• 2. Ce sont les mêmes qui, durant les accablants midis de juillet et d'août, font la sieste, bestialement étalés à travers la chaussée, ...
J. LORRAIN, Âmes d'automne, 1898, p. 165.
— P. iron. :
• 3. Le métier d'argousin ne me ragoûte pas; je ne tiens pas à pourvoir la potence de gibier. D'ailleurs, ton stratagème est assez picaresque et comique. C'est un bon tour pour extorquer des pistoles aux bourgeois poltrons. Comme acteur expert aux ruses et subterfuges, je l'apprécie, et ton imaginative m'induit à l'indulgence. Tu n'es point platement et bestialement voleur, et ce serait dommage de t'interrompre en une si belle carrière.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 81.
1re attest. fin XIIe-début XIIIe s. bestïalment (Moralités sur Job, 365, 3, éd. W. Foerster dans T.-L.); XIVe s. bestialement (Troilus ds GDF. Compl.); dér. de bestial, suff. -ment2. — []. — Fréq. abs. littér. : 8.
bestialement [bɛstjalmɑ̃] adv.
ÉTYM. XIIe; de bestial.
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1 D'une manière bestiale. || Vivre bestialement. ⇒ Animalement. || Il l'a assassiné bestialement. || « Il était ivre, bestialement ivre » (Baudelaire, trad. Poe, in T. L. F.).
0 Le vieux totémisme des bêtes, des pierres, des objets chargés de foudre, des costumes bestialement imprégnés, tout ce qui sert en un mot à capter, à diriger, et à dériver des forces, est pour nous une chose morte, dont nous ne savons plus tirer qu'un profit artistique et statique, un profit de jouisseur et non un profit d'acteur.
A. Artaud, le Théâtre et son double, p. 14.
2 Fam. || Il travaille bestialement, « comme une bête », énormément.
Encyclopédie Universelle. 2012.