baratter [ barate ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1583; « s'agiter » XIIe; p.-ê. du scand. barâtta « combat », ou du préf. bar- exprimant l'oppos., et lat. actiare de agere « agir »
♦ Battre (la crème) dans une baratte.
● baratter verbe transitif (ancien français barater, s'agiter) Pratiquer le barattage. ● baratter (synonymes) verbe transitif (ancien français barater, s'agiter) Pratiquer le barattage.
Synonymes :
- brasser
baratter
v. tr. Agiter (de la crème) dans une baratte pour en faire du beurre.
⇒BARATTER, verbe trans.
Battre la crème du lait dans un récipient spécial (cf. baratte) pour la transformer en beurre :
• 1. Séparés là, les deux ruisselets le sont pour toujours. Celui de la crème alimente une pompe, qui le monte dans la chambre à maturation. Avant d'être barattée, muée en beurre, elle doit mûrir...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 220.
— P. métaph. :
• 2. Autour de moi tout luit, des volets entr'ouverts filtre un rais de soleil. Les bielles du Diesel font des éclairs humides, barattent ce jet de lumière.
SAINT-EXUPÉRY, Courrier Sud, 1928, p. 58.
— Au fig. :
• 3. ... et il [Durtal] s'appesantissait sur les turpitudes de cette fille trempée dès l'enfance dans les incestes, barattée dès sa puberté par des passions de vieillard...
HUYSMANS, En route, t. 2, 1891, p. 63.
— Emploi pronom. Se baratter la cervelle. S'exciter, s'agiter en vain :
• 4. Ils [les ratés d'aujourd'hui] travaillent toujours de moins en moins (...) mais ils continuent à se surchauffer l'imagination, à se baratter la cervelle dans des cénacles ...
COPPÉE, Mon franc-parler, t. 6, 1894, p. 264.
Prononc. et Orth. :[], (je) baratte []. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. barater avec un seul t. Étymol. et Hist. Début XVIe s. lait baraté « petit lait » (Regime de santé, f° 16 r° dans GDF. Compl. : Lait batu et lait baraté); 1596 trans. barattrer « agiter la crème pour faire le beurre » (HULSIUS, Dict.) fr.-alemand et alemand-fr., Noribergae) — 1611 (COTGR. : Baretter) repris dep. Ac. 1762. Spécialisation du sens de l'a. fr. barater, bareter intrans. « s'agiter (avant le combat) » (1160-74 WACE, Rou, éd. Andresen, II, 3517 dans KELLER, p. 115a) — encore attesté par RABELAIS à l'emploi trans. au sens gén. « agiter, remuer » (1546, Tiers livre dans HUG.) — d'où l'a. fr. barate « agitation (avant le combat) » (1160-74 WACE, Rou, III, 9476 dans KELLER, p. 353a), v. baraterie. L'étymon. lat. « bluter la farine », lui-même d'orig. obsc. (Brüch dans Z. rom. Philol., t. 40, p. 317) manque de base solide. Fréq. abs. littér. :16.
BBG. — DE GOROG 1958, p. 110. — KUHN 1931, p. 202, 228.
baratter [baʀate] v. tr.
ÉTYM. XVIe; « s'agiter », XIIe; orig. incert. p.-ê. du scandinave barâtta « combat, tumulte » ou (Guiraud) du préf. bar- exprimant l'opposition, l'échange et lat. actitare, de agere « agir ».
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1 Battre la crème du lait dans une baratte.
2 Agiter, brasser (une substance quelconque).
♦ Fig., littér. (rare et généralt à la forme passive). || « Baratté par des passions de vieillard » (Huysmans). || Se baratter la cervelle : s'agiter, se tourmenter pour rien.
0 Baratté d'ailes, le ciel s'animait par instants de brusques rafales, qui rabattaient les vols au ras de l'eau, puis les laissaient repartir pour de grands tournoiements.
Hervé Bazin, les Bienheureux de la désolation, p. 239.
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DÉR. Barattage, baratte, baratteuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.