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balafre

balafre [ balafr ] n. f.
• 1505; crois. de l'a. fr. leffre « (grosse) lèvre » avec infl. de balèvre; l'élément ba- étant assimilable à un lat. pop. °bata « ouverture »; cf. bée
Longue entaille faite par une arme tranchante, particulièrement au visage. blessure, coupure, estafilade, taillade. Plus cour. Cicatrice de cette blessure. Une profonde balafre sur la joue.

balafre nom féminin (ancien français leffre, lèvre, croisé avec balèvre, grosse lèvre) Grande entaille faite par une arme ou un instrument tranchants, spécialement au visage ; cicatrice qui résulte de cette blessure. ● balafre (difficultés) nom féminin (ancien français leffre, lèvre, croisé avec balèvre, grosse lèvre) Orthographe Aucune consonne double. De même pour les dérivés balafré, balafrer. ● balafre (synonymes) nom féminin (ancien français leffre, lèvre, croisé avec balèvre, grosse lèvre) Grande entaille faite par une arme ou un instrument tranchants...
Synonymes :
- coupure
- estafilade

balafre
n. f. Longue entaille faite au visage; cicatrice qu'elle laisse.
|| (Afr. subsah.) Cicatrice laissée sur le visage par une incision superficielle destinée à marquer l'appartenance ethnique. Syn. scarification.

⇒BALAFRE, subst. fém.
A.— Blessure de forme allongée, généralement faite par une arme tranchante, spécialement au visage :
1. À travers les déchirures de sa tunique on apercevait ses épaules rayées par de longues balafres.
FLAUBERT, Salammbô, t. 1, 1863, p. 8.
2. ... le prisonnier (...) s'était taillé dans la figure une longue balafre qui débutait (...) jusque sous le menton et laissait couler le sang sur les dentelles du jabot.
BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 136.
P. ext. :
3. ... quelques-uns même qui s'étaient levés dès avant l'aube, n'ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, ...
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 29.
P. anal. [En parlant des dommages causés par la guerre, le temps, à une ville, une constr., etc.] :
4. Les bâtiments de la ferme bordent la cour au sud. Un morceau de la porte nord, brisée par les Français pend accroché au mur. Ce sont quatre planches clouées sur deux traverses, et où l'on distingue les balafres de l'attaque.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 368.
5. Je parcours les quartiers bombardés. Toujours des trous, des balafres, des écorniflures; ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1871, p. 731.
6. Voici que devant nous se dresse une muraille recouverte de terre. Elle porte des balafres et par ces fissures les pierres ont coulé dans le fossé.
BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 59.
B.— Marque, cicatrice laissée par cette blessure, spécialement au visage :
7. ... il (...) me dit qu'il s'était beaucoup battu contre les nôtres en Flandre. (Il avait été chasseur ou dragon sous le duc d'York.) Il en portait les marques, me disait-il, en montrant plusieurs balafres; ...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 848.
8. Comme il se regardait dans une glace, il vit une rougeur sur sa joue gauche. Il s'approcha, s'examina. La cravache n'avait laissé là qu'une légère éraflure. Il pourrait expliquer cela par un accident quelconque. Mais, si la peau gardait à peine la balafre d'une mince ligne rose, lui sentait de nouveau, dans la chair, profondément, la brûlure ardente du cinglement qui lui avait coupé la face.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 121.
P. compar. :
9. ... la rase campagne s'étalait au bout. Dans l'écartement de deux vallons, elle développait sa verte étendue sillonnée en balafres noires par les lignes capricieuses des haies, ...
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 294.
P. métaph. :
10. Les portraits de Van Dyck et de son temps ont toujours, derrière, un ciel d'orage : c'est la vie du temps... Il y a des traînées d'éclairs sur un ciel noir à leur horizon. Des balafres d'orage rayent le fond sur lequel se détache un homme en noir, calme.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1862, p. 1082.
11. Sur tout son corps, la ville portait les longues balafres noirâtres de la pluie. Derrière elle, d'énormes montagnes violettes gonflées d'eau dormaient sous le ciel sombre.
GIONO, Le Chant du monde, 1934, p. 122.
12. Dans le ciel où croulait une avalanche de nuages ronds, le moulin de la prison se profilait, étonnamment précis encore. Son aile unique barrait d'un trait appuyé l'étroite balafre rouge du couchant.
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 233.
PRONONC. ET ORTH. :[] ou []. LAND. 1834 écrit balâfre.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1505 « longue entaille » (GONNEVILLE, Relation authentique, 105 dans QUEM. : Des Indiens [...] incisés en maints endroits de la peau, par balafres, pour paroistre plus beaux fils); 1586 fig. « déchirure » (Resp. de J. Bod. à Malestr. ds GDF. Compl. : Les chausses, ou l'on emploie le triple de ce qu'il en faut, avec tant de balafres et dechiquetures, que les pauvres gens ne s'en peuvent servir, apres que monsieur en est degousté).
Issu du croisement de l'a. fr. leffre « lèvre » attesté du XIIIe s. (Tournoi de Chauvency, 3556, éd. M. Delbouille dans T.-L. : La veissiez vallet escoure Et le hustin encommencier, Celui a cel autre tencier, Et couteler de ces espees, Leffres et faces decopees) au XIVe s. (E. Deschamps, ibid.) avec balèvre p. anal. entre les lèvres d'une plaie et les lèvres du visage. Leffre est empr. à l'a. h. all. leffur (GRAFF t. 2, p. 205); l'hyp. selon laquelle balafre est une forme assimilée de belafre altération de l'a. fr. balèfre (fr. mod. balèvre) lui-même empr. au frq. bal-leffur (EWFS2) fait difficulté, la forme balèfre « balèvre » ne semblant pas attestée.
STAT. — Fréq. abs. littér. :59.

balafre [balafʀ] n. f.
ÉTYM. 1505, « longue entaille »; de l'anc. franç. leffre « (grosse) lèvre », avec infl. de balèvre; l'élément ba- étant, selon Guiraud, assimilable à un lat. pop. bata « ouverture ». → Bée.
Longue entaille faite par une arme tranchante, particulièrement au visage. Blessure, coupure, estafilade, taillade. || Les étudiants allemands se faisaient des balafres au cours de leurs duels.Par ext. Cicatrice de cette blessure. Cicatrice, couture.
0 Il avait la tête carrée, le front court et traversé d'une profonde balafre.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 197.
DÉR. Balafrer.

Encyclopédie Universelle. 2012.