badigeon [ badiʒɔ̃ ] n. m.
• 1676; o. i.
♦ Couleur en détrempe à base de lait de chaux, avec laquelle on peint les murailles, l'intérieur des églises, etc. « La vieille façade n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon » (Martin du Gard).
● badigeon nom masculin Lait de chaux destiné à former sur un mur, etc., un film hydrofuge et hygiénique. Couche de peinture passée rapidement pour donner l'aspect du neuf.
badigeon
n. m.
d1./d Peinture grossière dont on enduit les murs ou les plafonds.
d2./d MED Liquide médicamenteux (désinfectant, analgésique, etc.) dont on enduit une partie malade.
⇒BADIGEON, subst. masc.
A.— BÂTIMENT
1. Couleur en détrempe, jaune ou grise, que l'on utilise pour peindre les murs. Passer au badigeon, couvrir le mur d'un badigeon (Ac. 1932) :
• 1. Tous les cent ans on rend ces granges respectables
Par un badigeon d'eau bleue et de lait caillé :
...
RIMBAUD, Poésies, Les Premières communions, 1871, p. 121.
• 2. La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 107.
— Spéc. Peinture en détrempe dont la couleur cherche à imiter celle de la pierre ou celle du bois. Passer le badigeon sur un meuble vermoulu (GUÉRIN 1892) :
• 3. ... le fer régnait partout, le jeune architecte avait eu l'honnêteté et le courage de ne pas le déguiser sous une couche de badigeon, imitant la pierre ou le bois.
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 626.
— P. méton. Pinceau avec lequel on badigeonne.
2. P. anal., p. plaisant., fam. Maquillage épais d'un visage, pour le faire paraître plus frais, plus jeune :
• 4. Depuis ce jour, Bois-Doré porta perruque (...) badigeon sur le museau, rouge sur les joues...
G. SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 41.
B.— Au fig., péj.
1. Dans le domaine des idées
a) Fausse nouveauté. Synon. replâtrage :
• 5. ... tous les systèmes philosophiques sont des antiquailles replâtres, roulant toujours sur les mêmes pivots, sur l'incohérence des ménages et cultures, et la concurrence de fourberie en commerce. C'est donc la nouveauté qui sera la planche de salut pour les gouvernemens, mais j'entends, la vraie nouveauté, et non pas le badigeon académique reproduisant sous de nouvelles couleurs les vieilles chimères d'Athènes et de Rome, grossies des illusions mercantiles des modernes.
FOURIER, Le Nouv. monde industr., 1830, p. 46.
b) Superficialité. Badigeon de savoir :
• 6. Il [St Loup] ne serait pas plus stupide qu'un autre s'il avait eu, comme tant de gens du monde, l'intelligence de savoir rester bête. Seulement, c'est ce badigeon de savoir qui est terrible.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 508.
2. LITT. Apparence inoffensive que certains auteurs donnent à leurs écrits pour rassurer le lecteur et lui cacher ce qui pourrait l'inquiéter :
• 7. Ils [Merry et Serge Bromberger] amorcent des portraits. Une touche un peu vive indique parfois qu'ils ont été au bord de céder à la tentation; et puis un bienveillant badigeon a vite fait de recouvrir le tout.
MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 179.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1676 sculpt. (FÉLIBIEN, Des Principes de l'archit., [...] Paris, J.-B. Coignard, p. 311-312 : les Sculpteurs en pierre ont aussi d'ordinaire une Sebille, Galle ou Jatte de bois dans laquelle ils detrempent du Badigeon qui est du plastre meslé avec de la mesme pierre dont la figure est faite, & que l'on met en poudre); 1690 maçonn. (FUR. : Badigeon ... C'est un mortier qui se fait de recouppes de pierre de taille, dont on enduit & on colore le plâtre pour le faire ressembler à de la pierre de taille. On croit souvent que des chaînes, des murailles, des tableaux, des croisées soient faites de pierre, & ce n'est qu'un enduit de plâtre coloré avec du badigeon).
Orig. inc. Aucune des hyp. proposées (Bugge ds Romania, t. 4, p. 351 : corruption récente de l'all. Batzen « pâte, masse pétrie »; Regnaud ds R. Philol. fr. prov., t. 10, p. 105 : en rapport avec le néerl. spat « éclaboussure ») ne semble pouvoir être retenue.
STAT. — Fréq. abs. littér. :55.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — BOUILLET 1859. — BUGGE (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 351. — CHABAT t. 1 1875. — CHESN. 1857. — DELORME 1962. — DUVAL 1959. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — FROMH.-KING 1968. — GAY t. 1 1967 [1887]. — JOSSIER 1881. — Lar. mén. 1926. — LARCH. Suppl. 1880. — LE BRETON 1960. — MICHEL 1856. — PRÉV. 1755. — SANDRY-CARR. 1963. — VIOLLET 1875.
badigeon [badiʒɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1676; orig. obscure; selon Guiraud, apparenté à baderne « chose, substance qui protège ». → Baderne.
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1 Couleur en détrempe à base de lait de chaux, dont on peint les murailles, l'intérieur des églises, etc. ⇒ Enduit, peinture. || Donner un coup de badigeon. || Passer au badigeon.
1 (…) et les murs étaient restés enduits d'un vieux crépi rose vif qui buvait la lumière comme un badigeon italien.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 251.
2 La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 152.
3 (…) ce sanctuaire étrange aux murailles attristées par un badigeon verdâtre.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, II.
♦ Pâte avec laquelle on bouche les trous dans une sculpture, un ouvrage de bois.
♦ Fam. Couche excessive de maquillage. ⇒ Fard.
2 Par métaphore. Aspect de nouveauté (que l'on donne à une théorie, etc.).
♦ Connaissance superficielle. || Un badigeon de culture qui permet de parler en public. ⇒ Teinture. || « Un badigeon de savoir » (Proust).
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DÉR. Badigeonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.