badaud, aude [ bado, od ] n. et adj.
• 1532 « stupide »; provenç. badau, de badar « regarder bouche bée » → bayer
♦ (Rare au fém.) Personne qui s'attarde à regarder le spectacle de la rue. ⇒ curieux, flâneur, gobe-mouche. Incident qui attroupe les badauds. — Adj. Le Parisien est badaud. — N. f. BADAUDERIE [ badodri ].
● badauderie nom féminin Littéraire. Caractère du badaud ; comportement de badaud. ● badauderie (synonymes) nom féminin Littéraire. Caractère du badaud ; comportement de badaud.
Synonymes :
- flânerie
⇒BADAUDERIE, subst. fém.
A.— Action de faire le badaud, curiosité un peu niaise :
• 1. Le seul trait du caractère parisien que l'on soit autorisé à regarder comme ineffaçable, c'est cette espèce de curiosité, un peu niaise, si nous osons le dire, pour laquelle on a inventé le nom de badauderie : ...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, 1811, p. 140.
• 2. Comme les affaires étaient suspendues, l'inquiétude et la badauderie poussaient tout le monde hors de chez soi.
FLAUBERT L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 118.
• 3. La plupart des découvertes scientifiques, qui ont successivement émerveillé la badauderie académique, entre 1789 et 1914, sont comparables à un feu d'artifice...
L. DAUDET, Le Stupide XIXe s., 1922, p. 261.
— Partic. ,,Action, propos de badaud`` (Lar. 19e). Ce que vous dites, ce que vous faites là est une franche badauderie (Ac. 1798, 1878, Lar. 19e).
B.— P. ext., péj. Esprit grégaire et imitateur, dénué de jugement. Une impardonnable badauderie, donner dans la badauderie :
• 4. Indifférents ou dupes, il nous faut payer les folies que nous avons laissé passer sans protester, ou que nous avons approuvées par ignorance ou badauderie.
VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'archit., t. 2, 1872, p. 398.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Durée mi-longue sur la 2e syll. ds BARBEAU-RODHE 1930. (Pour une durée longue, cf. LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, FÉL. 1851 et LITTRÉ). FÉR. 1768, FÉR. Crit. 1787 et LAND. 1834 notent longue également la syll. finale.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1547 « niaiserie » (NOËL DU FAIL, Propos rustiques, p. 34, Paris, éd. Assézat, 1874 : Que si vous tombez en quelque maladie, vous ne cherchez clisteres, purgations, saignees, et telles badauderies); av. 1679 « caractère du badaud » (RETZ, III, 60 ds LITTRÉ : Nous allâmes au Palais-Royal où la badauderie des courtisans m'étonna plus que celle des bourgeois); 1690 (FUR. : Badauderie ... Action de badaud).
STAT. — Fréq. abs. littér. :21.
badauderie [badodʀi] n. f.
ÉTYM. 1547; de badaud.
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♦ Vieilli ou littéraire.
1 Caractère du badaud (1.). ⇒ Sottise, niaiserie.
1 Nous allâmes au Palais-Royal où la badauderie des courtisans m'étonna plus que celle des bourgeois (…)
Retz, Mémoires, III, 60 (→ Niaiserie).
1.1 Son cylindre sur la nuque donnait à sa mine éveillée, à son regard hardi une badauderie affectée.
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 152.
1.2 Je pourrais mentionner d'autres détails plus affreux encore, mais les récits de cet ordre oscillent entre le sadisme et la badauderie.
M. Yourcenar, le Coup de grâce, p. 140.
2 Action de badauder; attitude du badaud.
2 Un peu de badauderie ne messied point au voyageur nouveau débarqué.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XI.
♦ Figuré :
3 Ma badauderie littéraire. Je vais de livre en livre. Je m'excite d'idée en idée. Je m'arrête quelques minutes devant un projet, et je passe.
J. Renard, Journal, 28 févr. 1906.
3 Ensemble de badauds; les badauds (pris collectivement).
4 (…) de loin la badauderie parisienne mettait des noms sur des visages reconnus (…)
Alphonse Daudet, l'Immortel, p. 183.
Encyclopédie Universelle. 2012.