apitoyer [ apitwaje ] v. tr. <conjug. : 8>
• fin XIIIe; de pitié
♦ Toucher (qqn) de pitié. ⇒ attendrir, émouvoir. Que rien n'apitoie. ⇒ impitoyable. — pass. « Au lieu d'être apitoyée par tant de soumission » (Sand). — V. pron. Être touché de pitié. ⇒ compatir. « Elles s'apitoyaient sur les drames du cœur et ne s'en indignaient jamais » (Maupassant). Elles se sont apitoyées sur son sort.
● apitoyer verbe transitif (de pitié) Susciter la pitié de quelqu'un ; attendrir : Je cherche à l'apitoyer sur mon sort. ● apitoyer (difficultés) verbe transitif (de pitié) Orthographe Avec un seul p. Conjugaison Attention au i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que)nous apitoyions, (que)vous apitoyiez. ● apitoyer (synonymes) verbe transitif (de pitié) Susciter la pitié de quelqu'un ; attendrir
Synonymes :
- émouvoir
- remuer
- toucher
apitoyer
v. tr. Toucher de pitié. Le récit de tous ses malheurs m'a apitoyé. Syn. émouvoir, attendrir.
|| v. Pron. éprouver de la pitié. Il ne mérite pas qu'on s'apitoie sur son sort.
⇒APITOYER, verbe trans.
A.— Emploi trans. [Le compl. est un animé] Susciter la pitié de quelqu'un :
• 1. Mais ce qui apitoyait le plus la femme Teston, ce qui rendait l'histoire plus horrible et plus intéressante, c'était moins le cou dépecé de l'enfant et l'outrage qu'elle avait subi, c'était ce pantalon qu'une main brutale avait arraché et qui laissait voir son pauvre petit ventre à nu.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 45.
• 2. Le duel constant qu'il y a chez le mâle, entre sa générosité et son égoïsme, entre son sang et son sperme, crée en lui une atmosphère de désarroi qui épouvante, apitoie et fascine la femme.
MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1398.
♦ P. exagér. [Le compl. désigne une chose] :
• 3. — Aïou! geignit-il d'un ton si douloureux qu'il eût apitoyé des pierres, ...
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 297.
— Emploi abs. :
• 4. La figure du gamin était sérieuse; le regard franc; aucun désir d'apitoyer ni même d'intriguer; ...
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Consultation, 1928, p. 1052.
B.— Emploi pronom. Être touché de pitié :
• 5. Laurent connut vite le public de l'endroit, public mêlé et disparate qui s'apitoyait et ricanait en commun.
ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, p. 84.
♦ S'apitoyer sur.
1. [Le compl. introd. par sur est une pers. ou un animal] :
• 6. ... ils s'enthousiasment à toutes les bonnes actions communes; ils s'apitoient sur chaque innocent qu'on tue, sur chaque chien qu'on écrase, comme s'ils étaient venus pour cela au monde.
FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 323.
— [ou une périphrase désignant une pers.] :
• 7. Aujourd'hui, à la suite d'un torticolis, — pris dans une promenade en voiture découverte, que sa femme lui a fait faire au clair de la lune, le long d'une plage de l'océan, — avec ses gestes comiques, ankylosés, ses grandes mains semblant renforcer sur sa tête un serre-tête funambulesque, il me faisait sourire et à la fois m'apitoyer sur son compte.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1880, p. 86.
2. [Le compl. introd. par sur est une chose abstr. ou concr. en rapport étroit avec une pers.] S'apitoyer sur les misères du peuple :
• 8. Comment ne pas s'apitoyer sur la destinée de générations florissantes conduites par l'ignorance, l'amnésie et l'aveuglement de l'état aux « cavernes de mort » de la plus sombre et la plus cruelle des boucheries?
MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. XLIV.
PRONONC. : (s') [apitwaje], (je m') apitoie [apitwa] (pour la prononc. du groupe oy, cf. aboyer).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1224-1231 intrans. apitier « être empli de pitié, éprouver de la pitié » (G. DE COINCI, Mir. Vierge, ms. Brux. 9229, f° 150d ds GDF. : En cel respons si doz chant a Et tant est biaus et bien ditiez Li cuers m'en est tot apitiez) — 1611 apitoyer (COTGR.); b) 1224-1231 emploi pronom. s'apitier « éprouver de la pitié envers qqn, prendre pitié de » (ID., Ibid., ms. Soiss., f° 5d ds GDF. : Oies ma complainte, Et envers moi t'apite); 2. fin XIIIe s.-début XIVe s. trans. apitoier « emplir de pitié, émouvoir, attendrir » (MARCO POLO, C. CCXXV ds GDF. Compl. : Car il li mururent tant que de male ore fo comences ceste bataille qe apitoe). Rem. Le verbe a subsisté aux XVIIe et XVIIIe s. dans la lang. pop. (cf. mil. XVIIIe s., témoignage de La Curne de Sainte Palaye ds LA CURNE, s.v. apiter :Ce verbe, dont la signification intéresse l'humanité, est encore usité parmi le peuple en province), repris à l'époque révolutionnaire (cf. apitoyer, cité parmi les néologismes introduits par la Révolution ds BRUNOT t. 10, 2e part., 1943, p. 597, La Quotidienne, 11 mai 1795 et 1797, Lettre de Casanova à Léonard Snetlage, Paris, 1903, ibid., 1re part., p. 104 : ... appitoyer [mot pitoyable]); 1798 attesté dans les emplois trans. et pronom. (Ac. où le mot est qualifié de ,,familier`` : [...] S'apitoyer sur les malheurs de quelqu'un).
Dér. de pitié; préf. a-1, dés. -er, forme -oyer, du lat. -idiare, p. anal. avec les verbes de cette forme (EWFS2).
STAT. — Fréq. abs. littér. :318. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 123, b) 483; XXe s. : a) 897, b) 445.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 121.
apitoyer [apitwaje] v. tr. [CONJUG. noyer.]
ÉTYM. Fin XIIIe, apitoier; v. 1230, apitier; de 1. a-, pitié, et désinence verbale.
❖
♦ Toucher (qqn) de pitié. ⇒ Attendrir, émouvoir, toucher. || Tâchez de l'apitoyer sur le sort de ce malheureux. || Rien ne l'apitoie. ⇒ Impitoyable. — Absolt. || Il essaye toujours d'attendrir, d'apitoyer.
——————
s'apitoyer v. pron.
♦ Être touché de pitié (à l'égard de qqn ou de qqch.). ⇒ Compatir. || S'apitoyer sur qqn, sur les misères, sur le sort de qqn.
1 Moi, d'entendre ce digne homme s'apitoyer ainsi sur mon sort (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 89.
2 Elles s'apitoyaient sur les drames du cœur et ne s'en indignaient jamais, même quand ils étaient criminels.
Maupassant, le Clair de lune, « Une veuve ».
——————
apitoyé, ée p. p. adj.
♦ Touché de pitié. — Au passif :
3 Au lieu d'être apitoyée par tant de soumission et de dévouement, la Madelon se montra très dure (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXI.
♦ Un geste apitoyé. || Des consolations apitoyées.
❖
DÉR. Apitoiement, apitoyable, apitoyant.
Encyclopédie Universelle. 2012.