anagogie [ anagɔʒi ] n. f.
• 1560; anagoge XVe; lat. ecclés. anagogia, gr. anagôgê
1 ♦ Interprétation anagogique.
2 ♦ Élévation de l'âme dans la contemplation mystique.
● anagogie nom féminin (latin médiéval anagogia, du grec anagôgê, action d'élever l'âme) Interprétation des Écritures, par laquelle on s'élève du sens littéral au sens spirituel.
⇒ANAGOGIE, subst. fém.
A.— Seulement au sing.
1. PHILOS., THÉOL. MYSTIQUE. Élévation de l'âme vers les choses divines. Synon. extase :
• 1. Il faut le dire : Gracian a décidément quitté l'anagogie escarpée et sublime de Platon pour les chemins fleuris, mais insidieux de la démagogie, qui est agogie par douceur et suavité...
V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 6.
— P. compar. :
• 2. Les tours, les clochers, s'envisagent, d'après la théorie de Durand, évêque de Mende au XIIIe siècle (...) et leurs sommets sont l'anagogie de cette perfection que cherchent à atteindre, en s'élevant, ces âmes...
J.-K. HUYSMANS, La Cathédrale, 1898, p. 122.
2. EXÉGÈSE. Recherche du sens spirituel et mystique des Écritures :
• 3. On nomme (...) Anagogie l'interprétation figurée d'un fait ou d'un texte des saintes Écritures, le passage d'un sens naturel et littéral à un sens spirituel et mystique : par exemple, les biens temporels promis aux observateurs de la Loi sont, dans le sens anagogique, l'emblème des biens éternels réservés dans la vie future aux hommes vertueux.
BACH.-DEZ. 1882.
B.— Seulement au plur., ANTIQ. GR. Sacrifice pour obtenir symboliquement une heureuse traversée, célébré chaque année à Éryx en Sicile à l'occasion des fêtes commémorant le départ d'Aphrodite pour la Libye.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s.
Prononc. ET ORTH. :[]. GUÉRIN 1892 réserve une entrée spéc. à la forme anagogies, subst. fém. plur. Lar. encyclop., s.v. anagogie précise : ,,on dit aussi anagogisme``.
Étymol. ET HIST. — [1495 anagoge (JEH. DE VIGNAY, Mir. hist., XXVII, 85, éd. 1531 ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 112)]; 1. 1560 théol. « recherche du sens mystique des textes sacrés » (VIRET, Cuisine papale, 23, Fick, ibid. : S'ensuit que par anagogie Ils font un merveilleux devoir Pour la grace du pape avoir Par leurs prédications); 2. 1771 id. (Trév. : Anagogie. Élévation de l'esprit aux choses célestes et éternelles); 3. 1752 antiq. (Trév. : Anagogies. Fêtes qui se célébroient par les habitans d'Erix [...] en Sicile, en l'honneur de Venus).
Empr. au lat. médiév. anagogia, au sens 1, ALBERT LE GRAND, Summ. théol. I, 1, 5, 4, p. 27a. 9 ds Mittellat. W s.v., 609, 54 : quatuor sunt sensus sacrae scripturae : ... anagogia, in qua de summis et coelestibus traditur, per quae ad superna ducimur; sens 2, ID., Is. 33, 21, p. 362, 96, ibid., 609, 64 : allegoria fidei astruit sinceritatem, analogia desideratam ... beatitudinem. Le lat. médiév. anagogia, p. anal. avec les termes d'exégèse allegoria, tropologia, a remplacé le lat.-chrét. anagoge, attesté au sens 1, ST. JÉRÔME, Epist., 120, 8 ds TLL s.v., 15, 35 : in Ies. 1, 1, 3, bos iuxta anagogen refertur ad Israel, lui-même empr. au gr. chrét. « action d'élever l'âme », SYNÉSIUS, (IVe-Ve s.), 50 c ds BAILLY, d'où « sens des choses (spirituel) », GRÉG. DE NAZIANZE (IVe s.), 2, 412, ibid.; le sens 3 représente le plur. neutre gr. (pris pour un fém.) () « sacrifice pour obtenir une heureuse traversée » de , adj. « qui gagne le large », ELIEN (IIIe s.) V. H., 1, 15 ds BAILLY.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BOUILLET 1859. — PRÉV. 1755.
anagogie [anagɔʒi] n. f.
ÉTYM. 1560; anagoge, XVe; du lat. ecclés. anagoge, grec anagôgê « élévation ».
❖
♦ Didactique.
1 Interprétation par le sens anagogique.
2 (1771). Élévation de l'âme dans la contemplation mystique.
❖
DÉR. Anagogique.
Encyclopédie Universelle. 2012.