aliéné, ée [ aljene ] adj. et n.
• XVIe; lat. alienatus → aliéner
1 ♦ (Choses) Cédé par aliénation. Un patrimoine aliéné.
♢ (Personnes) Altéré dans sa personnalité. « Je suis limité et aliéné [...] et toute révolution, toute littérature ne sont que des oublis momentanés de l'aliénation » (Ionesco).
2 ♦ N. Personne atteinte d'aliénation mentale, dont l'état nécessite l'internement dans un hôpital psychiatrique (cf. Malade mental). Anciennt Asile d'aliénés. ⇒ fou.
● aliéné, aliénée nom Sujet affecté d'aliénation mentale. ● aliéné, aliénée (citations) nom Gilbert Keith Chesterton Londres 1874-Beaconsfield, Buckinghamshire, 1936 Les hommes qui croient réellement en eux-mêmes sont tous dans des asiles d'aliénés. The men who really believe in themselves are all in lunatic asylums. Orthodoxy, II Henry Havelock Ellis Croydon, Surrey, 1859-Hintlesham, Suffolk, 1939 L'asile d'aliénés est l'endroit où fleurit le plus d'optimisme. The place where optimism most flourishes is the lunatic asylum. The Dance of Life, III ● aliéné, aliénée (synonymes) nom Sujet affecté d'aliénation mentale.
Synonymes :
- dément
- fou
Contraires :
- sain d'esprit
- sensé
aliéné, ée
adj. et n.
d1./d Malade mental. Syn. fou.
d2./d Qui a subi une aliénation (sens 3 et 4).
⇒ALIÈNE, adj. et subst.
Arch. Étranger :
• « Rue gît-le-cœur ... rue gît-le-cœur... » chante tout bas l'alienne sous ses lampes, et ce sont là méprises de sa langue d'étrangère.
SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 283.
Rem. 1. Attesté de BESCH. 1845 à DG (cf. étymol.). 2. Noter l'orth. partic. de ce mot chez Saint-John Perse.
Étymol. ET HIST. — 1. XIe s. adj. alien, aliene « étranger » (Alexis éd. Ch. Storey, 417). — 1475, Littleton ds GDF.; 1544 adj. des 2 genres aliène « étranger (d'une chose) » (DES PERIERS, trad. du Lysis de Platon ds HUG. : Lesquelles choses, veu que ne les sçaurions aprofiter, nous seroient aliènes et estranges), seulement au XVIe s., qualifié en ce sens de vx mot par BESCH. 1845; 1942 repris par St-John Perse sous la forme substantivée; 2. 1635 « étranger, opposé (à un projet, un sentiment) » (MONET, Inv. ds GDF. : Aliene, avers, ayant alienation, aversion de quelque chose. Son ame est aliene de toute feintise); 1675 (BOUHOURS, Rem. nouv. sur la lang. fr., 26, ibid. : Aliène ne se dit point; et ceux qui disent, je n'en suis pas aliène, pour dire, je ne suis pas éloigné de cet avis, je ne m'oppose pas à cela, parlent mal); qualifié en ce sens de vieilli par DG.
Empr. au lat. alienus, adj. attesté au sens « d'étranger (d'un inanimé) » dep. PLAUTE, Poen., 1403 ds TLL, 1570, 72; emploi substantivé, ID., Capt., 146, ibid., 1572, 76, au sens de « opposé à, ennemi de qqc. » dep. CICÉRON, S. Rosc., 46, ibid., 1474, 57. La graphie alienne ne peut se justifier.
Encyclopédie Universelle. 2012.