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• 1853; « coudre » XIII^e; de aiguille

1 ♦ Diriger (un train) d'une voie sur une autre par un système d'aiguillage.

2 ♦ (1922) Fig. Diriger, orienter dans des démarches, une carrière. Il a été mal aiguillé. « ses parents eurent grand souci de l'aiguiller sur un chemin normal » (Beauvoir).

Synonymes :

v. tr.

d1./d Diriger (un train) sur une voie par la manoeuvre de l'aiguillage.

d2./d Fig. Orienter (qqn) dans une direction, vers un but. Il a aiguillé ses filles vers les études scientifiques.

⇒AIGUILLER, verbe trans.

1. Littér., rare. Piquer comme le feraient des aiguilles :

• 1. ... à Paris, il avait dû suivre des traitements d'hydrothérapie, pour des tremblements des doigts, pour des douleurs affreuses, des névralgies qui lui coupaient en deux la face, frappaient à coups continus la tempe, aiguillaient les paupières, provoquaient des nausées qu'il ne pouvait combattre qu'en s'étendant sur le dos, dans l'ombre.

J.-K. HUYSMANS, À Rebours, 1884, p. 113.

Rem. Cet emploi pourrait être dér. de l'emploi 2 a (chir.).

2. Emplois techn. (dans lesquels le sens physique de aiguille est perceptible).

a) CHIR., vieilli. Abaisser la cataracte au moyen d'une aiguille spéciale.

b) TEXT. Aiguiller la soie. La nettoyer à l'aide d'aiguilles.

3. Arg. Marquer une carte à jouer à l'aide d'une aiguille, p. ext. la biseauter, de manière à la distinguer des autres pour tricher.

a) CH. DE FER. Diriger un convoi sur un réseau de chemin de fer, en manœuvrant les systèmes d'aiguilles ou aiguillages :

• 2. Il était neuf heures, encore quelques minutes, et l'express de Paris serait là. Tout de suite, elle avait continué, d'un pas de promenade, jusqu'à la bifurcation de Dieppe, à deux cents mètres, examinant la voie, cherchant si quelque circonstance ne pouvait la servir. Justement, sur la voie de Dieppe, en réparation, stationnait un train de ballast, que son ami Ozil venait d'y aiguiller; ...

É. ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 217.

b) P. anal. Faire suivre un itinéraire déterminé à un engin :

• 3. ... les projecteurs se remuaient sans cesse, flairant l'ennemi, le cernant de leurs lumières jusqu'au moment où les avions aiguillés bondiraient en chasse pour le saisir.

M. PROUST, À la recherche du temps perdu, Le temps retrouvé, 1922, p. 759.

2. Au fig. Orienter, diriger.

a) [Le suj. désigne une pers., l'obj. désigne une activité intellectuelle] Aiguiller une discussion, aiguiller les recherches dans un certains sens, dans un sens différent (Ac. t. 1 1932) :

• 4. Je remarquais son souci d'aiguiller la conversation vers les questions religieuses. Je ne m'y dérobais pas; ...

R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, p. 537.

b) [Le compl. désigne une pers., son esprit, ou ses actes] :

• 5. Quelles que soient ses tendances ancestrales, chaque individu est aiguillé par les conditions de son développement sur la route qui le conduira soit aux montagnes solitaires, soit au flanc des collines, soit à la boue des marécages où se plaît l'humanité.

A. CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 310.

— Emploi abs. Orienter une conversation dans une autre direction :

• 6. — Je sais, je sais, se hâta de dire Lahrier qui en était à sa millième audition des sacrifices de Chavarax. Avide d'en éviter une nouvelle resucée, il aiguilla adroitement, en revint à ses moutons; ...

G. COURTELINE, Messieurs les ronds-de-cuir, 1893, 2, tabl. 2, p. 75.

Prononc. :[], j'aiguille []. WARN. 1968 signale pour la 1^re syllabe de ce mot la possibilité d'une prononc. en [] ouvert, dans la lang. soutenu. Pour l'hist. de la prononc., cf. aiguille. Enq. ://. Conjug. parler.

Étymol. ET HIST. — 1. Fin XII^e s. « piquer avec une aiguille ou un aiguillon » fig. (R. DE BORON, Queste du S. Graal, Richel, 12 582 f° 12 r° ds GDF. : Il li doit chargier le fes de la grant penitance, por quoi il soit point et aiguillies pour espenoir en tristrece ce qu'il aura fet en voie); encore au XIII^e s., ibid.; 2. 1752 méd. (Trév. :c'est ôter la cataracte de l'œil. Les occulistes sont adroits à aiguiller). — 1897, Nouv. Lar. ill., où le mot est qualifié de vieux; 3. 1771 fil. (Trév. :c'est la [la soie] nettoyer avec des aiguilles ou instrumens semblables, quand elle est sur le dévidoir); 4. 1853 « diriger un convoi de chemin de fer à l'aide d'une aiguille » [Pt ROB. sans attest.]; 1^re attest. lexicogr. ds LA CHÂTRE t. 1 1865, emploi pronom.; d'où p. ext. 1922 « orienter, diriger qqn » (Beauvoir ds Pt ROB. : ses parents eurent grand souci de l'aiguiller sur un chemin normal).

Dér. de aiguille étymol. I 2 pour le sens 1, de aiguille étymol. I pour le sens 2 et aiguille II 3 pour le sens 3; dés. -er.

STAT. — Fréq. abs. litt. :65.

BBG. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BONNEL-TASSAN 1966. — CAPUT 1969. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — LE BRETON 1960.

aiguiller [egɥije] v. tr.

ÉTYM. Fin XII^e, « piquer avec une aiguille »; de aiguille.

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1 (1771). Techn. || Aiguiller la soie, la nettoyer avec des aiguilles quand elle est sur le dévidoir.