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TSAR
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TSAR

Forme slave tardive (la forme ancienne est c face="EU Caron" ガsar face="EU Caron" ク , du latin cæsar ), tsar sert au Moyen Âge à désigner l’empereur romain, byzantin ou germanique. Voulant affirmer son indépendance et cherchant à rivaliser avec Byzance, Syméon de Bulgarie prit, en 919, le titre de tsar (car’ ) des Bulgares et des Grecs. Après l’échec de cette tentative (1018), le terme sera repris par les monarques du second royaume bulgare (1187-1396). En 1346, c’est le roi de Serbie Étienne (Stefan) Dušan qui se fait couronner tsar des Serbes et des Grecs, mais le titre disparaît, dès 1371, avec son successeur, Uroš IV. Toujours dans les Balkans, de 1908 à 1945, les rois de Bulgarie s’intituleront tsar.

En Russie, le terme tsar, après avoir désigné presque exclusivement le basileus , a été utilisé, à partir du milieu du XIIIe siècle, pour le kh n de la Horde d’or (le mot tsarévitch était réservé aux parents et descendants de la dynastie régnante); ce n’est qu’après l’effondrement du joug mongol (1480), qu’Ivan III ose s’arroger, dans quelques documents, le titre de tsar (qui d’ailleurs est toujours attribué aux khans de Kazan et de Crimée, héritiers de la Horde); en 1497, il fait certes couronner son petit-fils, Dmitri (qui ne régnera jamais), mais le successeur effectif d’Ivan, Basile III, ne prend pas encore officiellement le titre de tsar, bien que l’idéologie impériale continue à se répandre dans les milieux ecclésiastiques et politiques. En 1547 seulement, lors d’une cérémonie solennelle dans la cathédrale de l’Assomption au Kremlin (où auront lieu désormais tous les couronnements jusqu’en 1894), Ivan IV le Terrible ceint la couronne de tsar de toute la Russie. Le titre est alors définitivement adopté par les monarques moscovites. En 1721, Pierre le Grand le remplace, dans la titulature officielle, par celui d’imperator, d’apparence plus occidentale; mais, dans la langue courante et en Russie comme à l’étranger, le terme de tsar se maintient jusqu’à la chute de la monarchie russe en 1917 (l’héritier du trône conservera d’ailleurs officiellement le titre de tsarévitch, utilisé depuis le XVIe siècle). Ses dérivés, tsarisme et tsariste, devenus internationaux, seront largement utilisés dans le langage politique des XIXe et XXe siècles, puis par les historiens pour désigner la doctrine et les défenseurs de la monarchie absolue en Russie.

tsar [ dzar; tsar ] n. m.
• 1607; czar 1561 forme polonaise; mot slave, du lat. Cæsar, comme l'all. Kaiser
Hist. Titre porté par les empereurs de Russie, les souverains serbes et bulgares.

tsar
n. m. HIST Titre des empereurs de Russie et des anciens souverains serbes et bulgares. (On a écrit autrefois tzar, csar et czar.)

⇒TSAR, TZAR, subst. masc.
HISTOIRE
A. — Empereur de Russie. Vous le savez, je suis Russe, sujet du tsar, et le tsar, mon gracieux souverain, a d'impérieuses volontés (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 550). Alexandre Ier, tsar de toutes les Russies, avait pour son usage un service à thé de sept pièces en or massif (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 47).
♦ [P. oppos. à la Russie soviétique, à l'U.R.S.S.] La Russie des tsars. La Russie à l'époque des tsars. D'aucuns objecteront ici les résultats remarquables et remarquablement rapides obtenus par l'URSS. C'est oublier un peu trop que la Russie des tsars figurait parmi les grandes puissances de l'époque (Univers écon. et soc., 1960, p. 8-3).
P. anal. (de souveraineté, de suprématie). Vous allez à Moscou? Pourquoi? Pour y retrouver l'Amérique, les tzars de la technique, les trusts du Kremlin, la plus grande armée du monde? (MORAND, Champions du monde, 1930, p. 142).
B. — Souverain de quelques autres États (Bulgarie, Serbie en particulier) à certaines époques. Pour le roi Constantin de Grèce et le tzar de Bulgarie, le public a oscillé, à diverses reprises, entre l'aversion et la sympathie (PROUST, Temps retr., 1922, p. 786).
REM. Czar, subst. masc., var., vieilli. Le czar de Moscovie. Notre ambassadeur fut obligé d'abandonner la Pologne au czar (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 593).
Prononc. et Orth.:[], cour. []. Ac. 1718-1798: czar; 1835: czar ,,quelques-uns écrivent et disent tsar``; 1878: czar ,,quelques-uns écrivent et disent tsar``; 1935: tsar ,,on a dit aussi czar``. LITTRÉ: tsar forme donnée comme correcte et, s.v. czar: ,,Ce mot se trouve écrit de quatre manières en français: czar, csar, tzar et tsar (...). Les deux premières reposent sur une étymologie fausse qui tire tsar du latin Caesar. Cette erreur est si bien établie dans notre langue, que Voltaire a écrit toujours czar, bien qu'il connût la faute``. Lar. Lang. fr.: tsar, tzar ou czar; ROB. 1985: tsar ,,on écrit aussi tzar`` et une vedette de renvoi de czar à tsar. Ds ROB. 1985 une citat. de Voltaire avec la var. tchards (plur.). Plur. les tsars, tzars. Étymol. et Hist. 1561 czar (O. MAGNUS, Histoire des pays septentrionaux, Anvers, Christophe Plantin, f. 152 ds Fr. mod. t. 22, p. 213); 1607 tsar (J. MARGERET, Etat de l'Empire de Russie... 1606. Paris, 1607, f. 3, ibid.); 1655 tzaar (A. DE WICQUEFORT, trad. de l'all. Relation du voyage de Moscovie, p. 13); 1701 tzar (Trév.). Mot russe tsar désignant un autocrate, notamment l'empereur de Russie depuis Ivan IV en 1547, titre déjà porté, partiellement, par le Grand Duc Ivan III (1462-1505) et son fils, et au XIVe s. par des gouvernants serbes, forme réduite du plus anc. ts'sar' « empereur romain, ou byzantin » (XIe s. ds VASMER t. 3, p. 283) remontant par l'intermédiaire du gr. au lat. caesar, v. César. L'orth. cz-, des 1res attest., contraire à l'usage des lang. sl., est due à l'ouvrage d'Herberstein, Rerum Moscovit. Commentarii 1549, qui est à l'orig. de la diffusion en Europe occidentale des connaissances sur la Russie (v. NED, s.v. czar). Fréq. abs. littér.:423. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 373, b) 357, XXe s.: a) 1 102, b) 710. Bbg. ARVEILLER (R.). Mots orientaux, notes lexicol. Mél. Dauzat (A.) 1951, pp. 23-32. — JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Frz. Mél. Wartburg (W. von) t. 2 1968, p. 445, 455.

tsar [tsaʀ]; cour. [dzaʀ] n. m.
ÉTYM. 1607; czar, 1561, forme polonaise; mot slave, du lat. Cæsar (→ César), comme l'all. Kaiser, titre adopté en 1547 par Ivan le Terrible.
Hist. Empereur de Russie (→ 1. Manche, cit. 15; neutraliser, cit. 1). || Les ukases du tsar.
0 (…) les ducs de Moscovie ne se nommaient pas encore (au XIe siècle) czars, ou tsars, ou tchards; ils n'ont pris ce titre que quand ils ont été maîtres des pays vers Casan (Kazan) appartenant à des tsars. C'est un terme slavon imité du persan; et dans la bible slavonne le roi David est appelé le csar David.
Voltaire, Essai sur les mœurs, XLIII.
Souverain serbe, bulgare.
On écrit aussi tzar.
DÉR. Tsarisme, tsariste. — V. Tsarévitch, tsarine.

Encyclopédie Universelle. 2012.