TOULON
TOUL
Troisième ville de la côte provençale après Marseille et Nice, Toulon est la première ville du département du Var: elle a, en effet, largement dépassé l’ancienne préfecture continentale, Draguignan. Elle occupe un trottoir littoral coupé de l’intérieur: la route de Marseille doit emprunter les gorges d’Ollioules; à l’est, la dépression permienne offre un passage aisé, mais sans grande valeur économique. Cette position ne la prédisposait pas à jouer un rôle régional. En revanche, le site était d’une exceptionnelle qualité pour la marine de guerre qui trouvait là un excellent abri, facile à défendre. Au nord et à l’ouest, de vigoureux reliefs calcaires se transforment en bastions: le Gros Cerveau, le mont Caume, le mont Faron, le Coudon; du côté de la mer, la presqu’île de Saint-Mandrier ferme et dissimule la baie de Toulon protégée des grandes houles par les rochers cristallins des îles d’Hyères et de la presqu’île de Giens. Elle est elle-même divisée en deux rades; la ville de Toulon s’est développée au fond de la Petite Rade, la plus profonde (20 m), la mieux protégée, la plus reculée au-delà d’un étroit goulet.
Les rois de France ont fait de Toulon le grand port de guerre de la Méditerranée; à l’extrême avancée de la côte française, celui-ci surveillait à la fois le golfe du Lion et le golfe de Gênes. Henri IV y édifia un arsenal (la Darse Vieille); Vauban doubla le plan d’eau (la Darse Neuve), construisit des cales de radoub et fortifia le port. Après 1815, la ville et le port se développèrent considérablement, Toulon devint la pièce maîtresse de la puissance navale française; l’escadre de la Méditerranée et l’arsenal y faisaient vivre quelque 100 000 personnes. La Seconde Guerre mondiale a détruit le port militaire à 95 p. 100, ainsi qu’une partie des vieux quartiers et le quai de Cronstadt le long de la Darse Vieille (sabotage de la flotte embossée dans la Petite Rade le 27 novembre 1942; siège, bombardement par les Alliés et libération en août 1944). Aussi la population de 1946, qui comprenait 125 000 habitants, était-elle en recul sur celle de 1936 (150 000 hab.).
Depuis lors, la population s’est accrue régulièrement mais d’une façon modérée: 140 000 habitants en 1954, 169 000 en 1962, pour atteindre 167 700 habitants en 1990. Mais l’unique agglomération qui s’étend désormais de Sanary (à l’ouest) à Hyères (à l’est), en passant par La Seyne-sur-Mer (60 500 hab. en 1990), groupe dix-huit communes et 437 000 habitants.
Né de la conquête d’Alger, le port marchand peut se développer. Une zone industrialo-portuaire est aménagée dans l’anse de Brégaillon, à l’ouest de la Petite Rade, pour le trafic des marchandises (bauxite du Var). Le trafic du port reste cependant relativement modeste (473 200 t en 1993). Le Mourillon accueille la navigation de plaisance et les passagers pour les îles de la Méditerranée occidentale. Toulon est le troisième port de plaisance français avec 2 350 places en 1991. Les activités des Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (C.N.I.M.), installées à La Seyne, se sont modifiées (usines d’incinération, tubes lance-missiles, fibre optique, matériel destiné à l’industrie nucléaire). Les gros chantiers navals qu’elles géraient (porte-conteneurs, méthaniers, frigorifiques, réparation navale) n’existent plus; seules subsistent de petites unités aux mains d’entreprises privées. À l’est de l’agglomération, une zone industrielle se développe autour de La Garde (métallurgie, textiles synthétiques). L’essentiel des activités industrielles nouvelles sont orientées vers la mer (robotique sous-marine ainsi que toutes les technologies de la recherche sous-marine). L’industrie employait, en 1990, 22,2 p. 100 de la population active, le secteur tertiaire 77,4 p. 100. Le désenclavement de Toulon s’impose pour y attirer de nouvelles activités: par l’autoroute Marseille-Toulon, par une meilleure liaison à l’est avec la région niçoise, par l’établissement de liaisons aériennes régulières (aéroport d’Hyères-Palyvestre). Enfin, la côte toulonnaise semble devoir bénéficier de plus en plus du tourisme méditerranéen: la végétation, les paysages sont déjà ceux de la Côte d’Azur; l’attrait sur les retraités y est également très fort (les personnes de plus de soixante ans représentaient, en 1990, un quart de la population).
Toulon
v. de France, ch.-l. du dép. du Var; 170 607 hab. (437 650 hab. pour l'aggl.). Aéroport.
— Import. port militaire.
— Constr. navales. Industr.
— Université. église Ste-Marie-Majeure (XVIIe s., partie du XIIe s.).
— Henri IV y implanta un arsenal (1595); Colbert et Vauban en firent la base de la flotte française en Méditerranée. En août 1793, une révolte royaliste la livra aux Anglais; reprise par Bonaparte en déc. En 1942, lorsque l'Allemagne occupa la zone libre, la flotte française s'y saborda.
Encyclopédie Universelle. 2012.