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TIC
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Contraction musculaire brusque, involontaire mais consciente, le tic affecte d’un mouvement rapide et répété un endroit précis du corps, peu susceptible de changement. Il se manifeste à l’état de veille et, le plus souvent, chez des individus émotifs, avec une tendance à s’exacerber lorsque s’accroissent les difficultés. Clignement des yeux, agitation de la lèvre, reniflements, gloussements, haussement d’épaule, hochement de la tête, arrachage des cheveux, grattement frénétique, coups de pieds constituent autant de gestes qui sont apparemment dénués de signification et qui pourtant répondent à des mobiles dont l’interprétation varie selon les individus.

Décrits par J. M. Charcot, G. Gilles de La Tourette, Brissaud, De Meige, Feindel, les tics ont suivi dans leurs explications les changements d’orientation de l’histoire médicale. Leur classification parmi les troubles psychomoteurs prévaut d’abord, jusqu’à ce qu’en 1923 Bernadou critique De Meige et Feindel et défende l’origine organique des tics. L’influence de la psychanalyse aura raison des traitements qui les rattachent systématiquement à la dégénérescence mentale et aux lésions d’organes. Pour Édith Laszo, «le tic est l’expression d’un conflit mental non résolu»; il exerce une fonction de soupape.

Les tics sont fréquents chez l’enfant. Ils apparaissent vers l’âge de huit ou neuf ans et, principalement chez les garçons, lors de la puberté. Ils disparaissent généralement avec la croissance, pour autant que celle-ci apporte un plus grand sentiment de sécurité et fasse succéder aux effervescences de la formation un climat psychologique plus serein. L’origine émotionnelle des tics indique assez à quel point il faut chercher dans le milieu familial le traumatisme affectif qui a décidé de son apparition. C’est dans l’attitude des parents, dont l’agacement, la réaction répressive ou culpabilisante aggravent le malaise de l’enfant que l’analyse s’attache à découvrir la signification spécifique du mouvement irrépressible. L’éducation étouffante ou trop rigide, la peur, la rivalité avec un frère prêtent au tic un caractère de décharge, où s’engouffre l’agressivité refoulée. C’est la révolte du craintif, la protestation du timide, la dérision à laquelle le faible prête un tour involontaire et le coupable un air d’innocence.

Charcot voyait dans la forme revêtue par le tic une «caricature d’actes naturels». De fait, le tic d’imitation du père apparaît fréquemment chez l’enfant, concentrant des attitudes contradictoires qui vont de l’admiration à la moquerie, comme s’il s’agissait de renvoyer à l’autorité paternelle l’image d’une puissance inégalable et cependant impuissante à s’imposer tout à fait. Le tic est, en ce sens, une grimace qui récuse sa volonté offensive et se multiplie dans une insolence contre laquelle il n’y a pas de recours. Qu’il y ait là l’expression larvée d’un acte qui n’a pas été vécu ou n’a pas osé se réaliser, c’est ce que semble confirmer le tic du vieillard, où les souvenirs infantiles reparaissent en un geste vide de sens. Tel est le mouvement des bras qui bercent, observé par Charcot chez une vieille fille obsédée par l’absence de maternité; ou celui des mains frottées convulsivement comme pour en effacer quelque souillure.

La psychopathologie rattache les tics de l’adulte à un état névrotique, le plus souvent obsessionnel. Ici aussi, il s’agit d’analyser la signification du geste en fonction d’un trouble affectif non résolu dans l’âge mûr ou qui reparaît dans des conditions qui infantilisent le sujet. L’analyse caractérielle de Wilhelm Reich établit une relation entre la cuirasse musculaire, provoquée par le refoulement des affects, et la répétition mécanique d’un mouvement, le corps figé s’exprimant en une série de décharges marquées par la rigidité. L’exercice de la souplesse et de la sérénité empêche, en revanche, l’émotion de se libérer en une saccade de gestes stéréotypés. Le tic apparaît ici comme le langage désarticulé du corps réprimé dans ses pulsions.

Il faut signaler encore, outre diverses variétés de chorées, une forme extrême, et plus rare, du symptôme, la «maladie des tics convulsifs», à laquelle un disciple de Charcot, Georges Gilles de La Tourette (1857-1904), a attaché son nom et dans laquelle le trouble s’étend à la totalité du corps, lui imprimant une gesticulation intense et incoercible, accompagnée de coprolalie, de sueurs et, surtout, d’impressionnantes manifestations vocales. Alors que les tics semblent directement apparentés aux névroses de l’enfant, la maladie de Gilles de La Tourette apparaît comme un syndrome évolutif d’ordre psychomoteur. Elle est souvent considérée aux États-Unis comme devant être rattachée à des troubles neurobiologiques, ce qui ne dispense pas néanmoins de l’étudier et de la traiter par le biais d’une approche psychopathologique (cf. S. Lebovici, J.-F. Rabain, T. Nathan, R. Thomas et M.-M. Duboz, «À propos de la maladie de Gilles de La Tourette», in Psychiatrie de l’enfant , t. XXIX, no 1, 1986).

tic [ tik ] n. m.
ticq 1611; formation onomat.; cf. it. ticchio « caprice »
1Chez le cheval, Déglutition ou régurgitation spasmodique d'air, accompagnée de contraction de certains muscles ( tiqueur).
2(1654) Cour. Mouvement convulsif, geste bref automatique, répété involontairement sans but fonctionnel. Il a des tics, il est plein de tics. « Cette espèce de tic qui faisait trembler sa lèvre inférieure sans qu'il pût rien faire pour l'empêcher » (Cl. Simon). « possédé d'un tic nerveux, il roulait des yeux terribles et remuait le nez de la racine aux ailes » (France).
3 Par ext. Geste, attitude habituels, que la répétition rend plus ou moins ridicule. habitude, manie. « assis, il avait le tic de prendre les basques de son habit, et de les croiser sur ses cuisses » (Diderot).
Tic de langage : emploi d'un mot, d'un tour qui revient anormalement souvent dans le discours de qqn. « certains tics du style contemporain » (Artaud).
⊗ HOM. Tique.

tic nom masculin (radical onomatopéique tikk-, évoquant un mouvement brusque) Contraction brusque et rapide de certains muscles, surtout de ceux du visage, involontaire et stéréotypée. Habitude inconsciente, manie dans le langage, les gestes : Il avait le tic de se passer la main dans la barbe. Répétition de stéréotypes dans la manière de s'exprimer, allant jusqu'au ridicule : Des tics de style. Habitude vicieuse du cheval. (Le plus fréquent se traduit par des mouvements sans objet de la tête et de l'encolure.) ● tic (difficultés) nom masculin (radical onomatopéique tikk-, évoquant un mouvement brusque) Orthographe et sens Ne pas confondre un tic (= un geste machinal et répétitif) et une tique (= un parasite des animaux domestiques et de l'homme). ● tic (homonymes) nom masculin (radical onomatopéique tikk-, évoquant un mouvement brusque) tique nom féminin tique forme conjuguée du verbe tiquer tiquent forme conjuguée du verbe tiquer tiques forme conjuguée du verbe tiquertic (synonymes) nom masculin (radical onomatopéique tikk-, évoquant un mouvement brusque) Habitude inconsciente, manie dans le langage, les gestes
Synonymes :
- manie

tic
n. m.
d1./d VETER Chez le cheval, aérophagie éructante accompagnée de contractions musculaires (mouvements de la tête, de l'encolure, etc.).
d2./d Cour. et MED Mouvement convulsif, répété automatiquement (contraction musculaire locale, geste réflexe ou automatique).
d3./d Fig. Habitude, manie. Observer chez qq un tic de langage.

⇒TIC, subst. masc.
A. — ART VÉTÉR. Habitude vicieuse affectant les chevaux, se manifestant par une éructation bruyante accompagnée de mouvements de la tête et de l'encolure dus à la contraction de certains muscles. Sont réputées vices rédhibitoires (...) les maladies ci-après: pour l'espèce chevaline. L'immobilité, l'emphysème pulmonaire, le cornage chronique, le tic proprement dit (avec ou sans usure des dents), la boiterie intermittente, la fluxion périodique des yeux (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 243).
Tic en l'air, tic au vent. Tic aérophagique au cours duquel le cheval élève fortement la tête (d'apr. ST-RIQUIER-DELP. 1975).
Tic de l'ours. ,,Balancement latéral fréquent et répété de l'avant-main, lorsque le cheval est au repos`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975). [Mon cheval] était un bai-brun-zain, aux sabots blancs, tic de l'ours, une bête superbe! (D'ESPARBES, Grogne, 1905, p. 27).
B. — [Chez un être hum.]
1. Mouvement convulsif, involontaire et qui se répéte à intervalles variables. Sur la banquette du couloir, les Roubaud attendaient toujours, avec leurs visages fermés, comme ensommeillés de patience, qu'un tic nerveux, parfois, remuait (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 86). Un autre, du choc qu'il avait reçu, conservait un tic permanent des muscles du visage, qui lui tirait inégalement les commissures des lèvres vers les oreilles (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 359).
2. P. ext.
a) Geste, attitude, comportement plus ou moins ridicule par sa répétition. Synon. manie. Ah! et puis il a encore un autre tic (...) quand il a fini sa barbe (...) il va se recoucher (LABICHE, Misanthr. et Auv., 1852, I, 1, p. 135). Elle se grattait souvent, n'importe où, avec indifférence du public, par une sorte de manie qui touchait au tic (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 343).
b) Manière de s'exprimer, qui relève du procédé ou de la manie. Tic de langage; tic littéraire. Pareillement M. de Charlus se servait avec le giletier du même langage qu'il eût fait avec des gens du monde de sa coterie, exagérant même ses tics (PROUST, Sodome, 1922, p. 610). Il se demandait (...) si ce n'était pas par un vieux tic bourgeois qu'il n'avait trouvé d'autre moyen, pour aller au peuple, que d'aller à ses femmes (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 852).
Prononc. et Orth.:[tik]. Homon. tique. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1611 ticq « mouvement convulsif du cheval » (COTGR.); 2. 1668 « chez l'homme, mouvement involontaire d'allure convulsive » (SCARRON, Virgile travesti, VII, éd. V. Fournel, p. 266a); 3. 1736 « habitude bizarre, plus ou moins ridicule » (MARIVAUX, Le Télémaque travesti, éd. Fr. Deloffre, p. 136: Je remarquai que ces trois vieillards avoient chacun un Tic: celui-là parloit tout seul [...]; celui-ci se rongeoit les ongles en secoüant la tête); 1738 p. ext. « sorte d'obsession, de manie d'ordre intellectuel, culturel » (A. PIRON, La Métromanie, I, 2 ds Œuvres, éd. J. Troubat, p. 126: Ici, l'amour des vers est un tic de famille). De la syll. onomat. tikk- exprimant un mouvement brusque (v. FEW t. 13, 1, p. 326a et p. 327a). Fréq. abs. littér.:369. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 109, b) 396; XXe s.: a) 791, b) 787. Bbg. BRINKMANN (F.). Metapherstudien... Arch. St. n. Spr. 1876, t. 56, p. 344. — GUIR. Étymol. 1967, p. 70, 75. — WIND 1928, p. 108.

tic [tik] n. m.
ÉTYM. 1678; ticq, 1611; formation onomatopéique; cf. ital. ticchio « caprice ».
1 Vétér. (Chez le cheval). Déglutition ou régurgitation spasmodique d'air, accompagnée de contraction de certains muscles (tic proprt dit). || Tic d'appui, tic rongeur, où l'animal serre, ronge ce sur quoi il s'appuie (mangeoire, etc.).
2 (1654). Cour. Mouvement convulsif, geste bref automatique, répété involontairement sans but fonctionnel (→ Fantassin, cit. 1). || Tic du visage. Grimace (→ Consolider, cit. 5). || Face ravagée (cit. 7) de tics.Tic douloureux de la face, dans la névralgie faciale épileptique. || Maladie des tics convulsifs, syndrome de dégénérescence héréditaire.
1 Elle se tut, les paupières closes (…) Un instant, elle demeura ainsi, avec un petit battement des lèvres, comme un tic involontaire qui lui tirait douloureusement un coin de la bouche.
Zola, la Bête humaine, I.
2 Tandis que, possédé d'un tic nerveux, il roulait des yeux terribles et remuait le nez de la racine aux ailes, il faisait couler de sa bouche des sons doux et purs.
France, le Chat maigre, III, Œ., t. II, p. 175.
2.1 Au lieu de combattre ses tics, il les amplifiait; il donnait carte blanche à tous ces petits sursauts mécaniques qui seuls peut-être pouvaient désormais lui rendre une famille et un passé.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 140.
3 (V. 1770). Geste ou attitude habituels, que la répétition rend plus ou moins ridicule. || Des types dont il saisissait (cit. 10) les habitudes, les tics.
3 (…) assis, il avait le tic de prendre les basques de son habit, et de les croiser sur ses cuisses; de tenir ses mains dans les fentes, et d'écouter ceux qui parlaient, les yeux presque fermés.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 648.
4 (1738, Piron). Habitude, manie. || Tic de langage. || Tics littéraires.
4 (…) elle a un moyen de gouvernement, un petit artifice qui est à la longue devenu un tic et une manie : c'est de gronder (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 22 juil. 1850.
5 Un autre esprit est à l'origine de certains tics du style contemporain, bientôt aussi démodé que toutes les affectations du décadentisme, c'est le Mallarmé de Divagations.
A. Artaud, Bilboquet, Œ. compl., t. I, p. 195.
DÉR. Ticage, tiquer.
HOM. Tique.

Encyclopédie Universelle. 2012.