THÉODICÉE
THÉODICÉE
Terme créé par Leibniz (cf. Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l’homme et l’origine du mal , 1710), «théodicée» désigne la justification de la bonté de Dieu (thèse de l’optimisme), en dépit du mal inhérent au monde. En France, l’école éclectique (seconde moitié du XIXe siècle) a appelé théodicée l’une des quatre parties du cours de philosophie (psychologie, logique, morale, théodicée). Cette quatrième partie comprenait les preuves de l’existence de Dieu, la définition de ses attributs, la réfutation des objections tirées du mal physique ou moral. Ultérieurement, le terme théodicée est devenu synonyme de théisme philosophique, par distinction d’avec un théisme théologique qui ajoute aux arguments de raison des arguments de foi. Heidegger et ses disciples critiquent sous le nom d’ontothéologie toute théodicée, tout théisme (qui recouvre à leurs yeux une confusion entre l’Être et l’Étant, ou entre l’Être et les êtres).
théodicée [ teɔdise ] n. f.
• 1710, Leibniz; de théo- et gr. dikê « justice »
♦ Didact.
1 ♦ Justification de la bonté de Dieu par la réfutation des arguments tirés de l'existence du mal. « La théologie dégénérant en théodicée comme si elle avait à justifier, à disculper Dieu des désordres de l'histoire » (Garaudy ).
2 ♦ (1839) Vx L'une des quatre parties (avec la psychologie, la morale et la logique) de la philosophie telle qu'on l'enseignait dans les lycées et les collèges. — Théologie naturelle (ou rationnelle). ⇒aussi 1. métaphysique.
● théodicée nom féminin (du grec dikê, règle) Théologie en tant qu'elle est développée à l'aide des seuls moyens des lumières de la raison. ● théodicée (synonymes) nom féminin (du grec dikê, règle) Théologie en tant qu'elle est développée à l'aide des seuls...
Synonymes :
- théologie naturelle
⇒THÉODICÉE, subst. fém.
PHILOS., THÉOL.
A. — [Chez Leibnitz] Justification de la bonté de Dieu en dépit du mal qui existe dans le monde. [Le livre de Job] visait à émouvoir et à édifier (...), non à résoudre un problème de théodicée. Il s'en dégageait cependant une explication claire de la souffrance du juste (A. LODS, Les Prophètes d'Israël, 1950, p. 380).
B. — ,,Partie de la métaphysique qui traite, d'après les seules lumières de l'expérience et de la raison, de l'existence et de la nature de Dieu`` (FOULQ.-ST-JEAN 1962). Synon. théologie naturelle, théologie rationnelle. Les Prophètes (...) ne s'étaient jamais posé beaucoup de questions sur la nature, l'être, les attributs de leur Dieu. Il n'était guère possible que semblable incuriosité prévalût encore dans l'école des scribes (...). Il se constitua donc, à coup de raisonnements, hors du plan du sentiment et de l'imagination où avaient construit les Prophètes, une véritable théodicée (Ch. GUIGNEBERT, Le Monde juif vers le temps de Jésus, Paris, Albin Michel, 1935, p. 120).
— P. méton. Traité, manuel de théodicée. La Théodicée de Leibnitz (Ac. 1878, 1935). Si l'on compare par exemple l'ouvrage théologique De Deo uno de Franzelin avec la théodicée scolastique du P. Hontheim. Ces deux catégories de traités ont au fond le même objet, la nature divine en tant que connaissable par la raison (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1157).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1710 « justification de Dieu » (LEIBNITZ, Essais de théodicée concernant la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal, Amsterdam, I. Troyel [d'apr. Catal. des impr. de la Bibl. nat.]); 2. 1819 p. ext. « partie de la théologie qui traite de l'existence et des attributs de Dieu » (BOISTE: Théodicée [...] traité de ses attributs [de Dieu]); 1834 (ibid.: Théodicée [...] partie de la philosophie qui traite de Dieu). Mot créé par Leibnitz, comp. des subst. gr. « Dieu » et « manière d'agir; justice, règle, droit », son ouvrage ayant pour but de justifier contre Bayle les prérogatives divines, spéc. la providence (d'où 1); le sens s'est ensuite élargi pour devenir synon. de théologie naturelle « science de Dieu établie par les seules lumières de la raison, sans recours à la Révélation » (d'où 2). Fréq. abs. littér.:59.
théodicée [teɔdise] n. f.
ÉTYM. 1710, dans le titre de l'ouvrage de Leibniz, Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal; mot créé par Leibniz d'après le grec theos (→ Théo-) et grec dikê « justice »; → aussi Anthropodicée.
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♦ Didactique.
1 Justification de la bonté de Dieu par la réfutation des arguments tirés de l'existence du mal.
0 (Quand) la théologie dégénérant en théodicée comme si elle avait à justifier, à disculper Dieu des désordres de l'histoire, se contente d'interpréter le monde au lieu d'aider à le transformer (…)
Roger Garaudy, Parole d'homme, p. 241.
2 (1839; emploi dû à l'influence de l'école éclectique). Vx. L'une des quatre parties (avec la psychologie, la morale et la logique) de la philosophie telle qu'on l'enseignait alors dans les lycées et les collèges. || La théodicée traitait de l'existence et des attributs de Dieu, de la providence, de l'immortalité de l'âme, etc. — Théologie naturelle (ou rationnelle). ⇒ Métaphysique.
Encyclopédie Universelle. 2012.