BAPTISME
Le terme générique «baptisme» et l’adjectif qui en est dérivé calquent le mot grec 廓見神精晴靖猪見, par l’intermédiaire du latin ecclésiastique (baptisma ) et de l’anglais moderne (baptism ). Ils désignent une doctrine particulière du baptême et de l’Église comme communauté des baptisés. Dans un sens large sont baptistes tous les groupes qui se réclament de cette doctrine. Ainsi les pentecôtistes, les adventistes, les mennonites..., sont baptistes, sans toutefois appartenir au mouvement ou aux groupes que l’histoire retient sous l’appellation spécifique de baptisme. En un sens encore plus large, on peut qualifier de baptistes des mouvements dans lesquels la pratique d’une ablution ou d’un bain d’eau joue un rôle central. On a pu ainsi parler d’un mouvement baptiste dans le judaïsme post-exilique et préchrétien. En ce sens, les esséniens et Jean-Baptiste sont des baptistes.
Le baptisme anglais
D’une façon plus précise, le baptisme caractérise la réforme radicale du XVIe siècle et un mouvement anglais du début du XVIIe siècle, lié d’ailleurs à certains groupes du radicalisme continental du siècle précédent. Au sens strict, les anabaptistes sont les premiers baptistes. On peut en dire autant des antitrinitariens et des mennonites. Les baptistes à proprement parler représentent un croisement entre l’ecclésiologie congrégationaliste et la pratique baptismale mennonite, elle-même liée d’ailleurs à une ecclésiologie congrégationaliste mais plus radicale quant aux rapports de l’Église et du monde.
John Smyth (mort en 1612), fondateur de la première Assemblée du baptisme anglais, appartenait, comme pasteur, à un groupe congrégationaliste. Réfugié en Hollande avec ses fidèles, pour échapper à la répression dont le non-conformisme était l’objet, il y rencontra des mennonites et adopta leur point de vue sur le baptême. Après discussion, les membres de son Assemblée admirent que le «covenant» devait trouver son expression dans le baptême et que celui-ci, acte symbolique de l’entrée volontaire dans l’Église, ne pouvait être administré à des enfants, mais aux seuls adultes qui le demandaient. Tenant donc pour nul le sacrement reçu dans l’Église anglicane peu après leur naissance, Smyth lui-même et ses disciples décidèrent de se faire (re-)baptiser. Cela eut lieu en 1609, avec cette particularité que Smyth s’administra lui-même le baptême. Après sa mort, en 1612, le mouvement passa sous la direction de Thomas Helwys (1550-1616), et s’implanta en Angleterre.
Jusqu’en 1643, les baptistes pratiquèrent le baptême par infusion. Puis ils adhérèrent à l’immersion, qu’ils considèrent aujourd’hui comme la seule forme admissible.
L’ecclésiologie baptiste
Les divisions, parmi les baptistes, ont été innombrables au cours des âges. Il serait cependant erroné de leur prêter la même signification qu’aux divisions entre les grandes Églises. Dans une théologie congrégationaliste et dans le domaine de l’ecclésiologie, les baptistes sont hypercongrégationalistes: l’Assemblée locale (la paroisse si l’on veut, mais l’équivalence apparente est ambiguë) est la réalité première. En elle et par elle se manifeste l’Église en sa visibilité. Elle doit être sainte – dans la vie de ses membres – et apostolique – dans ses pratiques et ses croyances. Souveraine dans tous ces domaines, elle entretient des rapports avec les autres Assemblées de conviction semblable. Même dans le cas, fréquent depuis le XVIIIe siècle, où elle appartient à une association nationale ou internationale de ces Églises, elle demeure indépendante de toute autre juridiction que la sienne propre dans le conseil de ses membres. Aucune instance ne peut lui imposer de lois ; elle seule légifère pour elle-même, soit qu’elle imagine ses propres règles, soit qu’elle reçoive et approuve des initiatives proposées de l’extérieur (celles, par exemple, d’une association d’Églises).
Dans l’atmosphère de perfectionnisme volontariste qui est celle du baptisme, la réglementation de la vie chrétienne ou l’affirmation et la réaffirmation de la croyance ou de la pratique s’insèrent dans des circonstances locales parfois très étroites et étroitement liées à des réactions au conflit et au changement. Aussi bien l’indépendance de la cellule locale a-t-elle pour corollaire une propension à canoniser sa situation et l’attitude de ses membres devant les bouleversements dont les données dépassent le niveau local.
De là naissent facilement des schismes, qui ne sont en réalité que des redistributions d’affiliation locale, les Assemblées de même conviction se regroupant dans les associations qui les représentent mieux. Le phénomène peut diviser un groupe local, dont une partie en fondera un autre, plutôt que de rester en communion visible avec des baptistes dont elle n’approuve pas entièrement les attitudes ou les croyances. Le schisme est ici processus normal de multiplication.
Influence et répartition des baptistes
Insistant fortement sur la séparation des Églises et de l’État et sur la liberté de conviction, les baptistes ont joué un grand rôle dans l’histoire de l’idée de tolérance religieuse, spécialement aux États-Unis. Il faut souligner aussi leur contribution à la renaissance de l’esprit missionnaire dans le protestantisme, dès la fin du XVIIIe siècle (William Carey).
Le baptisme est répandu dans le monde entier. Sur 35 millions de membres dénombrés en 1981, plus de 26 millions habitaient l’Amérique du Nord; on en comptait un peu plus d’un million deux cent mille en Europe (près de 6 000 en France, 200 000 en Grande-Bretagne); en U.R.S.S., on savait l’existence d’au moins cinq cent cinquante mille baptistes, mais ce chiffre était probablement très inférieur à la réalité. La plupart de leurs Églises appartiennent à l’Alliance baptiste mondiale, fondée en 1905. Certaines conférences d’Églises baptistes adhèrent au Conseil œcuménique des Églises, mais leur plus grand nombre se montre hostile – ou pour le moins réservé – en face du mouvement œcuménique en général.
baptisme [ batism ] n. m.
• 1863; lat. baptisma; repris à l'angl. baptism
♦ Dans la religion chrétienne, Doctrine d'après laquelle le baptême doit être administré à des personnes en âge de raison, et par immersion complète.
● baptisme nom masculin (latin baptisma, baptême) Doctrine protestante d'après laquelle le baptême ne doit être administré qu'à des adultes professant la foi et la repentance, et de préférence par immersion.
baptisme
n. m. Doctrine religieuse selon laquelle le baptême doit être administré aux adultes (et non aux enfants), par immersion complète.
⇒BAPTISME, subst. masc.
A.— RELIG. de l'Orient antique :
• 1. Le sabisme [chaldéen] qu'était-il? Ce que son étymologie [v. araméen seba, synon. de ] indique : le baptisme lui-même, c'est-à-dire la religion des baptêmes multipliés... [Cette pratique était (...) la totale immersion].
RENAN, Hist. des orig. du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 102.
B.— RELIG. CHRÉT. Doctrine religieuse qui professe que le baptême ne peut être administré qu'à des adultes sincèrement croyants et repentants et qu'il ne peut se faire que par immersion complète :
• 2. Les platitudes humanitaires les plus triturées par les pieds des animaux, la rinçure la plus immonde des écuries de la science et du confort, la becquée innommable que lui apportent les sinistres corbeaux du baptisme et du méthodisme, voilà maintenant de quoi se régale Israël!
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 75.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. Lang. fr., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Ac. 1932, ROB., QUILLET 1965.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1863, supra ex. 1. Formé sur le lat. baptisma (v. baptême). Fréq. abs. littér. :1.
baptisme [batism] n. m.
ÉTYM. 1863, Renan; formé sur le lat. baptisma. → Baptême.
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♦ Religion.
1 Doctrine ou pratique religieuse fondée sur le baptême (1.). REM. Renan (Vie de Jésus) applique le mot au sabéisme chaldéen.
2 (Angl. baptism). Dans le christianisme, Doctrine selon laquelle le baptême doit être administré aux adultes, ou du moins à des personnes en âge et en état d'assumer ce sacrement, conféré par immersion. ⇒ Baptiste; anabaptiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.