SURVIE
SURVIE
Le terme de survie appartient, dès son attestation la plus ancienne, au domaine du droit et de la jurisprudence. On appelle gain de survie une disposition prévoyant que les avantages de l’un des conjoints passeront à celui qui lui survivra. Les biens matériels que, de facto, le défunt perd avec la vie se trouvent ainsi conservés en d’autres mains et laissent une trace qui, au-delà de la mort, perpétue sa mémoire. Sous l’aspect sèchement juridique se cachent, on le devine, d’autres intérêts. Les biens acquis selon les privilèges de la propriété privée continuent d’exister à la faveur d’appropriations successives, sans lesquelles elles se perdraient dans le chaos de la nature. Bien que les produits d’un héritage soient périssables à l’égal de ceux qui en bénéficient, le législateur a voulu que s’instaure une pérennité de la mainmise de l’homme sur les biens de la terre. Il veillait, de la sorte, à ce que le caractère éphémère de l’existence terrestre ne vînt pas limiter le mouvement qui préside à la production, à la reproduction et à l’échange des produits acquis par le travail. Il reconnaissait par là accorder plus d’importance au processus de développement des profits matériels qu’à la vie même de ceux qui naissaient pour en jouir si brièvement.
S’étonnera-t-on de découvrir dans l’appareil des religions un mépris similaire pour l’existence humaine et un égal souci de conserver par-delà les portes de la mort un héritage tenu pour essentiel? Comme la mort rend effectif le droit de survie, elle détermine l’existence terrestre en fonction de ce que le XVIIe siècle nomme « souci de survie» ou «souci de survivance». La survie désigne une vie dépouillée des contingences matérielles et enclose dans l’éternité de l’âme. Peut-être le mot «survie» a-t-il remplacé l’expression «vie éternelle» à l’instigation de chrétiens qui se sont mis à douter de la résurrection des corps. Quoi qu’il en soit, il est manifeste que, préoccupés, l’un des biens matériels, l’autre des valeurs spirituelles, le temporel et le sacré s’accordent tous deux pour privilégier le legs aux dépens du donateur. Qu’est-ce que la survie au regard des religions? C’est la vie désincarnée, épurée par l’épreuve de la mort et promise à des félicités paradisiaques ou à des souffrances infernales. Après n’avoir possédé de l’existence que l’ombre d’une vie, le pécheur accède en mourant à une vie d’ombre. Les Grecs déploraient que l’humanité fût réduite à une aussi pitoyable destinée et se jetaient volontiers dans les consolations de l’hédonisme. Le christianisme pousse plus loin l’ascétisme et prête des couleurs plus vives aux brumes de l’au-delà. Deux mondes s’y opposent: d’un côté, celui des damnés, dont les supplices relèvent des tourments ordinairement infligés par la justice pénale, la maladie, la misère; de l’autre, celui des élus, comblés de joies spirituelles et de bonheurs impalpables, auxquels, à vrai dire, peu de vivants accepteraient de réduire leurs plaisirs.
Une grande pauvreté d’imagination a meublé la survie. Le décor ne s’y distingue pas du paysage champêtre ou de l’emmuraillement des villes, où le drame et l’idylle s’enchevêtrent avec une navrante monotonie. Il n’y faut rien espérer qu’une atroce misère ou d’inconsistantes délices; même si les croyances de l’ancienne Germanie ou de l’islam ont conçu des paradis plus sauvages, ce n’est que pour y ménager un repos aux guerriers, un congé de récompense aux travailleurs de l’araire, de la tête ou de l’épée.
Au XVIIIe siècle, le tableau délavé de la survie supraterrestre puise dans la vogue des apparitions, lémures et vampires de quoi rehausser son pittoresque. Sous l’influence de Dom Calmet et du roman gothique, une fantaisie morbide se plaît à découvrir entre la tombe, d’où chacun appareille, et l’au-delà, qui marque le terme du voyage, un continent mystérieux qu’aucune théologie n’a exploré, bien qu’il fût mentionné sous les noms de limbes ou de purgatoire. L’Église rangeait spectres, farfadets et esprits élémentaires au nombre des diableries suscitées par Satan en mode de tromperies et de vexations. Issu d’un hermétisme mondain, auquel Montfaucon de Villars avait prêté son imagination, entretenu par les inspirations de Swedenborg, par le succès du mesmérisme et par le courant ésotérique de la Révolution française, le spiritisme annexe les zones nébuleuses que la navigation dans les eaux de la mort est censée rencontrer. Le monde terrestre et visible se double d’un monde immatériel et invisible où les défunts pénètrent revêtus de leur forme spirituelle. Il appartient au médium, que ses dons ont situé à la croisée des deux univers, de véhiculer et de traduire les messages de l’au-delà. La survie y gagne en particularité, sinon en preuves. Car il faut se rendre à l’évidence: les morts sollicités se contentent de parler le langage de l’époque qui les tire du néant pour les interroger. Leurs connaissances n’ajoutent rien aux sciences du temps. De la prétendue survie des morts les vivants ne tirent rien d’autre que ce qu’ils possèdent en eux, qu’une telle part leur soit ou non consciente. Le cas de Rosemary Brown écrivant «sous la dictée de Brahms, Liszt, Beethoven» des imitations de Brahms, Liszt, Beethoven inciterait à prêter aux étonnantes capacités humaines plus d’attention qu’aux vaines spéculations du surnaturel.
Pourtant, il y a dans le sentiment que la mort peut être vaincue une passion solidement enracinée dans la vie. La volonté d’imprimer son empreinte au cours des choses ou de laisser un nom dans l’histoire obéit, par bien des aspects, à un goût de survivre qui se serait dépouillé du sacré. «Je ne crois pas à une autre survie que celle de la mémoire des hommes», écrira Gide. Mais l’emprise religieuse ne se laisse pas révoquer si aisément. Comme si la vieille malédiction prononcée sur la vie reprenait ses droits, l’opinion commune tient pour assuré que l’homme soucieux d’une renommée posthume a le devoir de sacrifier son existence à sa mission et de payer le prix d’une aléatoire survie dans la mémoire des hommes par un renoncement de chaque instant. Pari de dupe le plus souvent, car, loin de garantir le génie, le soin de s’auréoler de prestige prédispose à de superficielles créations, la brillance s’obtenant au détriment de cette authenticité qui détient seule le secret d’une pérennité.
Il est prescrit par tant d’impératifs de faire si peu de cas de la vie que l’on en vient à s’inquiéter, à un moment ou à un autre, de la modestie à laquelle sa considérable présence a été réduite. C’est à peine si le salut de l’âme laissait le temps de s’occuper du corps. Il faut attendre le XIXe siècle pour que la médecine progresse et que l’étude des ressources terrestres l’emporte en intérêt sur les spéculations célestes. Le développement des connaissances médicales traduit le retour de la survie à la sphère terrestre. «Survivre» signifie alors «se maintenir en vie», disposer des éléments qui sont nécessaires et suffisent pour le bon fonctionnement de l’organisme. L’usage introduit dans le langage courant la référence aux chances de survie d’un malade, à l’équipement de survie d’un hôpital. Dans le même temps, la préoccupation militaire, intéressée à sa manière par l’efficacité corporelle, élargit l’acception du terme. On appellera «opération de survie» une manœuvre qui, abandonnant le soldat dans une région où il ne dispose d’aucun soutien, le contraint d’assurer par ses propres moyens une subsistance qui lui permette de se garder en vie.
L’idée d’un apport minimal, exigé par le fonctionnement psychosomatique du corps pour fournir un travail et répondre à des services requis, a précisé en la modernisant la notion de survie. On en est venu à l’opposer à la vie, qu’une tradition archaïque condamnait à se renier dans le présent au nom d’un salut éternel ou de lendemains radieux. Tandis que la vie s’investissait de désirs aspirant à se réaliser, la survie apparaissait comme une vie économisée, appauvrie par un ensemble de comportements fonctionnels. À la misère vécue, qu’elle entretenait, répondaient les mécanismes qui la valorisaient: le travail, le sacrifice, l’accumulation de l’avoir aux dépens de l’être, la préséance du paraître et des jeux de représentation sur l’authenticité. Le caractère insupportable d’une dissociation que les croyances religieuses ou politiques n’arrivaient plus à masquer ne fut pas étranger à la naissance du mouvement de mai 1968 et à la popularité qu’il prêta à la formule «survivre nous a jusqu’à présent empêché de vivre».
survie [ syrvi ] n. f.
1 ♦ Dr. État d'une personne qui survit à qqn. Présomption de survie, établie sur l'âge et le sexe lorsque plusieurs personnes appelées à une même succession périssent dans un accident sans qu'on puisse savoir l'ordre de leur décès (théorie des « comourants »).
2 ♦ Vie après la mort (dans les croyances religieuses). Ceux « qui espèrent alternativement soit une survie incompréhensible [...] , soit un néant rassurant » (Proust). « Je ne crois pas à une autre survie, que celle dans la mémoire des hommes » (A. Gide). ⇒ immortalité.
3 ♦ Le fait de survivre, de se maintenir en vie. Chances de survie d'un blessé. « Quelle survie puis-je espérer ? Dix secondes ? Vingt secondes ? » (Saint-Exupéry). Équipement, techniques, expériences de survie. Formule 1 équipée de cellule de survie, capable de résister aux chocs. — (1872) Table de survie : tableau statistique établi d'après la table de mortalité et qui donne, dans un pays, le nombre de personnes en vie (survivants) à chaque âge.
♢ Fig. La survie d'une entreprise. La survie d'une mode, d'une amitié. J'entretenais « la survie pénible d'une ou deux liaisons fatiguées » (Camus).
● survie nom féminin Fait de survivre, de continuer à vivre : Un malade en survie. Prolongement de l'existence au-delà de la mort. Prolongation d'une activité au-delà du moment où elle semblait menacée de disparition : La survie d'une entreprise. ● survie (expressions) nom féminin Gains ou droits de survie, avantages que, dans un acte juridique, les contractants stipulent au profit du survivant. Tables de survie, tables qui indiquent, pour chaque année d'âge, la proportion de vivants sur cent personnes nées la même année. ● survie (synonymes) nom féminin Fait de survivre, de continuer à vivre
Synonymes :
- rémission
Prolongement de l'existence au-delà de la mort.
Synonymes :
- immortalité
Prolongation d'une activité au-delà du moment où elle semblait menacée...
Synonymes :
survie
n. f.
d1./d Fait de survivre. Chances de survie d'un blessé.
d2./d Vie dans l'au-delà.
⇒SURVIE, subst. fém.
A. — [À propos d'un animé ou d'un organisme vivant]
1. DR. [À propos de pers. pouvant hériter les unes des autres] Fait de rester en vie après la mort de quelqu'un. Synon. survivance. Toute donation entre-vifs de biens présens, faite entre époux par contrat de mariage, ne sera point censée faite sous la condition de survie du donataire, si cette condition n'est formellement exprimée (Code civil, 1804, art. 1092, p. 198).
♦ Don, droits, gains de survie. Ce que, dans un acte, les contractants stipulent au profit du survivant. Et le beau contrat avec son don de survie! Il tâcherait certainement de la faire disparaître avant qu'elle eût donné par testament les trente-cinq mille francs à Pauline (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 80).
♦ Présomption de survie. Fiction par laquelle on fixe celui qui est le survivant dans le cas où des cohéritiers meurent ensemble dans le même événement. Si plusieurs personnes respectivement appelées à la succession l'une de l'autre, périssent dans un même événement, sans qu'on puisse reconnaître laquelle est décédée la première, la présomption de survie est déterminée par les circonstances du fait, et, à leur défaut, par la force de l'âge ou du sexe (Code civil, 1804, art. 720, p. 131).
2. a) Fait de rester en vie au delà d'un terme où normalement intervient la mort. Cette opération m'assurerait peut-être quatre ou cinq mois de survie, à moins que je ne reste sous le couteau (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 76). Le traitement par les rayons X et le radium ne sont que palliatifs, mais permettent des survies assez prolongées surtout lorsque le cancer est dépisté au début (QUILLET Méd. 1965, p. 136).
b) Fait de se maintenir en vie dans un environnement naturel mortifère. Canot, combinaison, équipement de survie. Des abris individuels comme moyen de protection et de survie contre les retombées radioactives les plus intenses, celles des premières heures et des premiers jours après l'attaque nucléaire (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 183).
c) Fait pour un individu, pour une population d'êtres vivants, de se maintenir en vie. Synon. vieilli survivance. Instinct de survie; la survie des plus aptes. La plupart des hommes civilisés (...) sont capables du travail facile qui, dans la société moderne, assure la survie de l'individu. Ils produisent, ils consomment, ils satisfont leurs appétits physiologiques (CARREL, L'Homme, 1935, p. 163).
— P. anal. Existence précaire. Seuil de survie. Alors c'est la survie avec les petits boulots et le chômage, en alternance, 4 000 francs par mois (Fr. MASPÉRO, Les Passagers du Roissy-Express, 1990, p. 216):
• 1. Les populations du quart-monde (...) doivent affronter de plus en plus des situations qui relèvent de la survie: manque ou insuffisance de nourriture, exclusion de la protection sociale et donc de l'accès aux soins médicaux, difficulté pour se maintenir dans un logement pour lequel on n'arrive plus à assumer le loyer...
Le Monde, 1er oct. 1988, p. 2, col. 1.
— DÉMOGRAPHIE
♦ Table de survie. Table qui indique, pour chaque année d'âge, la proportion de vivants sur cent personnes nées la même année (d'apr. GDEL).
♦ Taux de survie. À partir des quotients de mortalité à chaque âge, on calcule les taux de survie ou nombre de survivants à chaque âge d'une génération de 1 000, ou 10 000, ou 100 000,... nés vivants (Ethnol. gén., 1968, p. 283 [Encyclop. de la Pléiade]).
d) BIOL. [À propos d'organismes vivants, d'organes, etc.] Maintien des fontions vitales au delà d'un terme où normalement se produit la mort. Des cellules peuvent vivre quelque temps en dehors de l'organisme lorsqu'elles sont placées dans un milieu convenable, sérum ou liquide physiologique. Le temps de survie atteint plusieurs semaines pour les globules rouges ou les spermatozoïdes de la grenouille (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 57).
♦ Survie végétative. Maintien temporaire des fonctions végétatives après la mort cérébrale. Un tel état [la mort cérébrale] peut néanmoins coexister, comme il est connu, avec une courte « survie végétative » éventuellement entretenue par « le maintien artificiel de la respiration et de la circulation » (Le Monde, 20 nov. 1985, p. 20, col. 2).
— P. anal. [À propos de substances organiques ou chim.] Maintien des propriétés actives. Les bouteilles où s'agite, chaque printemps, le vin réveillé, qui reprend sous verre sa survie opiniâtre (HAMP, Champagne, 1909, p. 158). C'est d'elles [les émulsions] en définitive autant que des soins à apporter à sa conservation, que dépend la survie du microfilm (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 798).
3. P. anal. ou au fig.
a) [Dans certaines croyances relig.] Fait de conserver une existence personnelle après la mort. Il me parle de son profond ennui, de son découragement de tout, de son aspiration à être mort, — et mort sans métempsycose, sans survie, sans résurrection, à être à tout jamais dépouillé de son moi (GONCOURT, Journal, 1872, p. 903):
• 2. La mort [dans le Haut Moyen Age] est reconnaissance par chacun d'un Destin où sa propre personnalité n'est pas anéantie, certes, mais endormie (...). [Ce repos] suppose une survie, mais amortie, affaiblie — la survie grise des ombres ou des larves du paganisme, celle des revenants du christianisme ancien et populaire.
Ph. ARIÈS, Essais sur l'hist. de la mort, 1985, p. 79.
♦ Survie (de l'âme). Existence indépendante de l'âme après la mort. Le Ciel, me disait-il, serait après tout la survie de nos facultés perfectionnées, et l'Enfer le néant où retombent les facultés imparfaites (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 92).
b) Maintien du souvenir ou de l'œuvre de quelqu'un après sa disparition dans la mémoire d'une communauté. Synon. survivance. Nous causons de la survie par le livre, ce qui a été notre préoccupation à mon frère et à moi toute notre vie. Daudet me dit que la survie pour lui est tout entière dans ses enfants (GONCOURT, Journal, 1887, p. 708). Je ne crois pas à une autre survie, que celle dans la mémoire des hommes (GIDE, Journal, 1943, p. 223).
B. — [À propos d'un inanimé]
1. Maintien d'une activité, d'un processus au delà d'un terme où il risque de s'interrompre. Assurer la survie d'une entreprise. Je voyais peu de monde, entretenais la survie pénible d'une ou deux liaisons fatiguées (CAMUS, Chute, 1956, p. 1528).
2. Fait qu'une institution, qu'une pratique sociale, etc. se maintienne après la disparition des circonstances qui l'ont produite. Synon. usuel survivance. L'instinct religieux survit à l'abandon de toute religion. La survie de cet instinct est visible chez nos instituteurs (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1910, p. 56). Si, comme je le crois, on peut établir les chances de durée d'une œuvre en tenant compte à la fois de sa véracité et de la puissance de suggestion poétique qu'elle renferme, À la Recherche du temps perdu est sans doute le seul ouvrage contemporain dont la survie ne saurait être mise en doute (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 153).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. XVIe s. sourvie « situation de celui qui survit » (Coust. gén., t. II, p. 479 ds LITTRÉ); 1544 survie (LE CARON, La Claire, 172b ds Z. rom. Philol. t. 29, p. 200); 1865 tables de survie (LITTRÉ-ROBIN). Dér. de vie; préf. sur-. Fréq. abs. littér.: 167.
survie [syʀvi] n. f.
ÉTYM. 1670; sourvie, 1604; de sur-, et vie.
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1 Dr. État d'une personne qui survit à (qqn). — (1688). || Gains de survie : avantages que les contractants stipulent dans un acte au profit du survivant. — (1876). || Présomption de survie, établie sur l'âge et le sexe lorsque plusieurs personnes appelées à une même succession périssent dans un accident sans qu'on puisse savoir l'ordre de leur décès (théorie des comourants ou comorientes).
2 Vie après la mort (dans les croyances religieuses). || Croire à la survie de l'homme. ⇒ Vie (vie éternelle, une autre vie). || Le souci de sa survie (→ Culte, cit. 8). — Par ext. || Survie d'un auteur (→ Entendre, cit. 82) dans la mémoire des hommes. ⇒ Immortalité. || C'est à la perfection (cit. 6) de sa forme que Baudelaire doit sa survie.
1 (…) nous causons de la survie par le livre, qui a été notre préoccupation à mon frère et à moi toute notre vie. Daudet me dit, que la survie pour lui est tout entière dans ses enfants et quant à la littérature, ç'a été tout simplement une expansion, une dépense d'activité se produisant dans un bouquin (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 25 sept. 1887, t. VII, p. 157.
2 (…) tous ceux aussi qui espèrent alternativement soit une survie incompréhensible (…) soit un néant rassurant (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 68.
3 Je ne crois pas à une autre survie, que celle dans la mémoire des hommes (…)
Gide, Journal, 10 avr. 1943.
3 Fait de survivre, de se maintenir en vie. || Processus physiologiques qui mènent à la plus longue survie de l'individu (→ Infléchir, cit. 4). || Chances de survie d'un malade, après 60 ans. || Équipement de survie.
♦ (1872). || Table de survie : tableau statistique établi d'après la table de mortalité et qui donne, dans un pays, le nombre de personnes en vie (survivants) à chaque âge.
4 Quelle survie puis-je espérer ? Dix secondes ? Vingt secondes ?
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XXI.
5 C'était uniquement à sa capacité adaptative que l'individu devait autrefois sa survie. Aujourd'hui, grâce à l'hygiène, au confort, à une bonne alimentation, à la douceur de l'existence, aux hôpitaux, aux médecins, aux nurses, la civilisation moderne a donné à beaucoup d'êtres humains de mauvaise qualité la possibilité de vivre.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, VI, VII.
6 La vie probable ou vie médiane est la vie que chaque individu a une chance sur deux d'atteindre. Sur la table de survie, c'est l'âge où le nombre des survivants est la moitié du nombre initial.
A. Sauvy, la Population, p. 35.
7 Les pratiques élémentaires constituent les programmes vitaux de l'individu, tout ce qui dans les gestes quotidiens intéresse sa survie comme élément social : habitus corporel, pratiques d'alimentation ou d'hygiène, gestes professionnels, comportement de relation avec les proches.
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. II, p. 28.
4 Fig. Fait de survivre (en parlant d'un sentiment, d'une institution, etc.).
8 Hors de mon métier enfin, je voyais peu de monde, entretenais la survie pénible d'une ou deux liaisons fatiguées.
Camus, la Chute, p. 124.
Encyclopédie Universelle. 2012.