STAGFLATION
STAGFLATI
Situation économique caractérisée par un ralentissement du rythme de croissance de la production et une augmentation du chômage, alors que la hausse des prix se poursuit ou s’accélère, la stagflation a touché à des degrés divers, dans les années 1970, aussi bien les États-Unis et le Japon que la plupart des pays européens. Elle a été particulièrement évidente en France où à partir de 1964 le marché du travail n’a cessé de se dégrader et les prix de monter. Cette situation a été assez mal ressentie dans la mesure où la croissance économique, assimilée au bien-être et au bonheur, s’est accompagnée en fait de chômage, de réduction du pouvoir d’achat, de maintien des disparités sociales, et cela d’autant plus que les pouvoirs publics sont demeurés relativement impuissants.
Longtemps considérée comme un phénomène purement conjoncturel de ralentissement momentané de l’activité économique, alors que la pression de la demande reste forte, la stagflation est beaucoup plus qu’une simple conjonction passagère et bénigne d’inflation et de chômage. Inconnue des schémas théoriques traditionnels, il est apparu au contraire qu’elle provenait de l’inadaptation même des politiques anti-inflationnistes classiques aux réalités économiques et sociales actuelles. La hausse des prix résiste à ces politiques qui provoquent en fin de compte un fléchissement de l’activité économique et de l’emploi.
Les auteurs d’inspiration néo-classique ou keynésienne ont toujours pensé qu’a priori l’inflation ne pouvait se développer durablement que dans les périodes de plein emploi des facteurs. Leur attitude diffère cependant selon la conception particulière qu’ils se font de l’inflation. Pour les uns, l’inflation vient d’une création excessive de monnaie au niveau national et international (crédit abondant et facile, déficit budgétaire, accumulation d’eurodollars provenant du déficit de la balance commerciale américaine, etc.). La pression de la demande qui en résulte se traduit par une hausse des prix, dans la mesure où, selon les circonstances, la production atteint le plein emploi de ses capacités. Pour d’autres, l’inflation vient d’un accroissement des coûts des entreprises, notamment des coûts salariaux. Si les travailleurs réussissent à imposer une augmentation de leurs revenus supérieure aux gains de productivité et si les entreprises ne peuvent comprimer leurs autres charges, cette revendication ne peut être satisfaite que par la hausse des prix. De plus, la spéculation sur les matières premières engendrée par la hausse rapide de la production industrielle a également accru le coût des approvisionnements des entreprises. Enfin, les chefs d’entreprise ont cherché à maintenir ou à accroître leur taux de profit pour autofinancer leurs investissements. La structure des coûts de production a donc agi dans le sens de l’inflation avant que n’intervienne la hausse des prix de l’énergie (chocs pétroliers). Dans l’un et l’autre cas, l’inflation précède la récession et en constitue l’une des causes, ce qui conduit certains auteurs à préférer au terme de stagflation celui d’infession (Robert Triffin).
En général conjuguées pour expliquer le processus de la spirale inflationniste, ces deux conceptions ont largement inspiré l’action des pouvoirs publics. Devant l’impossibilité de mettre en place une politique contractuelle des revenus, et notamment un contrôle des profits des entreprises, afin de peser sur les coûts de production, ils ont préféré agir sur les ressources monétaires des agents (suréquilibre budgétaire, accentuation de la fiscalité, crédit plus cher et plus rare, incitation à l’épargne, etc.). Mais leurs efforts ont d’abord eu pour effet de ralentir les investissements des entreprises, de ralentir leur production et de diminuer l’embauche, sans empêcher vraiment les prix de monter. Cette hausse n’est pas jugée malsaine si, dans un deuxième temps, sous l’effet du chômage, le fléchissement de la demande freine la hausse des prix. Il faut remarquer en outre que cette distinction habituelle des problèmes d’inflation et de chômage a conduit les gouvernements à des actions pragmatiques fort peu cohérentes, consistant alternativement à comprimer la demande pour limiter l’inflation puis à relancer cette même demande pour résorber le chômage.
stagflation [ stagflasjɔ̃ ] n. f. ♦ Anglic. Écon. Situation économique d'un pays caractérisée par la stagnation de l'activité, de la production, et par l'inflation des prix.
● stagflation nom féminin (de stagnation et inflation) Situation économique où le ralentissement de la croissance, parfois la récession, s'accompagne d'une hausse des prix et des salaires.
stagflation
n. f. ECON Situation économique d'un pays où coexistent la stagnation de l'activité économique et l'inflation.
⇒STAGFLATION, subst. fém.
ÉCON. Situation de conjoncture économique associant l'inflation des prix et la stagnation de l'activité économique. Cette politique de laisser-aller, destinée à relancer les affaires aux États-Unis, perturbe gravement l'économie mondiale. Elle étend à l'échelle internationale les ravages de la « stagflation » (stagnation dans l'inflation). Elle favorise le désordre des monnaies, encourage l'explosion salariale et provoque des courants anarchiques sur les places boursières et les marchés commerciaux (Le Nouvel Observateur, 29 mars 1971, p. 28, col. 2).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1970 (L'Express, 5 oct., p. 82, col. 2). Mot amér. issu de la troncation de stag(nation) et de (in)flation (v. REY-GAGNON Anglic.).
stagflation [stagflɑsjɔ̃] n. f.
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♦ Écon. Situation économique d'un pays caractérisée par la stagnation de l'activité, de la production, et par l'inflation des prix.
0 S'appuyant sur des « capacités de production inemployées », ils (les spécialistes de l'économie) sont surpris un jour de voir la hausse des prix coïncider avec le chômage et, pour cacher leur embarras, ne parviennent qu'à trouver le mot nouveau stagflation.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, 1973, p. 27.
Encyclopédie Universelle. 2012.