I.
⇒MATAGOT1, subst. masc.
MAR. Jumelle de bois renforçant l'antenne au portage contre le mât. (Ds BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, Lar. encyclop., QUILLET 1965, Lar. Lang. fr.).
Prononc.:[matago]. Étymol. et Hist. 1773 martegau, mattegau «jumelle de brasseyage» (BOURDE DE LA VILLEHUET, Manuel des marins, t.2, p.93); 1845 matagot ou matagau (BESCH.). De Martigues, nom d'un port français des Bouches-du-Rhône, qui fut un lieu de construction navale important (cf. DUHAMEL DU MONCEAU, Traité gén. des pêches, 1769-71, t.1, p.55 cité par FEW t.6, 1, p.383: Le Port de Martigues a toujours passé pour un de ceux de la Méditerranée où l'on en [une certaine sorte de bateau] fait le mieux la construction).
II.
⇒MATAGOT2, subst. masc.
Fam., rare. Homme excentrique, original, souvent grotesque. À l'heure qu'il est, les cagots, bigots, matagots et autres magots n'ont pas encore pardonné à Renan d'avoir tombé leur Être suprême (La Petite lune, 1878-79, n°43, p.2). T'as vu le nid du matagot, derrière la colle d'Espel, là où n'y a que des ginestes brûlées, que c'est lui qui les brûle dans son respir? (GIONO, Colline, 1929, p.110).
Prononc.: [matago]. Étymol. et Hist. 1. 1534, littéralement: guenon apprivoisée, désigne ici un moine hypocrite (RABELAIS, Gargantua, chapitre 52, éd. R. Calder, V.-L. Saulnier, M. A. Screech, p.289: Cy n'entrez pas, hypocrites, bigotz, Vieulx matagotz, marmiteux, boursouflez...; v. aussi Quart Livre, chapitre 61, éd. R. Marichal, p.245), att. une fois au XVIIe s. (v. GDF.), répertorié comme mot de RABELAIS ds COTGR. 1611 et ds Ac. Compl. 1842 avec la mention ,,vx lang.``; 2. 1866 (DELVAU, p.246: Matagot. Homme bizarre, original, amusant par son esprit ou par sa laideur de singe). 1 mot créé par Rabelais, peut-être de magot1«sorte de singe» et «homme laid» par rapprochement entre les gestes des moines prêcheurs et ceux des singes (v. SAIN. Lang. Rab. t.1, p.32 et t. 2, p.270); FEW t.6, 1, p.382b n'emporte pas la conviction en classant 2 sous l'étymon Martigues, le rapprochant du prov. martegau «homme naïf, qui s'étonne de tout» et de chausses à la martingualle attesté par Rabelais (v. martingale) mais cependant l'orig. de 1 comme le lien entre 1 et 2 ne sont pas assurés. Il est à noter également que dans certains parlers région. matagot peut désigner la mandragore «plante dont la racine fourchue peut ressembler vaguement à une poupée et qui, étant réputée posséder des pouvoirs magiques, servait de talisman» (v. FEW t.6, 1, p.158b et aussi ROLL. Flore t.8, p.122 à 128) et «un lutin, un esprit follet, un être imaginaire» (v. FEW t.6, 1, p.523b). Bbg. DUFFIEUX (J.). Topon. et préhist.: noms d'êtres fantastiques. R. intern. Onom. 1971, t.23, pp.28-29.
Encyclopédie Universelle. 2012.