ROUEN
ROUE
L’ancienne capitale des ducs de Normandie doit sa richesse et sa prospérité à sa position à l’embouchure de la Seine. Son port maritime et fluvial a été l’un des relais les plus importants pour le commerce entre la France et l’Angleterre. Les Normands en firent leur capitale lorsque, au traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), Charles le Simple eut cédé à Rollon la région qui prit alors leur nom. Les rapports du duché avec le roi de France n’en furent pas pour autant simplifiés, la ville étant attirée, pour des raisons commerciales, vers l’Angleterre. La vieille ville se trouve délimitée sur la rive droite du fleuve par les boulevards qui forment un tracé pratiquement circulaire. Le centre est marqué par les principaux monuments que conserve la ville.
Les travaux de reconstruction de la cathédrale gothique Notre-Dame ont débuté au lendemain de l’incendie qui, le 8 avril 1200, détruisit presque entièrement l’édifice roman. L’architecte Jean d’Andely commença par le chœur l’œuvre que poursuivit Enguerrand en 1214. Au XIVe siècle, la façade reconstruite vers 1170-1180 et qui avait échappé à l’incendie fut reprise par Jean Périer et par Jean de Bayeux. Vers 1400, Jenson Salvart dressa un nouveau portail. De 1468 à 1478, Guillaume Pontifs éleva un dernier étage à la tour Saint-Romain et en 1485 commença l’érection de la tour «de Beurre», terminée en 1506. De 1509 à 1514, le grand portail qui menaçait de tomber en ruine fut repris. Malgré la durée de ces travaux qui se sont succédé sans interruption pendant trois siècles, l’intérieur offre une grande homogénéité. Il relève du gothique normand avec ses arcs très aigus, sa modénature très complexe où les ombres et les lumières contrastent violemment, et ce goût si particulier pour les colonnettes qui masquent les piliers. La nef possède un deuxième niveau d’arcades qui ouvrent sur les bas-côtés, souvenir des tribunes prévues mais non exécutées. Une très riche sculpture datant du dernier tiers du XIIIe siècle, qui reflète l’art élaboré à Paris, rehausse les portails des bras du transept, celui de la Calende au sud et celui des Libraires au nord et les tympans du portail Saint-Jean et du portail Saint-Étienne, à la façade occidentale. La flèche, en pierre, qui datait du XVIe siècle, fut incendiée en 1822 et remplacée en 1825 par l’aiguille en fonte, œuvre de l’architecte Alavoine. L’église Saint-Maclou appartient pleinement au gothique flamboyant, encore qu’elle ait été terminée dans les premières années du XVIe siècle. C’est à la fin de ce siècle que fut édifié l’aître Saint-Maclou, cimetière entouré de bâtiments à pans de bois qui ont été récemment restaurés. L’église Saint-Ouen est un des édifices les plus remarquables du XIVe siècle, mais la façade actuelle date du milieu du XIXe siècle. Une tour est placée au-dessus de la croisée du transept.
L’architecture civile n’est pas moins représentée à Rouen: on citera en particulier l’hôtel de Bourgtheroulde de la fin du XVe siècle, terminé à la fin du premier tiers du XVIe siècle, qui constitue un des premiers témoignages du style Renaissance. Le Gros-Horloge est un édifice de la première Renaissance (1527) qui enjambe la rue et conserve un mouvement d’horlogerie qui date de la fin du XIVe siècle. Il est flanqué d’un beffroi de la même époque. Le palais de justice, édifié au début du XVIe siècle en style gothique, a été très endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Rouen, chef-lieu de la région de Haute-Normandie, est un centre de négoce et d’industries. La première fonction est née de sa position: étape entre Paris et la Manche, située dans un large méandre de la Seine, dernier port de mer, pendant longtemps dernier pont sur la route des Flandres vers la Bretagne et le Sud-Ouest et lieu de transbordement entre la navigation fluviale et la navigation maritime. Elle s’est maintenue par l’œuvre des hommes qui ont dragué la Seine que remontent les bateaux de 35 000 tonnes, ont développé les relations ferroviaires, routières et énergétiques le long de l’axe séquanien. Le trafic du port (23,6 Mt en 1993 dont 7,6 en hydrocarbures) est caractérisé par un accroissement des exportations (14,7 Mt). Rouen est le cinquième port français, et le premier port français et européen pour l’exportation des céréales. Ce commerce alimente l’activité industrielle de la ville et de la basse Seine. L’industrie est, en effet, très ancienne: la ville, au Moyen Âge, travaillait la laine, le lin, le chanvre, puis, au XVIIIe siècle, le coton. Les rivières qui la limitaient (Robec, Cailly) s’animaient de filatures, tissages, teintureries. Au XIXe siècle, la concentration dans la ville fait naître sur la rive gauche le quartier de Saint-Sever. Des crises successives ont fait reculer le textile. Rouen est aussi centre de pétrochimie, de chimie, de papeterie, de métallurgie et de constructions navales et automobiles; les industries alimentaires, la confection dérivent de la tradition du milieu; les industries de précision, de petite mécanique, électrique, électronique résultent de la décentralisation. Rouen est, enfin, la capitale tertiaire, la ville intellectuelle: la bourgeoisie de robe, de professions libérales y côtoie la bourgeoisie d’affaires et les cadres. Dans l’agglomération rouennaise, l’industrie et le bâtiment occupent 12 p. 100 de la population active; le secteur tertiaire, 87,5 p. 100. La diversité des fonctions entraîne l’extension urbaine: l’agglomération comptait 380 300 habitants en 1990; la ville seule 102 700. Le site initial, une terrasse entre la Seine et la falaise ébréchée, est le cœur traditionnel de la ville; celle-ci s’est étendue sur la rive gauche, en tache d’huile, le long du fleuve; elle remonte les vallées affluentes, occupe le rebord du plateau. La restructuration de cet espace comporte l’urbanisation sous forme de grands ensembles à la périphérie, la rénovation du vieux centre rive droite, son extension rive gauche (quartier Saint-Sever) et la promotion d’un pôle directeur au Madrillet (sud).
Rouen
v. de France, ch.-l. du dép. de la Seine-Mar. et de la Région Haute-Normandie, import. port fluvial sur la Seine (avant-port de Paris); 105 470 hab. (aggl. urb. 380 200 hab.). Centre industriel.
— Archevêché. Université. Cathédrale Notre-Dame (XIIe-XVIe s.), nombr. églises du XIIe s. au XVIe s. Palais de justice (déb. XVIe s.). Musée des Beaux-Arts.
— En 841, les Normands mirent à sac Rouen qui, en 911, devint la ville princ. du duché de Normandie. En 1204, les rois de France l'annexèrent et la dotèrent d'un port militaire. Les Anglais la prirent (1419-1449) et y brûlèrent Jeanne d'Arc (1431). Catholique, la ville résista à Henri IV, qui la soumit en 1594.
Encyclopédie Universelle. 2012.