ACTANT
ACTA
Si l’on récuse comme entachée de mentalisme l’opposition entre sujet (ou thème) et prédicat, véritable fourre-tout auquel on peut notamment reprocher d’aplanir les reliefs de la structure, on est conduit à remanier la description des rapports formels qui lient les différents éléments d’une phrase. Par exemple, on ne peut manquer d’être frappé par le fait que figurent, dans le prédicat, des groupes qui, une fois la structure transformée, deviendront sujets, sans qu’il y ait un changement notable de l’information. On introduit alors la notion d’actant, «être ou chose qui, à un titre quelconque, et de quelque façon que ce soit, même au titre de simples figurants et de la façon la plus passive, participent au procès» (Tesnière). Ainsi, dans l’énoncé: «L’enfant donne un baiser à sa mère», dont il est vrai qu’une bi-participation en thème/prédicat n’est pas très éclairante, on pourra compter trois actants représentés par les noms de la phrase. On voit bien que l’intérêt de cette description est d’amorcer la notion de subordination des différents syntagmes rattachés au verbe. Spécialement, des groupes considérés par la tradition comme des expansions indirectes deviennent, dans cette perspective, des seconds actants du procès ou contre-sujets du verbe passif, comme le prouveraient les paraphrases: «Un baiser est donné à la mère par l’enfant» ou «La mère reçoit un baiser de l’enfant». Le terme actant s’inscrit alors dans l’opposition actant/circonstant, ce dernier terme étant réservé aux éléments stables de la phrase, les adverbes et équivalents.
Malheureusement la notion d’actant introduite par Tesnière pour lutter contre une «sémantisation» de la grammaire n’évite pas l’écueil intuitionniste et, malgré ses prétentions formelles, il ne s’avère pas qu’elle soit d’une grande efficacité dans une théorie purement syntaxique: au contraire, elle présuppose un savoir empirique de la paraphrase, ce que les modèles ultérieurs de la linguistique ne retiendront jamais comme procédure de découverte.
Importée de la syntaxe, la notion d’actant a été transférée au domaine de l’analyse des récits, par Propp et Greimas. Le premier arrive à un inventaire définitif et clos des «classes d’acteurs» dans le conte russe à partir du corpus de tous les contes. Le second se préoccupe surtout d’établir, à partir de schémas oppositifs structuraux, les lois de transformation qui président à la dynamique interne des séquences enchaînées dans le récit, et qu’il appelle fonctions.
● actant nom masculin (de action) Agent effectif de l'action exprimée par le verbe (par exemple le sujet du verbe actif, le complément d'agent du verbe passif). Substantif qui, à un titre quelconque, participe au procès exprimé par le verbe. Dans l'analyse structurale du récit, terme qui définit un personnage en fonction de la place qu'il tient dans la combinatoire de la narration.
actant
n. m. LING
d1./d Agent.
d2./d LITTER Protagoniste de l'action, dans l'analyse structurale du récit.
⇒ACTANT, subst. masc.
GRAMM., néol. Chez certains grammairiens, celui qui fait ou subit (ou ce qui fait ou subit) l'action (sujet, complément d'objet direct, complément d'objet indirect) :
• Les actants sont les êtres ou les choses qui, à un titre quelconque et de quelque façon que ce soit, même au titre de simples figurants et de la façon la plus passive, participent au procès.
Ainsi, dans la phrase fr. Alfred donne le livre à Charles (...) Charles, et même le livre, bien que n'agissant pas par eux-mêmes, n'en sont pas moins des actants au même titre qu'Alfred (...).
Les actants sont toujours des substantifs ou des équivalents de substantifs. Inversement les substantifs assument en principe toujours dans la phrase la fonction d'actants.
(...) les actants (...) sont des subordonnés immédiats du verbe.
(...) [Prime actant] Du point de vue sémantique, le prime actant est celui qui fait l'action. À ce titre, le prime actant est connu dans la grammaire traditionnelle sous le nom de sujet (...).
[Second actant] (...) celui qui supporte l'action. [Il] était connu (...) sous le nom de complément direct (...).
[Tiers actant] (...) celui au bénéfice ou au détriment duquel se fait l'action. [Il] était connu sous le nom de complément indirect...
TESN. 1959, p. 102, 103, 108, 109.
Rem. Une prop. sub. introd. par que et jouant le rôle d'actant est dans cette terminol. une subordonnée actancielle :je souhaite son retour, je souhaite qu'il revienne.
Étymol. ET HIST. — 1959 gramm., sup.
Dér. du rad. de action; suff. -ant.
actant [aktɑ̃] n. m.
ÉTYM. Après 1950; du rad. de action.
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♦ Didactique.
1 Ling. Agent de l'action, représenté par un substantif, qu'il soit ou non sujet grammatical. || Dans la phrase « La lumière attire les papillons », « la lumière » et « les papillons » désignent des actants.
1 Les actants sont les êtres ou les choses, qui, à un titre quelconque et de quelque façon que ce soit (…) participent au procès.
Tesnière, Syntaxe structurale, p. 102 (1959).
2 Dans une structure narrative, Élément récurrent, nommable (lexicalisable), qui correspond à l'une des fonctions du récit (sujet, objet, adjuvant, opposant…). || L'actant peut être un individu, un groupe, et même une abstraction, un objet.
2 Après avoir défini le conte populaire comme un étalement, sur la ligne temporelle, de ses 31 fonctions, Propp se pose la question des actants, ou des dramatis personæ, comme il les appelle. Sa conception des actants est fonctionnelle : les personnages se définissent (…) par les « sphères d'action » auxquelles ils participent, ces sphères étant constituées par les faisceaux de fonctions qui leur sont attribués.
A. J. Greimas, Sémantique structurale, p. 174 (1966).
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DÉR. Actanciel.
Encyclopédie Universelle. 2012.