RAGUSE
RAGUSE
Ville fortifiée de Yougoslavie, sur la côte dalmate. Construite au VIe siècle par une colonie de réfugiés venus d’Épidaure, Raguse fut détruite au début du VIIe siècle par les Avars, puis soumise à la domination de Byzance. Au début du IXe siècle, elle repousse les assauts des Sarrazins, se soumet à la juridiction de Venise au début du XIe, lorsque Pietro Orseolo II étend la domination de la République sur l’Adriatique, tout en demeurant sous la souveraineté de Byzance, dont elle prend le parti dans la lutte pour l’investiture: Raguse envoie alors une flotte à Robert Guiscard, en échange de privilèges dans les ports des Pouilles. Soumise de nouveau à Byzance au XIIe siècle, elle se donne à Venise en 1205. Elle élabore sa constitution, développe son trafic maritime et connaît une grande prospérité économique jusqu’en 1358. Elle passe alors à la Hongrie, mais, en 1410, refuse au roi Sigismond toute assistance dans sa lutte contre Venise, préservant ainsi entre les deux adversaires une indépendance définie comme libera fidelitas et fidelis libertas . La cité s’attache à défendre ses privilèges et franchises, notamment le droit d’asile: elle accueille ainsi en 1464 Sigismond Malatesta, en conflit avec Pie II, et, en 1512, Piero Soderini, dernier gonfalonier de Florence. En 1526, à la mort du dernier roi de Hongrie, Raguse se place sous la protection du sultan et peut ainsi intensifier ses relations commerciales avec l’Orient en même temps que son activité maritime en Méditerranée et dans l’Atlantique. Raguse connaît une situation florissante, tandis que se développe une vie culturelle et artistique intense. Celle-ci, peu à peu, éclipse même les préoccupations politiques et économiques. Les premiers signes de décadence apparaissent à la fin du XVIIIe siècle. En 1806, Napoléon en fait une petite république indépendante sous protectorat français, puis, en 1808, l’attache au royaume d’Italie: Marmont devient duc de Raguse. De nouveau indépendante en 1813, Raguse est incorporée à l’Autriche en 1814, puis à la Yougoslavie en 1919: elle prend alors le nom de Dubrovnik.
L’architecture de ses monuments reflète, dans l’ensemble, les liens qui l’unirent à Venise et à l’Italie, plus spécialement aux XVe et XVIe siècles. De la période antérieure subsistent pourtant le beau cloître des dominicains et celui de Saint-François dont l’église, flanquée d’un campanile du XIVe siècle, possède un joli portail dans le style gothique fleuri. Le monument le plus important de la cité, le palais des Recteurs, commencé en 1438, a été transformé en 1464 par le Florentin Michelozzo. C’est le pape Pie II qui, vers la même époque, fait construire le fort Rivellino. En 1520, le Vénitien Bartolomeo da Mestre dessine et construit les élégants portails de San Salvatore. Le Bergamasque Ferramolino élève en 1538 la tour Menze. Un siècle plus tard, les défenses de la ville sont complétées par le fort San Lorenzo. En 1667, un tremblement de terre détruit une partie des monuments dont la reconstruction introduit à Raguse le baroque italien: Andrea Ruffalini, d’Urbin, donne les plans de la nouvelle cathédrale, achevée par Andreotti (1671-1713), et le père Pozzo participe à la construction de Saint-Ignace; le Vénitien Marino Grapelli élève San Biaggio en 1715. Les peintres italiens n’ont pas moins contribué à donner sa physionomie artistique à Raguse: on peut voir des peintures de Pordenone à la cathédrale et à San Domenico, près de celles du Dalmate Nicola Ragusino, des œuvres du Florentin Vasari, du Napolitain Girolamo Impannato et du plus grand peintre de Venise, Titien.
Raguse
V. Dubrovnik.
Encyclopédie Universelle. 2012.