Irak ou Iraq
(république démocratique et populaire d') état du Moyen-Orient, entre la Syrie, la Turquie, l'Iran et l'Arabie Saoudite; 435 000 km2; env. 17 millions d'hab.; croissance démographique: 3,7 % par an; cap. Bagdad. Nature de l'état: rép. présidentielle. Langue off.: arabe. Monnaie: dinar irakien. Pop.: Arabes (70 % env.), Kurdes (20 % env.), Turkmènes, Assyriens, Iraniens, égyptiens. Relig.: islam (90 %; chiite, pour plus de la moitié, et sunnite, surtout dans les villes); nombreuses églises orientales, notam. rites assyrien et chaldéen (10 %). Géogr. phys. et hum. - La plaine de Mésopotamie, ouverte au S. sur le golfe Persique, est encadrée à l'E. et au N. par les massifs du Zagros et du Taurus, et à l'O. par le plateau syrien. C'est le lit alluvial de l'Euphrate et du Tigre (aux crues parfois désastreuses), qui confluent au S. de Bagdad, pour former le Chatt al-Arab et ses immenses marécages. Le climat, torride en été, froid en hiver, produit une végétation steppique; les forêts n'apparaissent que sur les montagnes du N. La population, citadine à 75 %, se concentre dans le couloir mésopotamien et au N., où vit la minorité kurde. écon. - L'Irak est l'un des pays du Moyen-Orient les mieux pourvus en ressources naturelles: terres arables, ressources en eau, 10 % des réserves mondiales de pétrole. Jusqu'à la fin des années 1970, le développement écon., favorisé par la rente pétrolière, l'aide de l'U.R.S.S. et l'ouverture sur l'Occident, ont fait apparaître l'Irak comme un modèle de croissance dans le monde arabe. Mais les cultures des vallées orientales, blé, orge, coton, tabac, oléagineux, dattes (1er producteur mondial), et les ovins des régions sèches de l'Ouest n'assuraient pas l'autosuffisance: le pays devait importer pour plus de 2 milliards de dollars de produits alimentaires par an dans les années 1980. Le régime a développé les transports, les services publics, l'équipement énergétique, l'industrialisation et l'armement. La guerre contre l'Iran (1980-1988) a coûté 150 milliards de dollars; la reconstruction (dans le S., surtout), 60 milliards. Dès 1985, l'Irak a retrouvé ses capacités de production pétrolière de 1980 mais le cours du brut avait baissé et l'endettement atteignait 80 milliards de dollars en 1990. Financièrement exsangue, touché par un blocus écon. sévère, il a envahi le Koweït le 2 août 1990. Pendant la guerre du Golfe (janv.-mars 1991), les bombardements ont détruit le potentiel énergétique et industriel du pays ainsi que ponts, routes, aéroports, adductions d'eau; l'embargo de l'ONU a ensuite créé une situation dramatique (pénurie alimentaire et de médicaments) malgré sa levée partielle en 1996. Hist. - Berceau des plus anc. civilisations du Moyen-Orient, la Mésopotamie prit le nom d'Irak lors de la conquête arabe (637). Le règne des Abbassides, fondateurs de Bagdad, marqua l'âge d'or de la civilisation arabo-islamique (VIIIe-X<sup>e</sup> s.) que suivit un long déclin; à la fin du XIVe s., Tamerlan porta le coup de grâce au pays. En 1534, l'Irak devint une prov. de l'Empire ottoman, que lui disputèrent les Perses séfévides au XVIIe s. puis, dès le XIXe s., les puissances occidentales; à partir de 1903, les Allemands construisirent le chemin de fer de Bagdad. La guerre de 1914-1918 mit fin à l'Empire ottoman, allié de l'Allemagne. L'Irak, placé sous mandat brit. (1920), devint une monarchie constitutionnelle (1921) et accéda à l'indépendance (1932). Sous Faysal Ier (1921-1933), le premier roi hachémite, et sous Ghazi Ier (1933-1939), les Kurdes se soulevèrent plus. fois; la G.-B. s'empara du pétrole mais restaura le réseau d'irrigation abandonné depuis cinq siècles. Sous la régence d'Abd al-Ilah, oncle de Faysal II (1939-1958), le coup d'état de Rachid Ali, favorable à l'Axe, fut écrasé par les Britanniques. à partir de 1945, l'Irak s'engagea dans une politique pro-occidentale: Noury Saïd signa le pacte de Bagdad (1955) et s'allia à la Jordanie (Fédération arabe, 1958), face à l'union de l'égypte et de la Syrie. Cette politique suscita la révolution du 14 juil. 1958, menée par les militaires; le roi et son entourage furent assassinés; le général Kassem proclama la république. Il chercha l'alliance sov. et, très vite, réprima les partisans de Nasser, les autonomistes kurdes (menés par Bârzânî), puis les communistes. Kassem fut renversé et exécuté par le Baas (fév. 1963), qui porta au pouvoir le colonel Abd as-Salam Arif, partisan de Nasser. Arif puis (1966) son frère Abd al-Rahman se rapprochèrent de l'égypte et de la Syrie, créèrent un parti unique, l'Union socialiste arabe, et amnistièrent les Kurdes condamnés (1966). Un nouveau coup d'état du Baas (juil. 1968) porta au pouvoir le général Hassan al-Bakr, qui fit des réformes économiques, intensifia les relations avec l'U.R.S.S. (traité d'amitié de 1972) et accorda aux Kurdes (1972) une autonomie jugée insuffisante. Ceux-ci continuèrent la guérilla jusqu' en 1975; à cette date, ils perdirent l'aide du chah d'Iran, qui bénéficiait d'un nouveau partage du Chatt al-Arab. En 1979, Saddam Hussein remplaça al-Bakr. Craignant l'influence de la révolution iranienne sur les chiites irakiens, il attaqua l'Iran (sept. 1980) avec un armement fourni par l'Occident (Europe surtout) et par l'U.R.S.S. En juil. 1988, les deux pays signèrent un cessez-le-feu sous l'égide de l'ONU: la guerre avait fait un million de morts et 2 millions de blessés. Le régime baasiste, renforcé par cette quasi-victoire, massacra et déporta les Kurdes (dont une grande partie se réfugia en Turquie). En août 1990, convoitant ses richesses, l'Irak envahi le Koweït, ignorant les mises en garde internationales jusqu'à l'expiration du dernier ultimatum, le 15 janv. 1991. La deuxième guerre du Golfe ravagea l'Irak jusqu'au 3 mars. S. Hussein garda un potentiel suffisant pour mater une rébellion chiite au Sud et une rébellion des Kurdes au Nord. Il dut ouvrir son pays aux experts de l'ONU chargés de contrôler le désarmement (notam. nucléaire). L'embargo décidé par l'ONU dès 1990 a gravement affecté la pop. civile irakienne, sans déstabiliser S. Hussein. Les Kurdes ont profité de l'affaiblissement du contrôle de Bagdad pour organiser des élections régionales en mai 1992. à partir de 1993, de nombr. états ont demandé que l'embargo soit levé, pour des raisons humanitaires, et l'Irak a renoncé officiellement à ses prétentions sur le Koweït (nov. 1994), mais le veto des È.-U. est demeuré inflexible. En oct. 1995, S. Hussein a été réélu par 99,95 % des voix. En mai 1996, l'embargo de l'ONU a été partiellement levé, mais les souffrances du peuple irakien n'ont pas cessé. En 1997-1998, les désaccords avec l'ONU ont une nouvelle fois porté sur le contrôle, par l'ONU, de l'armement chimique de l'Irak. Les È.-U. étaient désireux d'intervenir militairement, mais la France, la Chine et la Russie ont préconisé la voie diplomatique. La visite à Bagdad du secrétaire général de l'ONU, K. Annan, a abouti à un accord en mars 1998.
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Iraq
V. Irak.
Encyclopédie Universelle. 2012.