PSYCHODRAME
La représentation dramatique ne procure pas seulement une émotion esthétique. Elle mobilise souvenirs, sentiments et imagination. Aristote a, le premier, étudié ses effets psychologiques en soulignant la valeur cathartique de l’action théâtrale: le thème joué suscite chez le spectateur des émotions dont il peut ainsi se dégager. L’usage pédagogique du théâtre date de l’âge classique. Quant à son application thérapeutique, on se plaît à la faire remonter au début du XIXe siècle, à l’époque où le directeur de la maison de Charenton fit jouer par des malades mentaux des petites pièces composées par l’un de ses pensionnaires, le marquis de Sade. Mais c’est à Moreno que l’on doit le terme de psychodrame et l’exploitation systématique de l’improvisation dramatique à des fins psychologiques, d’investigation, de traitement ou de formation.
Le théâtre de la spontanéité
Jacob Levy Moreno est né à Vienne en 1892. Tout en poursuivant des études de médecine, il s’intéresse au théâtre et aux recherches qui en renouvellent alors l’expression. Ses préoccupations rejoignent celles de Reinhardt, de Gémier, de Piscator et de Pirandello. En 1921, il crée le «théâtre impromptu» (Stegreiftheater ), forme de théâtre en rond où les participants amateurs sont invités à improviser sur scène à partir des nouvelles du jour et de faits divers. L’expérience se poursuit durant trois ans avec un succès modéré, mais elle donne à Moreno l’occasion de découvrir que le jeu dramatique peut aider certains participants à prendre conscience de difficultés psychologiques personnelles et à s’en dégager. En 1925, Moreno émigre aux États-Unis et se fixe bientôt à Beacon, sur l’Hudson. Il y développera le psychodrame, montrant son utilité thérapeutique et, plus largement, son intérêt pour la résolution des conflits humains et l’amélioration des rapports sociaux.
L’inspiration dominante de la méthode est que l’homme, dans le cours naturel de son existence, est prisonnier des rôles qu’il s’est donnés sous la pression de l’entourage. Les jouer sur une scène fictive aide à en prendre conscience et à s’en libérer. En improviser d’autres, se laisser aller dans la représentation dramatique à l’«imagination radicale», c’est redécouvrir la spontanéité et la création originelles, celles de Dieu, mais aussi de l’enfant jeune, auxquelles l’individu, en fait, renonce peu à peu. Le théâtre de la spontanéité est donc libérateur pour tous, mais surtout pour ceux qui sont aliénés dans certains rôles, sources de malentendus et de conflits, ou dans des attitudes pathologiques. Moreno en vient à considérer que c’est dans la vie réelle que l’on doit redécouvrir la spontanéité créatrice. En recréant ses propres rôles sur les lieux mêmes où se vivent les conflits, on retrouve, à l’égard de sa propre vie, le point de vue du Créateur. Le théâtre de la spontanéité débouche ainsi sur le «théâtre permanent», qui, tournant le dos à tout histrionisme, rend au sujet sa liberté première.
À partir de ces intuitions fondamentales, la psychologie de Moreno fait un large usage de la théorie des rôles: les conduites humaines, normales ou déviantes, peuvent être interprétées comme des rôles, induits par les interactions entre le sujet et son entourage. Une telle perspective permettra d’étudier le développement de l’enfant, la formation du caractère, les conflits individuels et sociaux, certains aspects de la pathologie mentale. La thérapeutique psychodramatique s’appliquera donc aussi bien à des troubles du caractère qu’à un conflit conjugal ou à une situation de tension dans un groupe.
La technique du psychodrame a pour objectif principal d’assurer au jeu dramatique le maximum de spontanéité. Au cours d’une phase préparatoire, on cherche à détecter les conflits et les rôles pathogènes, à échauffer le groupe (warming up ) en vue de l’improvisation. Le rôle du psychodramatiste consiste à favoriser cette mise en train, à intervenir, le cas échéant, en cours d’improvisation pour aider les protagonistes et leur faire découvrir certaines implications du jeu, à dégager enfin, après coup, les enseignements que l’on peut tirer de la scène. Le psychodrame est une activité de groupe. La participation de tous est nécessaire, que l’on partage le problème mis à l’étude ou que l’on coopère seulement à son élucidation; et c’est sur l’ensemble du groupe que le psychodramatiste agit, l’utilisant et le mobilisant.
Le lieu où se déroule le psychodrame varie selon les circonstances: théâtre construit à cet effet comme à Beacon, salle avec ou sans estrade, local professionnel ou hospitalier. De très nombreuses modalités techniques ont été mises au point par Moreno et ses élèves (renversement des rôles, jeu sans leader, soliloque, jeu en miroir par un psychodramatiste qui reproduit les attitudes d’un participant, etc.), qui toutes ont pour but de faciliter l’expression spontanée, de mettre le groupe ou l’un des participants dans une situation révélatrice, de rendre sensible au groupe certains aspects du jeu.
Psychodrame et psychanalyse
Au départ, dans l’esprit de Moreno, le psychodrame s’opposait en tout point à la psychanalyse, dont il contestait aussi bien la méthode que la théorie. À la recherche du passé il opposait la création libre de l’avenir, à l’introspection la réalisation par l’action, au fantasme intérieur le rôle joué. Par un curieux retour des choses, l’introduction du psychodrame en France, après la guerre, est due principalement à des psychanalystes, et son développement actuel leur doit beaucoup. Pour eux, il n’existe aucune incompatibilité entre psychodrame et psychanalyse tant qu’on ne suit pas Moreno dans ses constructions théoriques. Le psychodrame est un mode d’expression susceptible de s’insérer dans une relation psychanalytique; et le contenu des thèmes ainsi que les particularités du jeu peuvent être interprétés au même titre qu’un rêve, une attitude ou des propos tenus en cours de séance dans la situation psychanalytique classique. Cette assimilation a d’ailleurs été ratifiée par Moreno qui voit dans le psychodrame analytique une variante technique parmi d’autres.
La méthode qu’utilisent les psychanalystes diffère sensiblement du psychodrame tel que le conçoit Moreno. Au lieu d’induire activement la spontanéité ou de compter sur les effets cathartiques, on laisse le patient ou le groupe choisir un thème et le jouer à sa guise. Le rôle du psychanalyste est d’interpréter, en termes de désir, de conflits et de défenses, les significations inconscientes du thème et du jeu. Ces interprétations pourront être communiquées verbalement ou à travers le jeu du psychanalyste. À la suggestion fait place l’interprétation, à l’échauffement le transfert et la régression, à l’imagination créatrice l’analyse des fantasmes sous-jacents au jeu.
On observe toutefois des différences notables parmi les psychanalystes psychodramatistes. Les uns voient dans le psychodrame un simple moyen d’expression n’ajoutant rien au processus classique de la situation analytique (transfert, résistances, régression) et n’ayant en soi aucune valeur thérapeutique. Les autres, au contraire, reconnaissent les effets spécifiques de l’improvisation dramatique, qui s’ajoutent alors aux processus analytiques habituels. (D’ailleurs, il ne s’agit pas là d’une attitude thérapeutique éclectique mais d’une tentative d’interpréter psychanalytiquement les effets psychodramatiques et de les intégrer dans une conduite thérapeutique cohérente.) En fait, ces divergences ne tiennent pas tant à des partis pris théoriques qu’à des différences de technique et d’indication thérapeutique.
Les applications thérapeutiques
Le psychodrame occupe désormais une place importante parmi les méthodes de psychothérapie. On l’utilise chez les adultes, mais plus largement chez les enfants et les adolescents. Il semble en effet que, indépendamment de la nature des troubles, une certaine étape du développement, entre treize et seize ans, constitue une indication particulière du psychodrame: l’adolescent s’exprime volontiers par le jeu dramatique, tandis que, plus jeune, le sujet recourt par prédilection au jeu et au dessin et que, plus tard, il peut par la parole exprimer avec suffisamment de nuances et de confiance ce qu’il ressent ou imagine. À cet âge intermédiaire, jeu et dessin ayant perdu leur intérêt et la communication par la parole demeurant difficile et pauvre ou se perdant en rationalisations très éloignées de ce qui est éprouvé réellement, le psychodrame est en général bien accepté.
Indépendamment de l’âge, cette technique s’applique à des organisations psychopathologiques diverses. À de grands malades dont la personnalité est atteinte en profondeur et qui sont gravement coupés du monde extérieur, notamment par de longues hospitalisations, le psychodrame, faisant suite à la théâtrothérapie de jadis, offre des possibilités nouvelles d’expression. Il leur permet de sortir de leur isolement et facilite leur insertion dans le groupe, laquelle retrouve ainsi sa portée thérapeutique. Les techniques les plus diverses, moréniennes ou psychanalytiques, sont alors utilisées.
Des organisations pathologiques sévères (psychoses, états névrotiques graves) mais compatibles avec la vie dans le milieu habituel peuvent également tirer bénéfice du psychodrame, qu’on utilise volontiers alors sous la forme du psychodrame psychanalytique individuel. Le traitement s’applique en général à un seul patient. Il est assuré par un psychothérapeute principal et plusieurs psychothérapeutes auxiliaires. Celui-là dirige les séances mais ne joue pas; la relation qu’il établit avec le malade est donc comparable à celle qui s’observe dans la psychanalyse. Les thérapeutes auxiliaires assurent seulement la réalisation dramatique impliquée dans le récit du patient. Leur fonction est donc instrumentale et tout à fait distincte de celle du psychothérapeute principal. C’est lui qui dialogue avec le patient, invite ce dernier à «dramatiser» une situation réelle ou imaginaire qui vient d’être évoquée et, à l’occasion, indique comment les auxiliaires psychodramatistes doivent jouer pour permettre une interprétation des fantasmes et des conflits sous-jacents. Dans un tel cadre thérapeutique, il n’est pas étonnant que les effets de groupe s’atténuent au profit des effets de transfert et que l’interprétation de ceux-ci fasse de cette cure une variante psychodramatique de la cure psychanalytique. Cette méthode coûteuse – elle mobilise plusieurs thérapeutes pour un seul malade – est indiquée dans certains cas où la psychanalyse classique serait peu efficace ou mal supportée.
Dans des cas plus légers, et notamment chez l’enfant (troubles névrotiques, conflits familiaux, crises de développement, troubles du caractère), on utilise volontiers une autre forme de psychodrame psychanalytique, à savoir une thérapeutique, soit de groupe soit individuelle, dans laquelle intervient habituellement un couple de thérapeutes, homme et femme. Comme souvent lorsqu’on a affaire à l’enfant, il s’agit alors d’une psychothérapie d’inspiration psychanalytique plutôt que d’une psychanalyse. Les effets de transfert et la régression ne s’y observent pas avec autant de netteté que dans celle-ci. On tend, par contre, à combiner les effets de la relation psychanalytique avec ceux de l’improvisation dramatique. L’enfant utilise fréquemment des moyens de défense très efficaces contre les conflits internes et les sentiments pénibles; et le pouvoir cathartique de l’improvisation dramatique l’oblige à prendre conscience d’émotions et de réalités qu’il fuyait. Engagé dans des relations et fixé à des attitudes dont le caractère défensif et inauthentique lui échappe, il peut en les jouant s’approcher de certaines positions affectives qui sont essentielles à son développement et ainsi réaliser progressivement certains mythes fondamentaux de son existence personnelle. À travers le thème recréé dans le jeu, chaque enfant redécouvre sa propre histoire, promue à la hauteur d’un mythe. Dans les différents rôles que comporte la situation, il en pénètre le sens symbolique. En jouant alternativement ces rôles, il apprend à «conjuger» le thème et se dégage de la position particulière dont il se croyait le maître alors qu’il n’en était que l’acteur. La prise de conscience de la différence entre le rôle joué et le rôle réel est également un élément thérapeutique important. Enfin, la nécessité où se trouve l’enfant d’improviser la scène avec d’autres l’oblige à se rendre compte de la relativité des attitudes et de la dépendance dans laquelle chacun est placé par rapport aux attitudes d’autrui. Ainsi, les effets spécifiques du drame s’ajoutent à d’autres effets plus aisément interprétables en fonction de la relation psychanalytique et concourent à faire de cette forme de psychodrane un instrument thérapeutique très utile.
Le psychodrame s’applique enfin – celui de type morénien en particulier – à de nombreuses situations de conflit qui ne s’accompagnent d’aucune organisation pathologique nette: conflits familiaux, scolaires, conjugaux ou sociaux.
La technique psychodramatique la plus proche des enseignements de Moreno s’applique donc plutôt aux formes pathologiques les plus graves et aux difficultés psychologiques les plus banales, tandis que les techniques d’inspiration psychanalytique conviennent davantage aux formes pathologiques moyennes.
Les applications thérapeutiques du psychodrame s’avèrent ainsi très étendues, avec des modalités techniques qui varient beaucoup selon les cas. Mais il est difficile d’établir des comparaisons entre celles-ci, car en général les psychodramatistes choisissent de préférence telle ou telle technique et ne prennent en charge que les patients accessibles à la méthode adoptée.
Psychodrame et formation professionnelle
Le psychodrame trouve son autre application majeure au sein des techniques de formation. Moreno a jadis conseillé d’y recourir dans la préparation à des tâches professionnelles déterminées: ainsi pourrait-on, selon lui, apprendre une langue en jouant des scènes où l’on s’identifie à un étranger parlant cette langue ou se préparer à un métier en le mimant. C’est là sans doute une vue un peu simple des problèmes. Les enfants, d’ailleurs, n’ont pas attendu le psychodrame pour jouer des scènes où ils projettent leurs ambitions et les réalisent de manière imaginaire; mais on ne sait pas si de telles anticipations préparent réellement à l’action. Il paraît plus intéressant, par contre, d’aider le sujet à prendre conscience des représentations imaginaires qu’il associe à sa future occupation. Non en vue de l’exercer (l’exercice ludique est-il jamais un exercice véritable?), mais au contraire pour se dégager de ces implications imaginaires et pour comprendre des attitudes qu’il sera enclin à développer dans les rapports sociaux auxquels l’exposera son métier. Ainsi s’explique l’intérêt d’explorer par un jeu de rôle la perception d’une situation professionnelle, l’expression de jeu de rôle équivalant ici à celle de psychodrame, sans la résonance psychothérapeutique et psychiatrique de cette dernière.
L’usage du psychodrame en ce domaine peut répondre à des fins encore moins spécifiques. Dans de nombreux métiers, indépendamment des particularités de la tâche, se posent des problèmes de rapports interpersonnels: animer une réunion, coordonner l’activité d’un groupe, établir des relations individuelles suivies, toutes tâches qui requièrent une meilleure connaissance des relations de groupe, des interactions entre les individus et de ses propres attitudes. D’autre part, certaines activités, qui reposent sur un type de relation précis (action pastorale, lien pédagogique, relation clinique du médecin ou du psychologue), incitent à développer des techniques de formation, qui utilisent principalement l’expérience de groupe (groupes de diagnostic), le but de celle-ci étant de faire découvrir à l’individu la nature des liens et des tensions qui se développent dans un groupe et la qualité de ses propres réactions. Le psychodrame est un instrument, sinon nécessaire, du moins utile dans ce type d’activités.
La pratique du psychodrame
Le psychodrame s’est développé inégalement selon les pays. Assez largement pratiqué en France, il est utilisé à des fins thérapeutiques dans de nombreux hôpitaux, centres de soins, consultations médico-pédagogiques. Les psychothérapeutes, médecins ou psychologues, se forment en participant à des groupes animés par des spécialistes déjà expérimentés. Les échanges scientifiques sont nombreux et les psychodramatistes de toutes tendances se retrouvent au sein de la Société française de psychothérapie de groupe. Il existe, en outre, une dizaine d’associations privées dans lesquelles les praticiens se réunissent en fonction de leurs techniques. Certaines prennent en charge des patients, mais la plupart répondent surtout à des tâches de formation: sensibilisation à la relation individuelle et à la dynamique des groupes, ou formation des psychodramatistes eux-mêmes. Sous l’impulsion de Moreno, des congrès internationaux rassemblent périodiquement les praticiens du psychodrame. La formation du psychodramatiste (psychanalyste ou non) repose avant tout sur l’expérience thérapeutique personnelle, une telle tâche requérant, outre des connaissances techniques et l’habitude de la pratique, une personnalité équilibrée et sensible, ainsi qu’une compréhension approfondie de ses propres réactions dans la situation psychodramatique.
Le psychodrame, qui doit beaucoup à Moreno, aurait été, sans l’influence de la psychanalyse et de certains courants psycho-sociologiques, identifié complètement au caractère, à la philosophie et au messianisme de son fondateur. Il convient en fait de dissocier chez ce dernier les théories et les aspirations idéologiques de l’objet scientifique qu’il a contribué à dégager. Si les premières appellent des réserves – on peut dénoncer de telles prétentions à résoudre la plupart des conflits humains, individuels et sociaux, par le seul biais de l’improvisation dramatique –, l’intérêt que présente celle-ci pour le psychologue n’en demeure pas moins irrécusable.
Actuellement, le psychodrame inspire tout un courant de recherches qui tend à replacer l’esthétique théâtrale dans les cadres sociaux et psychologiques de la réalisation dramatique et de la participation du spectateur. Mais, en raison des applications pratiques de cette méthode, ce sont surtout les psychologues cliniciens, les psychothérapeutes, les pédagogues et les psychosociologues qui ont exploré ses effets. Les psychanalystes, comme on l’a vu, ont joué un grand rôle à cet égard. Ils ont montré que cette technique d’expression obéit à un double courant de déterminations, les unes, spécifiques, tenant au mécanisme de la représentation agie, les autres aux processus inconscients qui sous-tendent cette représentation. Le psychodrame trouve des applications fructueuses dans le cas où ni la parole ni le jeu ne peuvent répondre au besoin de communication; il libère l’expression des sentiments et des fantasmes dans des situations où l’échange par le langage obéit à des contraintes et à des habitudes sociales stérilisantes. Dans la situation de groupe, en particulier, il institue un élément libérateur. Mais il reste à s’interroger sur l’avenir de cette technique: ouvre-t-elle un champ nouveau à la communication, dont l’exploration demeurera pour longtemps un terrain d’investigation fertile, ou n’aura-t-elle en fin de compte été qu’une mode, un moyen temporaire de déjouer les ruses et les malentendus de la communication, un instrument dont l’usage à la longue aura atténué la portée?
psychodrame [ psikɔdram ] n. m.
1 ♦ Didact. Psychothérapie de groupe consistant à faire participer les sujets à des représentations où ils jouent des rôles comportant des situations conflictuelles proches de leurs conflits. ⇒ sociodrame. « nous nous livrâmes à de sommaires psychodrames, chaque fois que nous avions à affronter des situations désagréables » (Beauvoir).
2 ♦ Cour. Ambiance, situation qui rappellent ces représentations. Querelle de famille qui dégénère en psychodrame.
● psychodrame nom masculin Représentation théâtrale, sous la direction d'un thérapeute, d'une scène vécue ou imaginaire, destinée à extérioriser les ressorts d'un conflit que le sujet réactualise dans sa relation avec les autres acteurs de la scène. Familier. Situation dramatiquement tendue, révélatrice d'un conflit.
psychodrame
n. m. PSYCHO Scène théâtrale improvisée à but thérapeutique, à travers laquelle peuvent s'exprimer les conflits propres à chacun des participants.
— Méthode de psychothérapie de groupe qui emploie un tel jeu théâtral.
|| Fig. Conflit spectaculaire au sein d'un groupe.
⇒PSYCHODRAME, subst. masc.
A.— MÉD. Psychothérapie de groupe consistant en l'improvisation de scènes dramatiques où les patients jouent des rôles proches de leur expérience. Si on utilise le psychodrame pour leur rendre sensibles [aux enfants] leurs erreurs, il faut qu'il soit simplifié, plus « gros » que pour des adultes (H. BAZIN, Fin asiles, 1959, p. 123). Dans le psychodrame, on oblige le sujet (...) à revivre certains fragments de son passé (...) en jouant soit son propre rôle soit celui des personnages avec lesquels il a eu des conflits affectifs (Jeux et sports, 1967, p. 819). V. catharsis ex. de Divin. 1964.
B.— P. anal. Jeu conflictuel qui ressemble à cette thérapie. Ils rêvent d'une société planétaire des égaux, à la Gracchus Babeuf. Pour l'obtenir, il va suffire d'organiser le grand psychodrame de la mauvaise conscience occidentale (Paris-Match, 18 déc. 1971, p. 18 ds REY-GAGNON Anglic. 1980).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1950 (CHOISY, Psychanal., p. 209). Comp. de l'élém. formant psycho- et de drame pour traduire l'angl. psychodrama (1937 J. L. MORENO ds NED Suppl.2).
DÉR. Psychodramatique, adj. Qui relève du psychodrame. a) Méd. Méthode, technique psychodramatique. Le jeu psychodramatique (...), représentation verbalisée et agie d'un souvenir pénible, d'un fantasme, d'une relation difficile, d'un événement traumatisant (THINÈS-LEMP. 1975, s.v. psychodrame). b) P. ext. Dans l'ambiance psychodramatique de Bruxelles les Neuf parviennent à des compromis plus ou moins boiteux, le plus souvent au petit matin, après des nuits blanches (Le Monde, 23 févr. 1974 ds GILB. 1980). — [] — 1re attest. 1951 (G. PALMADE, La psychothérapie, p. 102 ds ROB. Suppl. 1970); dér. sav. de psychodrame (v. dramatique) qui traduit l'angl. psychodramatic (1937, J. L. MORENO, loc. cit.).
psychodrame [psikɔdʀam] n. m.
ÉTYM. 1951; empr. angl. psychodrama, mot créé par Moreno; de psycho-, et drame.
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♦ Didact. Psychothérapie de groupe consistant à faire participer les sujets à des représentations où ils jouent des rôles comportant des situations conflictuelles proches de leurs conflits. ⇒ Sociodrame.
1 Le malade, dans le psychodrame, doit être acteur. Il est obligé d'agir, de sortir de sa maladie au lieu d'y assister. Il vit et il extériorise ses pensées en passant successivement par les diverses étapes du développement de la spontanéité (…)
Le psychodrame a été utilisé pour le traitement des enfants, des troubles du caractère, des névroses, voire aussi dans des cas de psychose.
Guy Palmade, la Psychothérapie, p. 102-103.
2 (…) nous nous livrâmes à de sommaires psychodrames, chaque fois que nous avions à affronter des situations désagréables ou difficiles : nous les transposions, nous les poussions à l'extrême, ou nous les ridiculisions; nous les explorions en long et en large et cela nous aidait beaucoup à les dominer.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 23.
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DÉR. Psychodramatique.
Encyclopédie Universelle. 2012.