PLANNING FAMILIAL
PLANNING FAMILIAL
C’est au Danemark que fut ouvert, en 1878, le premier dispensaire où des sages-femmes enseignaient l’usage des contraceptifs. Dans ce même pays, un institut national fut créé dès 1905. Margaret Sangers fonda à New York, en 1915, la National Birth Control League, ce qui lui valut d’être poursuivie et emprisonnée. La première clinique anglaise fut créée en 1921. De semblables initiatives virent ensuite le jour aux Pays-Bas et en Suède.
En France, la loi du 31 juillet 1920, promulguée dans un état de crise démographique, interdisait la vente et la publicité des produits anticonceptionnels. Les articles de la loi de 1920 furent codifiés par le décret du 11 mai 1955 et repris par le Code de la santé publique aux articles L. 648 et L. 649, stipulant que «sera puni d’un mois à six mois de prison et d’une amende de 360 à 18 000 francs quiconque, dans un but de propagande anticonceptionnelle aura [...] décrit ou divulgué, ou offert de révéler des procédés propres à prévenir la grossesse, ou encore facilité l’usage de ces procédés» et que «les mêmes peines seront applicables à quiconque [...] se sera livré à une propagande anticonceptionnelle ou contre la natalité».
Malgré cette loi restrictive, le docteur Jean Dalsace avait ouvert, en 1935, la première consultation de contraception dans un dispensaire de Suresnes. En 1956, le docteur Lagroua Weil-Hallé fonda, aidée par Évelyne Sullerot, une association en faveur de la planification de la famille, association qui fut déclarée sous le nom de Maternité heureuse et qui devint, en 1958, le Mouvement français pour le planning familial (M.F.P.F.). Ses objectifs étaient les suivants: étude des problèmes de la maternité, de la natalité, de leurs répercussions familiales, sociales et nationales; recherche des informations scientifiques françaises et étrangères relatives à ces problèmes; étude de tous les problèmes pouvant améliorer les conditions de la maternité et de la naissance; poursuite d’une action d’information et d’éducation générale et sanitaire suivant l’objet défini ci-dessus; formation des cadres d’éducation — éducation populaire et permanente —, de conseil familial, d’éducation sexuelle et d’animation des centres d’accueil.
Le M.F.P.F. adhéra rapidement à la Fédération internationale pour le planning familial (I.P.P.F.), dont le siège est à Londres et qui est membre consultatif de différentes institutions spécialisées de l’O.N.U.
En juin 1961, un premier centre d’information de planning familial fut ouvert à Grenoble, un autre à Paris en octobre de la même année. Peu à peu, dans toute la France, de nombreux autres centres se créent et accueillent tous ceux qui désirent se renseigner sur les méthodes d’«espacement des naissances». Le M.F.P.F. atteint 100 000 adhérents, dispose de près de 300 centres et permanences et contribue à l’enseignement des méthodes contraceptives à 3 000 médecins, le contrôle des naissances ne faisant pas partie, jusqu’à une période récente, du programme des études médicales. Parallèlement, le M.F.P.F. assure la formation du personnel d’accueil de ses centres, des conseillers familiaux et conjugaux, des animateurs d’information sexuelle, ainsi que des travailleurs sociaux ou paramédicaux confrontés aux problèmes du contrôle des naissances. Reconnu en 1970 mouvement d’éducation populaire, le M.F.P.F. vit sa demande de reconnaissance d’utilité publique rejetée par le gouvernement, en octobre 1972.
Le 29 décembre 1967, une loi votée au Parlement lève la plupart des restrictions contenues dans celle de 1920. Mais il faudra attendre 1972 pour connaître les décrets d’application de cette loi, décrets qui auraient dû légalement paraître dans les six mois suivant le vote.
Durant cette période, le M.F.P.F. poursuivit son action au milieu de difficultés croissantes: difficultés financières tout d’abord, touchant les subventions des Caisses nationales d’allocations familiales et d’assurance maladie, et difficultés internes, apparues au congrès annuel de 1973 où le mouvement décida de s’engager à fond dans la lutte pour l’autorisation de l’avortement et supprima le collège des médecins. Pour la première fois, une militante de base, non médecin, Simone Iff, devient présidente du M.F.P.F. Certains centres d’orthogénie étant en effet autorisés à pratiquer des avortements, des médecins, assistants et conseillers qui mènent par ailleurs une action en faveur de la libéralisation de l’avortement (libéralisation qui intervient en France avec le vote de la loi du 17 janvier 1975) estiment que le M.F.P.F., en adoptant cette nouvelle orientation, sort des perspectives qu’il s’était assignées, et en viennent à quitter le mouvement.
D’abord votée pour cinq ans, la loi sur l’avortement a été reconduite définitivement en 1979, mais avec des restrictions supplémentaires. Le M.F.P.F. s’engage alors dans une bataille qui dure encore pour lever les obstacles au droit à l’avortement: «...toute femme, quels que soient son âge, sa position, son origine, doit trouver les moyens d’interrompre sa grossesse quand elle l’a décidé.» Le Mouvement demande, entre autres, le remboursement de l’avortement par la Sécurité sociale, qui sera voté en 1983. La même année, le M.F.P.F. se déclare Mouvement féministe en lutte contre «l’oppression spécifique des femmes, contre toutes formes de discriminations et de violences, notamment sexuelles, dont elles sont l’objet» (art. 1er des statuts) et s’engage très activement, auprès d’autres associations, dans la prévention des violences faites aux femmes et aux enfants: constitution de partie civile auprès des victimes d’inceste, de viol, de mutilations sexuelles; formation à l’accueil auprès des personnels de police et de gendarmerie; stages de sensibilisation aux questions de sexualité pour les éducateurs, les assistances sociales, etc.
À partir de 1990, des actions de «commandos» se multiplient contre l’exercice du droit à l’avortement; une loi est alors votée en 1992, qui sera sans cesse remise en cause, réprimant le «délit d’entrave à l’I.V.G.». Les menaces qui pèsent sur les établissements d’information et les centres de planification familiale obligent le M.F.P.F. à réaffirmer que «l’information, notamment en direction des populations défavorisées et des jeunes, est essentielle pour une politique de santé et d’éducation à la responsabilité». Dans cet esprit, depuis une quinzaine d’années, le M.F.P.F. met son expérience au service de pays désireux de se doter de structures en matière de régulation des naissances, en organisation des missions (sous l’égide de l’I.P.P.F., de l’O.M.S. ou de diverses O.N.G.) en Afrique, en Asie du Sud-Est ou dans les pays de l’ancien bloc de l’Est.
● Planning familial ensemble des méthodes tendant à assurer la planification des naissances ; organisme d'information et d'éducation tendant à en réaliser la diffusion.
Encyclopédie Universelle. 2012.